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CHAUDRON, SAC et NID. Termes du jargon militaire russe, illustrés d’exemples sur le terrain. Cinquième partie. (& sujets divers)

22 juin 2022

En observant la toponymie de l’Ukraine, on peut constater que, comme partout, certains noms de lieux se répètent plusieurs fois, sous des formes uniques ou ressemblantes. Il en est ainsi d’un nom comme la trop fameuse Maïdan.

Ce qui est normal, vu son sens.

Майдан (substantif féminin) est un mot qui désigne d’une manière générale un espace, un lieu public découvert, une grande place incluant souvent les bâtiments l’entourant. Autrement dit la grand-place d’une ville ou d’un village.

Mais aussi, en des sens plus particuliers : une place de marché, une cour de récréation, un site d’atterrissage, un endroit pour lancer des missiles, un pré forestier (clairière?), un emplacement sans autre précision, un carré (espace en forme de quadrilatère) ou encore en architecture, une ancienne tombe creusée par le haut (sic). 1

La simple place publique est appelée площа (plochtcha), mot qui désigne également une étendue, une aire, une surface, voire une région.

La Maïdan la plus connue d’Ukraine est bien évidemment la Place de l’Indépendance (sic!) au centre de Kyiv. Mais elle n’est pas la seule. Il existe par exemple un village du centre de l‘Ukraine qui est connu dans le domaine de l’archéologie néolithique : Maïdanets’ke (Майдане́цьке) un village de 2.000 habitants située sur une colline surplombant une rivière.

Il existe également une Maïdan dans le Donbass (un peu à l’Ouest de Slaviansk et Kramatorsk) . Je ne préjuge en rien du sens exact de cette Maïdan, mais il apparaît que cette région du Donbass est particulièrement boisée. Alors, peut-être que le sens à donner ici à ce toponyme est : clairière, ou « éclaircie », espace libre entourée de végétation.

« Maïdan » est un mot qui existe également en russe où il a des sens identiques ou similaires. Un sens ancien est celui de : champ de bataille, une aire de duel. Autrement, ce mot peut désigner une terre cultivée ou couverte de verdure. Dans un sens plus particulier, il désigne un terrain couvert de végétation jaunie, et même l’époque automnale en elle-même. Mais aussi une terre nue, un terrain rocheux. Ou encore un lieu de rencontre, ou un jardin public, ou encore un jardin mais pas un verger (jardin d’agrément, d’ornementation). Ou une place de marché, un champ de foire. Et plus bizarrement une fosse à goudron ! Goudron de conifères ? Goudron de houille ? Je l’ignore. (cf Dictionnaire Akademic)

Pour le sens exact de cette Maïdan… le champ demeure donc ouvert.

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Autres petites notes de toponymie.

La route la plus au Nord-Ouest qui joint Barvinkove à Slaviansk et Kramatorsk (dont je ne sais si elle a été finalement coupée par les forces russes, j’ai un peu de retard en ce moment dans l’information) passe par les localités de Nikopol, Maïdan et Tcherkas’ke.

Barvinkove (en ukrainien : Барвінкове) ou Barvenkovo (en russe : Барвенково) est une citée de 8.000 habitants environ où l’on fabrique des machines et conditionne des produits alimentaires. Deux étymologies s’opposent concernant le nom de la cité.

Soit, ce nom évoque l’ataman de Zaporijjia Barvenko. Ce qui situerait la fondation de cette cité à 1653 au plus tard, nous disent les dictionnaires russes. Je n’ai pas d’autre information sur ce personnage. Un ataman (en russe : атаман, ataman ; en ukrainien : отаман, otaman) était un chef politique et militaire chez les Cosaques. Cette dénomination se retrouve également chez les haïdamaky : des bandes armées formées de Cosaques et de paysans qui s’en prenaient, au cours du XVIIIe siècle en particulier, aux nobles polonais qui dominaient l’Ukraine orientale et, dit-on, également aux Juifs.

Soit, ce nom est dérivé du mot « barvinok » qui désigne la pervenche en ukrainien (барвінок) comme en russe (барвинок). « Barvinok » semble avoir la même étymologie que le nom habituel de la pervenche dans les langues latines. Ce qui semble un peu étonnant, car on s’attendrait plutôt, à défaut d’un mot slave, à un mot dérivant du grec, vu le poids du grec dans les langues slaves suite à la conversion des Slaves à la branche orientale, hellène de la chrétienté. 2

Vincapervinca ou pervinca en latin, serait une formule magique rappelant les qualités de cette plante herbacée : soit médicales, soit physiques à se répandre sur le sol ; d’après le verbe vincere, vaincre ou vincire, lier, attacher. Qu’elle soit vinca minor ou vinca maior, petite ou grande pervenche, il s’agit d’une plante vivace des bois, sous-bois, haies, rochers, rocailles ombragées, très envahissante.

Mais rien n’empêche qu’il y ait pu avoir une collision (ou une collusion) entre ces deux origines possibles.

Nikopol : la cité (cf. polis en grec) de Niko (Niko, Nikos sont des diminutifs de Nikola), est un toponyme courant en slave. Ici, il s’agit d’une petite cité. Une plus grande, homonyme, se trouve dans l’oblast de Dnipropetrovsk, dans une zone minière.

Tcherkas’ke (Черкас’ке) Tcherkasskoe en russe, est un toponyme qui se trouve dans l’oblast de Donetsk et dans l’oblast de Dnipopetrovsk également. Dans l’oblast de Donetsk 3, c’est une cité de 3.000 habitants. Ce nom pourrait rappeler qu’elles furent des possessions du prince Tcherkassy (XVIIIe). Comme il y en a d’autres de ce type en Russie.

