Aller au contenu principal

À propos des territoires magyarophones, polonophones, roumanophones d’Ukraine, ou anciennement hongrois, polonais et roumains.

23 décembre 2022

Il semble être de moins en moins irréaliste que des pays comme La Pologne, la Hongrie et la Roumanie (le cas de la Moldavie semble plus compliqué) n’attendent que la victoire militaire russe sur l’armée ukro-otanesque pour aller au-delà de simples revendications verbales concernant certains territoires ukrainiens plus ou moins limitrophes.

Je me développe pas ici sur le fait que l’Ukraine n’a jamais vraiment existé comme entité nationale, si ce n’est sous des formes réduites, fluctuantes et le plus souvent sous domination (polonaise ou lituanienne ou ottomane ou … cosaque… ou tout simplement russe) ; et qu’elle a été constituée pour l’essentiel, et à la hâte, dans un fouillis de différences ethniques, au début de la révolution bolchevique, puis complétée au moment de la Seconde guerre en retirant des territoires aux « mauvais » pays pro-troisième Reich (Hongrie, Roumanie) ou encore en déplaçant les frontières orientales de la Moldavie ex-ukrainienne vers l’Ouest, ou encore en « offrant » la Crimée, russe plus anciennement tatare, à l’Ukraine depuis (Khrouchtchev dans les années cinquante, 1954 sauf erreur).

Il faut savoir aussi qu’au point de vue de la langue, la situation de l’ukrainien est une situation très ambiguë et très complexe. Pour schématiser : entre l’ukrainien de Galicie tout au Nord-Ouest et le russe du Donbass tout au Sud-Est, il y a de très nombreux cas intermédiaires, j’en ai déjà dit quelques mots.

L’ukrainien est une langue encore très largement dialectale et l’ukrainien des media ou de l’école est encore avant tout une langue de lettrés. Sans même vouloir parler de toutes les minorités linguistiques non-slaves d’Ukraine, il faut savoir qu’il existe différentes formes dialectes slaves dont un dialecte qui mêle ukrainien et russe, différent selon les endroits, ou même ukrainien et biélorusse tout au Nord-Est. (je développerai sur le sujet quand je prendrai le temps de finir un gros article, entamé il y a des mois déjà).

Ce qui est le plus remarquable, c’est lorsque les plus ardents défenseurs de la langue ukrainienne s’expriment en russe pour le dire. Zèle-en-ski en est un exemple puisqu’il est à la base russophone. Je pourrais dire encore que le russe d’Ukraine (qui est un peu mâtiné d’ukrainien et vit, depuis l’époque de Catherine II au moins, un peu à l’écart du reste de la Russie, ou du moins des deux capitales culturelles de la Russie (Moscou et Piter, le nom populaire et affectueux de Saint-Pétersbourg)), n’est pas tout à fait le russe de Moscou, comme les parlers français du Canada, de Suisse ou de Belgique, et plus encore de divers pays africains et autres, ne sont pas tout à fait identiques.

Je pourrais dire aussi, en schématisant à nouveau, que le russe est la langue des villes et l’ukrainien la langue des campagnes. Surtout de toutes les villes du Sud et de l’Est de l’Ukraine comme Odessa, Nikolaïev, Kharkov, seconde ville du pays, ou d’ex-Ukraine (Donbass, régions de Kherson et Zaporojié). Tout ce qui est russe depuis plusieurs siècles et qui autrefois était moins ukrainien que cosaque, tatar ou ottoman. Voire bulgare, grec, etc.

Ou encore que le russe est la langue des sciences et des techniques, bien plus que l’ukrainien. Et que le russe est largement parlé dans la capitale même de l’Ukraine. En premier lieu par les intellectuels et gens branchés dans la technologie, les sciences et techniques modernes. Je me demande d’ailleurs comment les tarés bandéristes peuvent faire une chasse efficace aux russophones à Kiev.

À Lvov, peut-être et même sûrement, mais c’est une autre réalité. D’ailleurs, le terme le plus adéquat pour définir la langue parlée en Galicie orientale, ex-polonaise, est peut-être celui de galicien ukrainien (dialecte slave, pour ne pas le confondre avec le galicien d’Espagne, dialecte roman cousin et ancêtre du portugais).

Après cette digression nécessaire pour rappeler un peu l’état des lieux dans le domaine de la langue en Ukraine, ou du moins dans ce qu’il en reste, revenons aux prétentions polonaises, hongroises, roumaines, voire moldaves sur des contrées limitrophes à leurs frontières.

Il faut savoir, j’en ai déjà un peu parlé, que certains milieux politiques hongrois ne se cachent plus pour revendiquer tout ou partie de la Transcarpatie, qui est un territoire situé au Sud des Carpates qui coupent le Sud de la Galicie. Cette région comporte actuellement 12 à 15 % de magyarophones, mais aussi une minorité de Ruthènes, ceux-ci parlent un dialecte slave qui est resté à un état plus ancien par rapport à l’ukrainien et au russe.

