BAKHMOUT EST REMORTE ET ARTIOMOVSK NE DEMANDE QU’À RENAÎTRE
Donc, suite à la destruction quasi complète de la cité de Bakhmout qui réunissait plus de 70.000 habitants avant la guerre, située au Nord de Donetsk et à l’Ouest de Lougansk, cette ville va être reconstruite par la Russie.
Et elle va reprendre, par la même occasion, le nom qui était le sien entre 1924 et 2016. Ironie de l’ère soviétique puisque ce nom d’Artiomovsk (Артёмовск) en russe, Artemivsk (Артемівськ) en ukrainien (on rencontre également les graphies : Artiemovsk, Artymovsk…) est dérivé du surnom « Artiom » (Артём, en russe, Артем, en ukrainien), donné au révolutionnaire Fiodor Sergueïev (1883-1921), président de l’éphémère république soviétique de Donetsk – Krivoï-Rog (1918-1919).
Mais cette ville n’a pas attendu l’époque soviétique pour prendre de l’ampleur, puisqu’elle avait déjà au XIXe siècle, une importance industrielle quand elle faisait partie de l’empire russe, avec ses vastes mines de sel gemme.
Rappelons que tout au Nord de cette cité, en banlieue, se trouve l’autre petite ville de Soledar et également ses imposantes mines de sel. Soledar qui comme je l’ai déjà écrit tire son nom de « sol’» (соль) qui veut dire « sel » en russe.
Comme on le trouve sur Akademik (academic.ru) à l’article « Soledar » : « À la fin du XVIIème siècle, dans le cadre du développement des mines de sel, le village de Bryantsevka est né, un anthroponyme. Plus tard sont nés à proximité d’autres villages dont celui de Soli. » Tout cet ensemble se nommant Soledar de nos jours.
J’ignore l’origine du nom Bakhmout, sauf que ce toponyme serait tatar ; tout ce que je sais c’est que la ville est traversée par la Bakhmouta ou Bakhmoutka, qui passe également à Siversk/Seversk, un affluent de la Donets, qui elle-même se jette dans le Don, qui lui-même se jette dans la Mer d’Azov, mer redevenue totalement russe, sur toutes ses rives.
Je ne sais même pas s’il faut dire « Bakhmout » avec un « kh » prononcé comme le « ch » allemand de « Bach » ou la jota espagnole. Je crois bien avoir entendu le Russe Prigozhin (celui qui dirige l’armée privée Wagner) prononcer « Bakhmout » avec un simple « k ».
Artiomovsk est connu dans l’Histoire de la Seconde Guerre Mondiale pour des massacres (les massacres de Babi Yar de Bakhmout), par armes et plus encore par « l’emmurement » vivant de 3000 civils, dont un bon nombre de Juifs, dans la grotte de gypse qui aujourd’hui sert de cave pour le « champagne », c’est-à-dire le vin mousseux local. Dans les pays de l’Est tout vin mousseux est déclaré « champagne ».
Massacres perpétrés, entre le 5 et le 9 janvier 1942, par des troupes de l’Einstazgruppe C (membres de la SS, de la Gestapo, etc.), aidés par des collaborateurs ukrainiens, bandéristes et autres.
Dans cette ville, il existe – existe-t-il encore ? car avec ces fous tout est possible – un mémorial où il est écrit : « Ici durant la période d’occupation fasciste allemande du 5 au 9 janvier 1942 plus de 3.000 citoyens soviétiques ont été exécutés férocement. Artiomovsk n’oubliera jamais ce crime sans précédent des envahisseurs fascistes. Gloire éternelle à vous victimes innocentes du fascisme. »
Ceci pour dire que cette ville, au moins deux fois martyre maintenant, n’a rien oublié et n’attend vraiment rien de bon du bandérisme des années quarante et du néo-bandérisme actuel. Et que la Fédération de Russie ne lâchera rien, ici comme ailleurs.
D’ailleurs, on comprend mieux pourquoi la ligne de front avait été inscrite au cœur même de la cité de Bakhmout. Et pourquoi il en est de même plus ou moins à proximité.