Sloviansk en ukrainien (Слов’янськ) ou Slaviansk en russe (Славянск) est arrosée par la rivière Kazenny Torest, affluent de la rive droite du (si l’on pense fleuve) / de la (si l’on pense rivière) Donets ou Severski Donets (en ukrainien : Сіверський Донець, en russe : Северский Донец) qui a donné son nom à la ville de Severodonetsk. 4 Sloviansk est une ville de plus de 105.000 habitants. Elle est née de l’exploitation du sel (le sel de mine, bien évidemment) peut après 1676 quand fut construit en ce lieu une forteresse de défense de l’empire du nom de Tor. Elle sera renommée Sloviansk en 1784, « la ville du sel » (Solevansk en ukrainien normé, littéraire). Ville du sel qu’elle continue d’être de nos jours encore d’une manière importante. Elle fut connut dès la fin du XIXe siècle pour ses établissements de santé proposant des bains de boue. De nos jours c’est une ville qui a également des industries chimiques et autres encore. Notons qu’elle est également sur une ligne ferroviaire.

Il en va de même de Kramatorsk, en ukrainien : Краматорськ, Kramatorsʹk , en russe : Краматорск, Kramatorsk) également située sur le Kazenny Torest, ville qui est née de la gare qui y a été construite en 1868. Cette cité s’est développée avec des activités liées à la métallurgie, des ateliers de mécanique, des forges, des hauts-fourneaux à fonte, à acier, de l’équipement pour les chemins de fer, des entreprises de réparation de locomotives et wagons de chemin de fer, etc.

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NOTES :

1 – МАЙДА́Н, tel qu’il est écrit dans le Dictionnaire de la langue ukrainienne — Dictionnaire d’interprétation académique (1970-1980). L’accent sur le А́ indique je pense l’accentuation du mot. Soit MAÏDAN (avec « ï », le y, le yod) en graphie latine. Cf. également le dictionnaire ukrainien-français Glosbe. Tous les deux sur le site de référence Lexilogos de Xavier Nègre.

2 – Le nom grec ancien de la pervenche (vinca herbacea) est « ἡ κλημᾰτίς, ίδος », la clématis, la clématite ; qui est le diminutif de κλῆμα, tout morceau de bois flexible, sarment, cep, branche de vigne ; jeune pousse, bouture ; et nom de diverses plantes ; au pluriel : broussailles, fagots.

3 – Donetsk est une ville de plus de 900.000 habitants (plus de 1.600.000 habitants, agglomération comprise) qui est née et s’est développée grâce à l’exploitation de mines de charbon et d’industries y affairant. Au XVIIe siècle, sa région était tenue par des villages de Cosaques (ceux du Don et les Cosaques zaporogues). Ses premières mines de charbon ont été exploitées à compter de 1820. Puis les mines de charbon ont été exploité d’une manière industrielle à compter de 1869, quand un gallois a reçu la concession de mines de charbon à proximité de la cité naissance qui était jusqu’alors le village d’Aleksandrovka. Ce Gallois se nommait Hughes, on rebaptisa la cité Iouzovka, la ville d’Hugues. Puis diverses usines s’installèrent en ce lieu, dont une usine métallurgique et une fonderie de fonte. Au début du XXe, dans les années de la Première guerre mondiale, apparurent des usines de transformation du coke et une usine de transformation de l’azote. En 1924, la ville fut a nouveau débaptisée pour se nommer Stalino. Probablement en l’honneur de Staline mais aussi en rapport avec ses activités industrielles, puisque « stal » en russe est le nom de l’acier. En 1961, suite à la déstalinisation des noms de villes, elle est devenu Donetsk, un nom neutre et lié à la nature, puisqu’elle a le nom du fleuve qui baigne une partie du bassin du Donbass (quasi pléonasme puisque Donbass signifie : bassin du Don) : le / la Donets, affluent droit du Don. Les principales villes ukrainiennes, liées à la guerre présente, qui sont baignées par le Donets sont Izioum, Lyssytchansk, Sievierodonetsk et Roubijné.

4 – Dans un précédent article, j’ai écrit que « le nom de la ville de Severodonetsk a peut être un rapport avec sa localisation : au Nord (север/северу, sévér, sévérou, en russe) » ; mais contrairement à ce que j’ai ajouté, cela n’a peut-être rien à voir avec le fait que la ville se trouve sur la rive gauche du Donets, donc au Nord du fleuve. Puisque le nom complet du Donets est Severski Donets. Où l’on retrouve la racine « sever », Nord.

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État du front ces jours derniers

Dans le Donbass :

On est ici dans la zone frontière entre l’oblast de Lougansk /Louhansk au Nord-Est et l’oblast de Donetsk au Sud-Ouest (les lignes de séparation entre les oblasti sont en pointillé rouge sur la carte). Les cités de Met’olkine et Voronove sont les dernières qui ont été prises. Au Nord-Ouest de Lyman, les Russes progressent de chaque côté d’une tête de pont ukrainienne correspondant à un méandre du Donets, qui risque de se retrouver isolée. Juste au Nord de ce méandre se trouve le secteur de Sviatogorsk que j’ai déjà évoqué dans les articles des 3, 11 et 16 courant.

Après Roubijnié prise, cela a entraîné un repli des Ukrainiens vers Severodonetsk. Severodonetsk étant en voie d’être entièrement prise, l’armée de libération devra s’attaquer à un très gros morceau : on ne sait pas combien il y a de soldats à Lissitchansk. 10.000, 15.000 ? Il se pourrait que des renforts arrivent. Ou plus exactement : arrivent encore. Armée régulière, bataillons bandéristes du moins de ce qu’il en reste, mercenaires et légionnaires ukrainiens.

Et c’est même ce qui semble attendu (voir par ailleurs les articles de E. Castel), mais parmi ces réserves, ces nouveaux venus pourraient se trouver des jeunes recrues inexpérimentées et chair à canon toute désignée.

