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CHAUDRON, SAC et NID. Termes du jargon militaire russe, illustrés d’exemples sur le terrain. Troisième partie.

2 juin 2022

Carte 13

Toute la partie Nord-Est du front du Donbass est en train de se morceler en petits chaudrons, sacs ou nids, selon leurs importances respectives et leurs degrés de liberté ou d’isolement. Et le temps de l’action militaire s’accélérant très rapidement en ce moment, je suis sans doute en retard sur un tas d’informations.

Je rappelle donc qu’en cette zone, depuis la percée du front au niveau de Popasna/Popasnaya (cerclée de vert sur la carte) tout s’est enchaîné : la coupure de la route principale de ravitaillement de Severodonetsk et Lissitchansk ; la proximité immédiate du front de la zone de Bakhmout – Artemivsk et Soledar (zone entourée de bleu du bas) qui est train de se retrouver isolée ; la zone de Novoïvanivka, Hirske et Zoloté/Zolotoyé (autre zone entourée en bleu), partie pour être sinon prise rapidement, du moins encerclée sans possibilité de sortie ; un sac, un nid semble exister déjà à Siversk/ Seversk. (toute petite zone entourée de noir).

C’est une petite localité de 12 000 habitants qui fut créée juste avant la guerre de Quatorze dans une zone d’exploitation de la dolomite (minerai qui est utilisé dans les revêtement de four de fusion, comme complément à des peintures et des plastiques, ou dans les industries du verre, de l’acier, de la céramique, etc.).

Selon l’évolution probable des événements, et suite à la percée du front initiée depuis Popasna, les diverses unités ukrainiennes qui se trouvent sur ces diverses zones bleues et noire, ainsi que celles situées au Nord de Severodonets/Lissitchansk n’auront plus que trois solutions : résister (en vain), se rendre (ce que font plusieurs unités), ou se replier.

La zone de repli, à défaut d’abandonner le front et ses alentours (de concert avec leurs officiers et sous-officiers, option qui semble de plus en plus exclue quand on sait que ces derniers ont déjà reçu l’autorisation de tirer sur les déserteurs, et l’on déjà appliquée — mais, qu’ils se méfient, on a vu l’inverse autrefois, en certaines occasions, surtout aux temps de débâcles !), est la dernière grande zone à l’Ouest de la carte de Slovansk et de Kramatorsk dont on voit une partie entourée en noir.

Ceci, bien sûr, à l’exception des bataillons « purement » bandéristes qui font ce qu’ils veulent et qui disparaissent progressivement des lieux de guerre.

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Carte 14 supprimée, Carte 15

Carte 16

carte 17

À Severodonetsk, la situation de l’armée ukrainienne est de plus en plus critique, puisqu’aux dernières nouvelles, l’armée russe aurait atteint le centre de la ville. Trois ponts joignent ou joignaient Severodonetsk à Lissitchansk. Il y a déjà un certain temps que l’un des ponts a été détruit. Et déjà plusieurs jours qu’un autre est sous le contrôle de la milice de la République Populaire de Lougansk. Il en existe un troisième, mais des témoignages vidéos récents nous disaient qu’il était sous le feu russe et alliés. Certains civils essayent encore de l’emprunter pour s’échapper ou pour s’approvisionner (nourriture, médicaments).

Mais de toute façon, ce troisième pont est impropre à transférer du matériel militaire lourd. C’est par ce pont que pourraient pourtant se replier les 4.000 soldats qui se trouveraient encore dans la cité, à condition d’abandonner chars, artillerie, etc.

Remarque en passant : le nom de la ville de Severodonetsk a peut être un rapport avec sa localisation : au Nord (север/северу, sévér, sévérou, en russe), c’est-à-dire sur la rive gauche du Donets.

Cartes 18 et 19 supprimées, carte 20

De l’autre côté de ce pont qui enjambe le Donets, se trouve à très peu de distance l’autre grande ville de la région : Lîssîtchansk. Là le contingent ukrainien est nettement plus conséquent puisqu’il serait de 10.000 environ.

Ici, « deuxième Marioupol ou retraite ? » se demande Xavier Moreau. Vu l’état de l’armée ukrainienne qui est en train de s’effondrer et dont les pires éléments signent un baroud d’honneur, ou plutôt de déshonneur à l’encontre des populations civiles du Donetsk, dans le même style que ce qu’elles ont subi en 2014 / 2015, on pourrait pencher pour un retrait, mais non pas vers l’axe principal bloqué plus au Sud comme déjà dit. Plus probablement vers Sloviansk/Slaviansk et Kramators’k/Kramatorsk, comme pour les autres restes de l’armée ukrainienne situés en cette région. Ou une reddition. Ces derniers jours zelenski a évoqué la possibilité de négocier. Mais avec cet individu, rien n’est à prendre au sérieux.

Seversk (la petite zone entourée de noir sur la carte précédente) ne semble pas être une destination propice, car comme la chose semble partie, cette cité pourrait devenir un but possible pour les Russes qui poussent toujours plus au Nord depuis leur brèche entamée du côté de Popasnaya, ouverture qui devient de plus en plus large, et dont les fronts jouxtent à l’Est la zone de Zolotoyé et autres, à l’Ouest celle de Soledar et autres. Soledar est située sur la rivière Bakhmout, juste à côté de la ville du même nom, à 80 km au Nord de Donetsk.

Ce n’était pas encore confirmé il y a quelques jours, mais justement à la pointe de l’avancée partie de Popasna, soit à Belogorvka dont on a déjà parlée, les Russes auraient réalisé une nouvelle avancée.

Carte 21

On peut constater sur les cartes 20 et 21, après la réduction rapide de Liman (punaise bleue) — comme déjà dit, 500 soldats ukrainiens se sont rendus au bout d’une demi-journée, le reste s’est replié en moins de trois jours, probablement vers Slovensk — que l’artillerie russe s’est rapprochée de Sloviansk / Kramatorsk ; deuxième secteur d’où elle peut bombarder les objectifs militaires de cette zone, après qu’elle s’est déjà rapprochée du côté de Dibrova (cité cerclée de vert sur la carte 20).

Notons que le Nord du secteur Sloviansk / Kramatorsk, est un peu protégé d’un côté par quelques hauteurs boisées et d’un autre par une zone de marais ou de retenue d’eau à proximité du Donets.

Carte 22

Carte 23

Il semble également (voir cartes 22 et 23) qu’il y ait dans un creux des deux côtés du Donets, coincée entre deux portions de forêts dont une en hauteur, une petite zone de l’armée ukrainienne en voie d’encerclement, ou du moins, tenue sur trois côtés.

On constate donc que sur la partie Nord du Donbass, soit sur le territoire de la RP de Louhansk/Lougansk, soit sur le territoire de la RP de Donetsk, qu’il existe potentiellement une demi-douzaine d’endroits environ où se retranchent, ou vont se retrancher une partie de l’armée Ukrainienne, en retrait de la ligne de front et des avant-postes.

(suite au prochain numéro)

From → divers

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