C’est tout le travail local de « mémoire », si je puis dire, des fanatiques haineux qui autrefois éliminaient Juifs, Polonais Hongrois, Roumains, Gitans, « mauvais Ukrainiens », etc. et tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un citoyen soviétique, bolchévique ou non.
Car il faut se dire que plus d’un taré bandériste ou mercenaire otano-kiévien (les Polonais en tête, mais ils ne sont pas les seuls) en sont encore à confondre, dans leur bouillie cérébrale, la Russie actuelle et l’URSS passée. (Ce qui d’ailleurs est aussi le cas de beaucoup d’Occidentaux.)
S’accordant une « revanche », les pitres putrides, principalement sur les civils russes ou russophones.
Pour revenir à notre époque, Denis Pouchiline, le président par intérim de la République populaire de Donetsk, vient de déclarer : « Il y a un décret correspondant, qui stipule que tous les noms de villes, de quartiers sont ramenés aux noms qui existaient au moment du 11 mai 2014. Par conséquent, c’est Artiomovsk. Point. »
Il a également promis que la ville de New York (dont j’ai déjà dit quelques mots je crois, une fois), qui se trouve à 32 kilomètres dans le sud-ouest de Bakhmout, passerait aussi sous contrôle des forces russes et reprendrait le nom qu’elle avait à l’époque soviétique : Novogorodskoïé.
Je ne sais pas ce que veux dire la terminaison «-skoïé» en russe, mais on peut remarquer qu’elle intervient un certain nombre de fois dans les toponymes d’Ukraine.
De même que la terminaison «-sk» que l’on retrouve dans la région du Donbass, ou alentours, dans : Donetsk, Lougansk, Slaviansk, Kramatorsk, Seversk, Sievierodonetsk, Lissitchansk, Koupiansk … et … Artiomovsk.
Quant à Novogorod, cela veut dire Ville (gorod) Neuve (novo). Comme il existe des Villeneuve en France. Et comme il existe tant et plus de Novgorod, ou formes similaires en Russie. Et aussi des Belgorod/Belgrade… qui veulent dire : Ville Blanche.
En attendant, c’est Erwan Castel qui cite je ne sais trop qui, qui a écrit :
« À Bakhmut, un restaurateur [précédent métier du propriétaire de Wagner] et 60.000 prisonniers [une bonne partie des « wagnériens », engagés en échange d’une remise de peine] ont détruit une armée que l’OTAN entraînait depuis 9 ans. Cela me rappelle les paysans portant des sandales qui ont chassé les États-Unis d’Afghanistan. Le gouvernement américain dépense un billion (un milliard ? ou mille milliards ?) de dollars par an pour une armée qui ne peut rien gagner. Quel gâchis ! »
Erwan Castel conclut : « C’est caricatural pour Wagner mais pour le reste c’est fondamentalement vrai. Et cruel ! »
Pour donner des chiffres plus précis, ou tout au moins plus complet, Erwan Castel nous dit encore que « Prigozhin a donné un nouvel entretien, dont certains propos sont corroborés par d’autres sources :
À Artemovsk, il est estimé que l’ennemi aurait engagé 80.000 personnels. Wagner aurait engagé 35.000 personnels, portés à 50.000 à l’apogée de la bataille, aux côtés d’un nombre indéterminé de personnels des troupes régulières russes.
L’ennemi aurait perdu 50.000 tués et 60.000 blessés graves, soit un total de 110.000 pertes.
D’après Colonel Cassad [un Russe je crois qui écrit sur telegram], Prigozhin dit que Wagner aurait subi 10.000 tués et 10.000 blessés graves. Soit 20.000 pertes.
D’après @rybar [autre Russe je crois également, présent sur telegram], cela n’inclut pas 10.000 prisonniers de droit commun russes tués, portant le nombre de pertes de Wagner à 20.000 tués et 10.000 blessés graves. Soit 30.000 pertes.
Cependant, il est difficile de juger de la réalité des chiffres et du ratio de pertes.
Un total de 50.000 prisonniers auraient été recrutés, dont 10.000 auraient été tués au combat, comme précisé ci-dessus. »
fin de citation.
Commentaires fermés