De plus cette dernière ville est située sur un plateau qui plonge sur la cité de Severodonetsk. L’artillerie ukrainienne aura tout loisir de se déchaîner sur tous ceux qui essayeront de franchir la Donetsk, ce qui ne peut se faire maintenant que par des pontons puisque les trois ponts de la ville sont devenus hors d’usage.

La prise de Lissitchank pourrait prendre alors des semaines. Et c’est là que la percée au niveau de Popasna a une importance considérable pour la suite des opérations, pour la progression des troupes alliées et plus encore l’encerclement de Lissitchank qui avec son lot d’usines, de grosses usines, refera sans doute encore le coup d’Azovstal et d’Azot.

De l’importance également de la prise de Zoloté/Zolotoé/Zolotoyé qui est en train de se faire en ce moment, comme dit dans un article précédent, et qui permettra aux forces russes et alliées de prendre contrôle d’une centrale hydro-électrique sur le barrage d’une retenue d’eau qui se trouve sur ce secteur ; et qui permettra plus encore d’accentuer la coupure de la route de ravitaillement principal vers Lissitchansk, coupure entamée depuis plusieurs jours déjà. La route de Bakhmout à Lissitchansk.

Ce qui imposerait à terme que les Ukrainiens assurent le ravitaillement en armes, munitions, hommes, produits alimentaires par la route de Bakhmout à Sivers’k. Ou par le Nord à partir de Slaviansk. Mais ile ne semble pas assuré qu’il y ait des routes directes et importantes pour cela, ni de lignes de chemin de fer adéquates ou encore utilisables.

Les deux autres gros morceaux, ce qui est dit depuis le début de cette guerre ou presque étant Slaviansk et Kramatorsk. Mais ils seront sans doute abordés après la prise de Lissitchansk. Des endroits comme Bakhmout et alentours, Sivers’k, peut-être aussi Mikolaïvka dont on parle moins, où les effectifs ukrainiens sont (probablement ou de ce qu’on a pu en savoir les semaines passées) beaucoup moins importants, ne sont sans doute pas prioritaires.

Dans la région de Kherson :

Les Russes s’installent progressivement dans le no man’s land séparant les premières lignes russe et ukrainienne au Nord de Kherson, comme du côté de Snihurivka et au Nord-Est de cet endroit. Autre élément à noter : la pointe de terre (zone cerclée, pointillé noir sur la carte) n’est plus occupée par l’armée ukrainienne, si bien que maintenant ce cap se trouve à une dizaine de kilomètres, donc à portée d’artillerie, de la cité sous contrôle ukrainien de Ochakiv. À noter sur la carte, les limans (lido, lidi en italien), ces longues bandes de sable caractéristiques d’une partie des côtes ukrainiennes, et plus ou moins parallèles à ces côtes (sur ce sujet voir les articles du 13 avril, 9 mai, 28 mai).

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Entre chaudron, quasi chaudron, petit chaudron, sac ou nid, il n’est pas toujours évident de s’y retrouver.

S’il est convenu d’appeler « chaudron » tout un secteur terrestre ou une armée, ou une portion d’armée, a suffisamment de place pour se déplacer et manœuvrer, mais avec l’impossibilité d’en sortir sans être obligée de forcer le passage, sans issue de secours ou de corridor de fuite hors de l’artillerie adverse ;

Alors on appellera « quasi chaudron » une même zone qui n’est plus ravitaillée en armes, munitions, renforts et produits alimentaires et autres encore, que très difficilement, par peu de voies terrestres (routes, chemin de fer) aquatiques (fleuves, mer) ou aériennes, ou par des chemins compliqués et sous le feu ennemi.

Si tout se poursuit dans la même logique de progression russe, se pourrait être la situation dans quelques semaines à Lissitchansk qui a pour l’instant un côté fermé, le long de la Donetsk. Et dont on dit, depuis un certain nombre de jours déjà, que sa principale voie d’approvisionnement depuis Soledar / Bakhmout / Artemosk (ou Artemivsk ou Artiomovsk selon les graphies) est coupée ou en voie d’être coupée au niveau de quelques villages situés juste au Nord-Est de Bakhmout. Resterait alors la voie au Nord depuis l’ensemble Kramatorsk/Slaviansk par Siversk/Seversk.

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Église à l’intérieur des mines de sel de Soledar.

Soledar (dont l’un des quartiers se nomme Sol) est une ville de 11.000 habitants qui produit du sel depuis les années 80 du XIXe siècle. Il existe en ces lieux jusqu’à une profondeur de trois cents mètres une très vaste réserve de sel, des mines actives, mais aussi diverses galeries qui peuvent atteindre trente mètres de hauteur, aménagées et décorées, y compris un terrain de sport, pour des visites ou pour servir de salles de soins (entre 14° et 16°) dans le traitement des bronches ou de la peau en particulier. On y pratique également de la spéléologie. « Soledar » signifie : don du sel, ou don de sel (« don » dans le sens : offre, offrande, cadeau, présent). « Sel » se dit « sol’ » (соль) en russe, « sil’ » (сіль) en ukrainien, avec des « l » « normaux » non vélarisés. « Don » (cadeau) se dit « dar » (дар), aussi bien en russe qu’en ukrainien.

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J’ai dans des articles précédents classé la zone de Kramatorsk/Slaviansk dans celle des chaudrons, et celle de Siversk/Seversk dans celle d’un sac ou d’un nid, reprenant ce que d’autres me suggéraient : mais il serait plus juste d’en faire des sortes de forteresses qui sont potentiellement des chaudrons ou mini-chaudrons, car ils réunissent des contingents plus ou moins importants de soldats ukrainiens qui occupent des terrains très équipés défensivement et qui ne chercheront pas à se répandre, mais à résister, comme s’ils avaient déjà perdu la bataille.

Ou plus exactement qui s’attendaient à pouvoir conquérir plus ou moins facilement des forces républicaines faibles en armements et effectifs, mais certainement pas l’armée russe. Ces zones auraient servi de lieu de présence permanente et de retranchement impossible à franchir. Ce qui ne sera pas le cas maintenant vu la puissance de feu de l’artillerie russe et, au moment final, la présence de commandos d’hommes formés à la guérilla de rue, comme les Tchétchènes.

À propos de puissance de feu lorsque l’on voit par exemple, la zone de déploiement très limitée de Sivers’k et son isolement entre les deux gros morceaux Slaviansk / Kramatorsk d’un côté et Severodonetsk / Lissitchansk de l’autre (la fin de l’armée ukrainienne à Severodonetsk se précise un peu plus chaque jour), on peut s’attendre à ce qu’elle finisse en sac, petite zone totalement bloquée, pour ne pas dire en nid, ou pour employer une autre expression en « sac à feu » (« kill zone » en anglais), on pourrait dire encore « nid brûlant », « nid d’enfer », zone de destruction intensive, qui sera inlassablement soumise à un feu d’artillerie dantesque et devra se rendre au final par manque de tout. À la condition que les bunkers (s’il en existe ou existe encore) soient suffisamment résistants.

Couper en deux chaudrons Ouest (Slaviansk/Kramatorsk) et Est (Lissitchansk et ce qui reste de Severodonetsk) se fera très probablement au Nord à partir de la cité de Sivers’k et est en train de s’accomplir, comme déjà dit, au Sud depuis la trouée initiée à partir de Popasnaïa.

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Comme autres exemples de sacs ou de nids on peut reprendre comment s’est présentée la fin de la bataille de Marioupol.

On voit sur la carte ci-dessus la présence de deux sacs et d’un nid. Au centre un chaudron * qui lui-même s’est scindée en trois avec :

— au Nord, une concentration de militaires ukrainiens dans les usines Ilyich et Azovmash. Certains ont essayé de s’en échapper, mais se fut un échec (tués ou prisonniers), les Russes purent également récupérer des éléments étrangers dont un ex haut officier canadien.

— au Sud la fameuse usine Azovstal qui a fini comme vaste nid (nid à rats) avec sortie des civils et reddition de nombreux soldats ukrainiens, dont un bon nombre de bandéristes, ainsi que d’éléments étrangers « officiels » (instructeurs) et « officieux » (mercenaires divers).

— au Sud, autour du port (à gauche), une zone isolée, un nid urbain qui n’a pas tenue très longtemps car sans base de repli ;

— au Nord-Est d’Azovstal, un petit nid urbain qui n’a pas pu tenir longtemps également.

* Le mot que l’on utilise généralement en français est celui de poche. De dimensions très variables. Ainsi en a-t-il été de beaucoup de zones littorales pendant la Seconde guerre mondiale. Avec les poches de Cherbourg, Saint-Malo, Brest, Le Havre, Boulogne-sur-Mer, Calais libérées vers l’été 1944. Puis des poches de Royan et de la Pointe de Grave en avril 1946, et enfin de Dunkerque, Lorient, Saint-Nazaire, La Rochelle et des îles anglo-normandes, libérées en mai 1945.

Tandis que les gens qui avaient fini par fuir les villes étaient reçus comme des réfugiés à la campagne, les gens qui se trouvaient dans la zone de la poche étaient dénommés : empochés. Mes parents qui avaient quitté une ville maritime ouvrière pour se réfugier plus à l’Est à la campagne — à Notre-Dame des-Landes pour ne pas nommer ce village qui a connu ces dernières années son moment de célébrité — auprès de la famille de mon père, durent se faire accepter en tant que « r’fugieux » ; un dicton local disait : « Les vents d’Ouest n’apportent que du mauvais temps et des mauvaises gens ! » (« des mauvaises gentes », en bon français, du moins en latin francisé) Pour le mauvais temps, ce n’est pas faux, c’est le vent dominant, de « norouêt » qui amène la pluie, de « surouêt » qui amène la tempête.

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Notules diverses

I — Retour sur la destruction du navire-amiral russe le Moskva — Extrait de l’article : 50eme Jour de l’Opération spéciale russe. Les choses deviennent-elles plus claires ?

Source : The Saker’s Blog du 15 avril 2022 ; traduction publiée le 16 avril 16 2022, par Wayan (https://lesakerfrancophone.fr/50eme-jour-de-loperation-speciale-russe-les-choses-deviennent-elles-plus-claires)

Le Moskva a été touché par quelque chose à environ 50 km au sud de l’île des Serpents, ce qui signifie qu’il surveillait probablement aussi les mouvements des navires en provenance ou à destination de la Roumanie. Franchement, ce n’est pas une tâche pour un croiseur à missiles guidés.

Aparté : Quant à la cause réelle de l’explosion, je pense qu’il s’agit d’une mine ukrainienne détachée par la récente tempête et dérivant vers le sud, que les Russes n’ont pas détectée. Cela expliquerait la brèche dans la coque du Moskva, qui a ensuite pris l’eau et coulé alors qu’il était remorqué. Je ne crois toujours pas à la version des « 2 Neptunes ukrainiens », ne serait-ce que parce que le Moskva avait de très solides défenses aériennes et que le mauvais temps rend le déminage très difficile. Mais nous ne le saurons probablement jamais avec certitude, à moins que les membres de l’équipage ne révèlent ce qui s’est réellement passé.

(jpf) On nous dit que l’Otan et les anglais en particulier pourraient y être pour quelque chose, depuis le port d’Odessa. Avec l’aide bien évidemment de satellites.

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II — J’ai déjà évoqué le rôle joué par les oligarques en Ukraine, je voudrais redire ici que ces personnages ont su jouer des uns contre les autres lors des élections depuis « l’indépendance » de l’Ukraine. Dans la série d’articles que Thierry Meyssan consacre à l’Ukraine sur Voltairenet.org il écrit à un moment (article treize) : « Progressivement toute la vie politique et économique fut contrôlée par le président Ianoukovytch via sa formation politique, le Parti des régions. Cinq oligarques furent exclus du système. Ils ne tardèrent pas à s’allier avec les straussiens et les bandéristes pour reprendre le pouvoir. »

Quand Meyssan parle des straussiens, il fait référence à un groupe d’élèves «  tous juifs, mais absolument pas représentatifs ni des juifs états-uniens, ni des communautés juives dans le monde » que le professeur de philosophie germano-étasunien Leo Strauss aurait formés à une théorie assez simple finalement : le meilleur moyen de ne pas être victime d’une politique anti-juive, c’est de développer une forme de dictature juive en s’infiltrant dans les instances dirigeantes de l’empire nord-américain. « Enfin, il leur enseignait la discrétion et faisait l’éloge du « noble mensonge ». » précise encore Meyssan.

C’est ainsi qu’on retrouve aujourd’hui encore ces éléments ou leurs continuateurs parmi les pires éléments mondialistes, les néo-conservateurs maladivement « faucons », bien présents en particulier dans les « hautes sphères » « démocrates » ou à l’occasion dans les milieux gauchistes (trotskistes) nord-américains.

Il n’y a dans ce milieu aucune espèce de morale, l’important étant de pousser au mieux les divisions au sein des diverses sociétés du monde pour entretenir le chaos et donc tenir le monde ainsi, et en tirer profit (de pouvoir et de finance) dans un esprit ultra-libéral.

Le vieux « diviser pour régner » et sans aucun état d’âme. Ce n’est finalement qu’une manière d’entretenir et développer, le temps nécessaire, la chienlit et au final à détruire les économies nationales, les peuples, les pays, par le soutien à toute entité quelle qu’elle soit à la condition qu’elle présente le plus de marques possibles d’une idéologie rétrograde, totalitaire, réactionnaire, anti-démocratique qui soit. Ce qui n’est pas neuf mais une pratique qui remonte au moins au début du XXe siècle dans la politique étrangère et les pratiques géo-politiques nord-américaines (voir ce qui s’est passé déjà lors des deux premières guerres mondiales lorsque la diplomatie et la finance anglo-saxonnes sont intervenues dans la Révolution bolchevique, l’aide au nazisme, l’aide au soviétisme, le sionisme…) La seule différence étant que des éléments juifs ont désiré être partie prenante du programme mondialiste de l’empire. Sans aucun idéalisme, et d’une manière totalement pragmatique.

Cf. l’article de Thierry Meyssan : Vladimir Poutine déclare la guerre aux Straussiens — https://www.voltairenet.org/article215852.html.

Ce qui n’est finalement pas plus étonnant que l’attitude d’une partie des Juifs russes au moment de la révolution, puis la place occupée par ces derniers au sein des instances de la dictature soviétique. Alors, aujourd’hui pourquoi pas une action commune avec les bandéristes. Il y a du vice accompli chez certains Juifs, ou reconnu comme tels, à soutenir des éléments bandéristes anti-juifs. Mais la chose importante est que ces anti-juifs sont plus encore des ennemis jurés des Russes. Et ce n’est pas une élucubration de l’écrire quand on voit la manière d’agir d’un Zelensky qui est Juif lui-même.

*

III — D’ailleurs voici une réflexion de Nietzsche qui semble être assez à propos en ce contexte : « Or les juifs sont la race la plus énergique qu’il y ait dans l’Europe actuelle ; ils savent tirer parti des pires conditions et ils le doivent à l’une de ces vertus dont on voudrait aujourd’hui faire des vices ; ils le doivent surtout à une foi robuste qui n’a pas de raison de rougir devant les idées modernes ; ils se transforment, quand ils se transforment, comme l’empire russe conquiert : la Russie étend ses conquêtes en empire qui a du temps devant lui et qui ne date pas d’hier, — eux se transforment suivant la maxime : « Aussi lentement que possible ! » Le penseur que l’avenir de l’Europe préoccupe doit compter avec les Juifs et les Russes comme avec les facteurs les plus certains et les plus probables du jeu et du conflit des forces.» (Par-delà le Bien et le Mal, § 251).

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IV — Réflexion d’un quidam sur Internet : « Ben oui, c’est le « Lebensraum » [espace vital] des USA qui soigne la faillite de leur État, en imprimant du dollar au kilomètre ; mais pour faire fonctionner la martingale, il faut adosser le dollar au contrôle de la production de matières premières. Contrôler des territoires qui produisent toutes les matières premières, essentielles à une économie moderne, serait ainsi la solution. Donc n’en doutez pas, les Anglo-saxons et leur aristocratie khazare, se battront contre la Russie jusqu’au dernier ukrainien, et jusqu’au dernier euro du dernier européen…

L’Occident décadent est foutu, on ne peut rien construire de durable, sur le mensonge, le vol, le meurtre et l’abrutissement de la masse.»

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V — Il y a plusieurs couches dans le feuilleté que nous sert l’otan. Qui n’est pas sans rapport avec l’histoire de chaque pays, sa situation géographique, sa place au sein des divers groupes de langues européennes. Et sur les formes différentes de nationalismes (dits ou non-dits) ou mondialismes (si l’on peut dire, les nuances, les visées lointaines) de chaque pays. Dans les « élites » mais aussi dans les populations.

On voit chaque jour que ladite Union Européenne se clive de plus en plus en plusieurs morceaux plus ou moins nets.

On voit des petits pays crétins comme la Lituanie bloquer le commerce entre la région russe de Kaliningrad et la Russie via la Biélorussie, pays allié étroitement à la Russie.

On voit la Pologne participer activement à l’œuvre de destruction kiévienne de l’Ukraine (aide militaire pour l’envoi d’armes et de munitions, dont aussi un bon contingent de mercenaires) ne cachant pas son désir de récupérer des territoires ukrainiens perdus au moment de la Seconde Guerre mondiale.

Autrement dit la Galicie ukrainienne au sens large, région où se trouvent des minorités polonophones, mais aussi le cœur même du bandériste qui, pendant la Seconde guerre mondiale, s’est fait la spécialité de terroriser, tuer, assassiner tout ce qui n’était pas ukrainien dans la région, ou même pas suffisamment ukrainien à son goût ; et dont on voit que l’idéologie est encore pleinement active, même si elle est actuellement tournée plus contre les Russes que contre les autres entités humaines.

Tout y est passé à divers moments de la Guerre : Polonais (la Galicie était polonaise et Lviv était alors une ville encore largement polonaise), Hongrois, Roumains, Ruthènes (trois minorités du Sud de la Galicie), Allemands (les envahisseurs, et ceci même après qu’une partie des bandéristes et assimilés eut « travaillée » avec la Gestapo, avant- guerre), Russes et autres ethnies de l’Armée Rouge, Juifs (les « petits Juifs » les plus intégrés), Tziganes… Sans oublier les Ukrainiens « normaux » et non fanatiques dont nombre furent trucidés, car pas assez et pas bons Ukrainiens ! Comme aujourd’hui en fait.

Je ne vais pas développer ici une analyse pays par pays, mais on peut retenir l’attitude ferme (du moins pour l’instant) de la Hongrie pays qui a toujours défendu son originalité linguistique et ethnique avec force y compris même dans les extrêmes, mais ce n’est pas le sujet ici.

On peut constater que parmi les plus acharnés à en découdre se trouvent tous les pays les plus proches du monde anglo-saxon par la langue ou la religion (du moins dans la tradition). Pour généraliser on pourrait dire que cela réunit le monde anglophone ou largement anglophonisé, doublé du monde de la tradition protestante luthérienne (qui révèle moins une forme de religion qu’une configuration de pensée, une mentalité). On peut mettre dans cet ensemble le monde germano-scandinave. On pourrait dire également l’Europe du Nord.

Mais au-delà de ce rapprochement apparent, il n’est sans doute pas faux de dire, à la suite de certains, que l’Europe en soi est le véritable ennemi des Anglo-saxons, et qu’actuellement la Russie n’est que l’outil pour parvenir à ses fins…

Dans cette destinée sordide, les pays du Sud et les pays latins en particulier (ou disons le monde gréco-latin) sont à la traîne, pour ne pas dire à la ramasse. À la ramasse financière, à la ramasse économique, à la ramasse culturelle, et même à la ramasse militaire. À la ramasse civilisationnelle. Et pour certains, colons déjà en très grande partie déchus et virés immigrationnistes.

Dans l’axe Washington, Londres, Bruxelles, le troisième, celui de l’Union Européenne, ne compte que pour du beurre. Il en va de même de l’axe Berlin, Paris, Rome, des débuts de la CEE, ou Paris et Rome font figures de soumis et de perdants.

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VI — Se rappeler que le Defense Lend-Lease Act, loi prêt-bail de défense en faveur de l’Ukraine a été introduit au Sénat étatsunien en date du 19 janvier 2022 : tandis que l’acte fondateur de l’intervention russe (reconnaissance des deux républiques du Donbass) ne date que du 22 février 2022 (22/2/2022).

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Zbigniew Brzeziński (1928-2017) politologue américain d’origine polonaise, conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis Jimmy Carter, de 1977 à 1981, a dit en 1977 : « Il faut encercler la Russie pour la séparer de l’Europe et de la Chine, la vider de ses matières premières et pour ce faire construire une ceinture de guerres et de feu tout autour du monde. »

Et cela fait, fort heureusement, quarante-cinq ans que cela ne fonctionne pas. Même si un temps, juste après la chute de l’URSS, avec Ieltsine, l’alcoolo, tout sembla possible en ce domaine.

On peut remarquer que, chez les Étatsuniens en particulier, parmi les pires ennemis des Européens — tout ça sur un fond d’anti-soviétisme devenu totalement inactuel — se trouvent des gens d’origine européenne. Un exemple bien connu est cette infecte Madeleine Albright (1937-1922) qui a tenu des propos répugnants sur les Serbes et aussi les Irakiens, et d’autres encore.

De fait, l’anti-Russisme s’est longtemps caché derrière l’anti-soviétisme. La meilleure preuve en est que la Chine est devenue fréquentable le jour où le PCC n’a pas disparu mais s’est tout simplement ouvert, pour ne pas dire converti au capitalisme dit libéral. La forme politique importe peu, seule compte la forme économique pour les dirigeants des États-Unis (fort affaiblis en ce moment et pour longtemps j’espère, pour notre bonheur à nous aussi!). Eux seuls ont le droit au protectionnisme et toute autre forme de gestion étatique de tout autre pays est pour eux intolérable. Cf. Le Venezuela par exemple.

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Retour sur un fait militaire passé :

Mer Noire : l’Ukraine et l’OTAN ont perdu

la bataille de l’île aux Serpents contre la Russie

très large extrait de l’article du mercredi 11 mai 2022 de Karine Bechet-Golovko

Source : http://russiepolitics.blogspot.com/2022/05/mer-noire-lukraine-et-lotan-perdent-la.html

L’île aux Serpents, ou île de Zmeiny, est un caillou de quelques kilomètres carré situé en mer Noire, non loin de la Roumanie, où se trouvaient les gardes-frontières ukrainiens au début du conflit, qui furent délogés par l’armée russe sans aucune difficulté. Depuis tenue par la Russie, cette île stratégique, qui devait être reprise par les Ukrainiens pour le 9 mai sur ordre des Britanniques, a conduit à une défaite significative de l’OTAN dans cette bataille – l’armée ukrainienne et la technologie otanienne y ont été écrasées par l’armée russe.

L’île aux Serpents est considérée comme stratégique en raison de sa situation : proche de la Roumanie, à portée de tir de l’Ukraine, si elle a été prise sans combats particuliers au début du conflit, malgré Zelensky qui décorait post-mortem des soldats ukrainiens s’étant simplement rendus, l’OTAN voulait reprendre ce bout de terre.

Les Britanniques ont donc donné l’ordre à Zelensky de lancer cette opération, qui a transmis l’ordre malgré l’opposition de son état-major, qui n’y voyait pas de perspectives – et qui avait raison. Mais les autorités locales, sur des questions aussi importantes, n’ont pas leur mot à dire face aux autorités de tutelle, personne ne leur a demandé leur avis, les armes fournies doivent être utilisées comme les commanditaires le veulent.

Et les médias occidentaux sont eux aussi partis à l’attaque, des navires russes auraient été coulés, les drones turcs, pardon ukrainiens attaquent l’armée russe et mènent la terreur, CNews nous fournit une belle page de propagande, à la suite de laquelle on attend la victoire triomphante de l’Ukraine […] Nous avons également eu droit à la Russie harcelée, qui semble devoir tomber rapidement […]

Et pour finir cet article, la déclaration des Ukrainiens prévoyant que la Russie allait fêter le 9 mai avec cette île au fond de la mer … Or, depuis, rien, pas une information mise en avant. Et pour cause, l’armée ukrainienne et l’armement de l’OTAN sont au fond de la mer Noire, ils ont perdu la bataille de l’île aux Serpents.

Selon le rapport du ministère russe de la Défense, l’Ukraine a perdu environ 50 hommes, 30 drones de combats, 3 bombardiers SU-24, 1 chasseur SU-27, 10 hélicoptères dont des MI-8 et MI-24 (en plus des 6, qui ont été détruits directement à Odessa), 3 navires d’assaut amphibie avec les groupes d’assaut. 

Bref, c’est une catastrophe pour l’Ukraine … et une gifle pour l’OTAN. Cette « aventure », pour reprendre le terme justement employé par le ministère russe de la Défense au sujet de cette bataille, est très significative : significative de l’absence totale de respect de la vie humaine des soldats ukrainiens pour ces curateurs de l’OTAN, significative de la dimension « show » de cette guerre pour les donneurs d’ordre et de fonds, qui suivent leur calendrier politique. Ils sont manifestement prêts à utiliser l’Ukraine jusqu’à sa dernière goutte de sang, et c’est bien avec le sang de ses compatriotes que Zelensky paie les armes et les fonds qui lui sont attribués.

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Source : lecridespeuples.fr du 18 juin 2022

Interview de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, à l’agence de presse TASS, Saint-Pétersbourg, 16 juin 2022.

Source : Ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

Question: Je voudrais commencer par le dossier ukrainien. Quelle voie la Russie voit-elle vers un règlement ? Qu’en est-il des négociations ? Est-il possible de dire que, pour diverses raisons, ni Kiev ni la Russie n’ont besoin de ces négociations ?

Réponse: La Russie voit le règlement comme le Président Vladimir Poutine l’a expliqué à plusieurs reprises. Nous défendons le Donbass. Nous avons été contraints de reconnaître l’indépendance de la République populaire de Donetsk (RPD) et de la République populaire de Lougansk (RPL). Au cours des huit dernières années, après le coup d’État en Ukraine, après que nous ayons arrêté le conflit sanglant, signé les Accords de Minsk [en présence de l’Allemagne et de la France] et approuvé ceux-ci au Conseil de sécurité de l’ONU, pendant toutes ces longues années, le régime de Kiev et l’Occident qui le supervise refusaient catégoriquement d’accomplir ces accords, et nous n’avions pas d’autre choix que de reconnaître l’indépendance de la RPD et de la RPL.

Nous défendrons leur indépendance sur le territoire où un référendum a été organisé en 2014. Ce processus se déroule, bien sûr, non sans difficulté. La résistance des néonazis, élevés au fil des ans à Kiev avec l’aide d’instructeurs occidentaux, est vraiment féroce. Beaucoup d’entre eux utilisent toutes sortes de stupéfiants qui les privent complètement de la peur. Néanmoins, je suis convaincu que l’opération se développe au rythme nécessaire pour sauver au maximum la population et minimiser les risques pour les civils vivant sur ces territoires. Le Président russe Vladimir Poutine l’a évoqué à plusieurs reprises dans ses discours, et je l’ai dit plusieurs fois.

Peu de temps après le début de l’opération militaire spéciale, Vladimir Zelenski a proposé d’entamer des négociations. Nous avons immédiatement répondu. À un moment donné, fin mars 2022, ces négociations (lorsqu’il y a eu une réunion à Istanbul) ont abouti à un résultat qui nous a donné à tous de l’espoir. Pour la première fois, la partie ukrainienne a mis sur papier une position qui nous convenait comme une base pour commencer le travail. Quelques jours plus tard, ils l’ont abandonnée. Entre ces événements, il y a eu une provocation à Boutcha, dont l’Occident ne veut maintenant même plus discuter, bien que de nombreux faits aient déjà été révélés prouvant qu’il y avait une mise en scène complètement hypocrite et cynique. Et depuis la mi-avril de cette année, la partie ukrainienne ne répond pas aux propositions que nous lui avons transmises sur la base de ses propres initiatives. Silence absolu.

Il s’agit maintenant d’organiser la vie sur les territoires libérés. Vous voyez la réaction des habitants de ces territoires (en RPD, en RPL, dans la région de Kherson, à [de] Zaporojie, et sur d’autres territoires de l’Ukraine). Les gens veulent reprendre une vie paisible sans éprouver constamment la peur des néonazis qui les intimidaient depuis toutes ces longues années. Ils détermineront eux-mêmes comment ils vont vivre. Si la partie ukrainienne montre qu’elle comprend la nécessité de conclure certains accords, nous y sommes prêts. Mais ils ne l’ont pas montré.

Question: Le Conseil de sécurité de la Russie a déclaré à plusieurs reprises que la Pologne engageait des actions pour exploiter le territoire ukrainien. Quels faits avons-nous ? La Hongrie et la Roumanie pourront-elles participer à ce partage?

Réponse: Le passeport polonais était valable pendant de nombreuses années en Ukraine et dans un certain nombre d’autres anciennes républiques soviétiques. La Pologne annonce qu’elle est prête à lancer une opération de maintien de la paix dans l’ouest de l’Ukraine. Lors de la visite du Président polonais Andrzej Duda, l’Ukraine a adopté « en fanfare » une décision de la Rada (parlement ukrainien) mettant au pied d’égalité les Polonais et les Ukrainiens dans tous leurs droits, à l’exception du droit de vote. Personne ne considère cela comme honteux. Toutes ces années, l’Occident réagissait avec hystérie au fait que nous ayons décidé de délivrer des passeports russes aux résidents du Donbass. L’Occident faisait une crise de colère et n’a pas mentionné en un mot que cette pratique était utilisée depuis longtemps par la Pologne et la Roumanie.

Dans la région de Tchernovtsy en Ukraine, plus de la moitié des habitants ont la nationalité roumaine. la Roumanie y met en œuvre et finance des programmes de développement des liaisons transfrontalières. À peu près la même chose que nous avons faite lorsque nous espérions encore la mise en œuvre des Accords de Minsk[-II], en développant des liens économiques avec le Donbass étant donné que Kiev avait déclaré un blocus économique total, de transport et autre contre ces deux républiques. La Roumanie le fait depuis longtemps. Elle développe des contacts sociaux. Personne n’en parle de manière négative. Cela est considéré dans l’ordre des choses, parce que ce sont des membres de l’OTAN, des gens respectables. Tout leur est permis. Ils ont leurs propres règles. En ce qui concerne la Hongrie, je sais qu’en Transcarpatie, dans les régions où vivent les Hongrois, ils ont leur propre langue, ils l’enseignent. La Hongrie, en tant que pays qui considère ces gens comme ses compatriotes, les soutient, aide à dispenser un enseignement en langue hongroise.

Si le régime ukrainien n’avait pas lancé une attaque frontale contre les Russes et «en catimini» n’avait pas tenté d’interdire la langue hongroise et la langue roumaine (lorsque les Ukrainiens ont adopté la loi sur la langue d’État qui stipulait que seule la langue ukrainienne pourrait être utilisée non seulement dans les affaires officielles entre les citoyens et les États, mais aussi dans la vie quotidienne), mais simplement avait accompli les Accords de Minsk, dont le sens principal est un statut spécial, et il est basé sur le droit à la langue natale, rien ne se serait passé. Nous serions prêts à développer des relations dans le cadre de la mise en œuvre des Accords de Minsk. Ils l’ont également refusé. Je ne peux donc pas imaginer aujourd’hui le sort de cette Ukraine, compte tenu de la politique menée par ce régime ouvertement néonazi.

Voici à quoi pourrait ressembler l’État-croupion d’Ukraine si l’Orient russophone et russophile était annexé [et le Sud] par la Russie et l’Occident par la Pologne. Cette carte circule depuis 2014.

Question: Quand et où aura lieu le tribunal international des membres des formations militaires ukrainiennes ? Dans le Donbass, probablement, ils ont déjà annoncé de manière rhétorique la participation possible de l’UE et des États-Unis. Que pensez-vous de cela ?

Réponse: Il s’agit d’une initiative des Républiques populaires de Donetsk et Lougansk. Autant que je sache, ils mènent des activités pour préparer ce processus et recueillent des informations. Ils ont envoyé des propositions de coopération aux structures compétentes de la Fédération de Russie et d’autres États. Ils ont invité l’Union européenne et les États-Unis à coopérer. Je suis convaincu qu’avec nos amis du Donbass nous n’avons rien à cacher. Voyons quelle sera la réaction. Nous n’avons aucun doute qu’il y aura certainement des experts étrangers.

Nous sommes prêts à mener toutes nos actions politiques en toute transparence pour clarifier certains événements. Des faits terribles ont été révélés sur l’activité biologique militaire dans laquelle les Américains étaient engagés en Ukraine, et pas seulement les Américains, mais aussi les Allemands. Trois dizaines de laboratoires dans 15 villes d’Ukraine étaient à un stade très avancé dans le développement d’agents pathogènes extrêmement dangereux et préparaient des expériences sur des personnes. Notre Douma (chambre basse du parlement russe) et le Conseil de la Fédération (chambre haute) ont créé une commission spéciale qui enquêtera sur ces faits. Nous avons invité des représentants américains à venir sur place et à participer à ces auditions, d’autant plus que la sous-secrétaire d’État Victoria Nuland, s’exprimant lors des auditions au Sénat américain, a déclaré que ces laboratoires contenaient des informations qu’ « il valait mieux ne pas donner aux Russes ». Nous pensons qu’une discussion franche s’impose. De la même manière, nous seront ouverts dans le cadre de la préparation du procès, du tribunal spécial pour les crimes de guerre en Ukraine.

Question: Vous êtes bien sûr au courant du projet Horloge de l’apocalypse. Une question simple et en même temps difficile: quelle heure est-il maintenant à Moscou, et quelle heure est-il à Washington ?

Réponse: Vous savez, maintenant je ne suis plus le projet. À un moment donné, il était minuit moins sept. Je ne sais pas où est l’aiguille actuellement [elle est à minuit moins cent secondes].

Mais si nous parlons de Moscou, alors nous sommes le principal initiateur des déclarations faites lors des sommets de la Russie et des États-Unis et qui ont été faites au nom des dirigeants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, selon lesquelles il ne peut y avoir de gagnant dans une guerre nucléaire, elle ne devrait donc jamais être déclenchée. C’est notre position. Nous nous y tenons fermement.

From → divers

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