Et ceci ne date pas du début de l’Opération spéciale russe (NWO). Mais en particulier des toutes dernières années où le bandérisme a dicté ouvertement sa loi à l’État ukrainien, ou plus exactement a fini par totalement infiltrer cet État, cette république bananière ; remontons un peu dans le temps :

Un « sondage d’opinion de la Fondation des initiatives démocratiques, rendu public […] fin 2021, montrait que plus de 41% des Ukrainiens à l’époque considéraient déjà les actions de la Hongrie comme des préparatifs à une éventuelle occupation et annexion d’une partie du territoire ukrainien. » (Sergueï Andreev :Les voisins de l’Ukraine se préparent à en annexer une partie par l’ouest et le sud-ouest ; traduction Le Courrier des stratèges du 22 décembre)

« Au début de cette année, des généraux ukrainiens – comme A. Mogilev, qui avait déclaré en janvier que la création de formations de défense territoriale « diviserait l’Ukraine en principautés » – ont commencé à sonner l’alarme. » (idem)

« Et déjà dans les premières semaines du conflit, les collectivités territoriales du district de Beregovsky (Transcarpatie)   avaient lancé un comité d’organisation pour tenir un référendum sur l’adhésion à la Hongrie des territoires de l’Ukraine habités par des Hongrois. Dans le même temps, des militants de souche hongroise, vivant dans la région, avaient envoyé une lettre à Viktor Orban avec une demande de les protéger du « génocide », le texte contenant les phrases suivantes : « Il est tout à fait évident pour nous que les autorités ukrainiennes se livrent aux caprices et aux intérêts des néo-nazis et des radicaux de droite, restreignent pour longtemps nos droits et humilient la dignité de la Grande Hongrie et de ses citoyens ». » (ibidem)

« À la mi-juillet, le chef du ministère hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, avait officiellement annoncé que la Hongrie était prête, par la « force des armes », à sauver et protéger les Hongrois vivant dans l’ouest de l’Ukraine. Budapest envisageait un scénario d’urgence militaire pour protéger, « en cas d’urgence en Transcarpatie ukrainienne », les 150.000 Hongrois de souche. » (ibidem)

Le hongrois Orban a évoqué le sujet pour la première fois publiquement le 18 septembre et a récidivé d’une autre manière voyante. Ainsi, « l’autre jour, le Premier ministre hongrois Viktor Orban est apparu lors d’un match de football dans une écharpe à l’image de la carte «Grande Hongrie» qui comprenait une partie de l’Ukraine. » (idem).

Il faut savoir que des magyarophones, il y en a dans divers autres pays de la région : Roumanie, Slovaquie, Serbie… mais leur sort ne semblent pas ou plus y poser problème. Et que ces Hongrois ne semblent pas être les personnes les plus démunies de ces contrées. Il y a quelques années un ami roumain me dit une fois, en parlant des Hongrois de Transylvanie : « Chez nous, c’est eux qui ont les plus belles maisons ; on les reconnaît tout de suite. » Une autre fois, évoquant cette fois-ci les Roms, il me dit : «  Si tu voyais leurs maisons à l’entrée de H., ce sont de vrais châteaux, des maisons folles. » J’ai été regarder sur Internet et effectivement, j’ai vu ; se sont de grandes maisons assez extravagantes. Construites avec leur argent, gagné à faire la manche à Paris, du moins en partie.

Mais pour revenir à Orban, sa déclaration de septembre n’a fait que suivre de quelques jours les propos tenus par le chef de l’un des partis politiques hongrois qui a publiquement évoqué l’annexion de la Transcarpatie ukrainienne. Faut-il rappeler par ailleurs les réticences gouvernementales hongroises, au sein de l’Union Européenne, à se mêler d’aider l’Ukraine ? Faut-il rappeler les mesures de rétorsions d’aides budgétaires européennes récentes à l’encontre de la Hongrie sous le fallacieux prétexte de corruption, énoncé par… les plus corrompus de Bruxelles. Enfin, «  le 11 novembre, le législateur hongrois Laszlo Torotsky a ouvertement exprimé le désir d’annexer la Transcarpatie. » (ibidem) 

*

Il faut savoir que la question hongroise d’Ukraine semble préoccuper les instances ukrainiennes depuis plusieurs années, et même les instances mondialistes.

« Par exemple, en 2019, la Fondation Vozrozhdeniye, affiliée à l’Open Society de D. Soros, avait organisé une étude grandeur nature des préférences sociopolitiques des habitants de Transcarpatie […]  Cette zone figure régulièrement parmi les départements administratifs ayant le plus faible taux de participation aux élections à différents niveaux. Sur la base des résultats de l’étude, les experts de la Fondation avaient recommandé « d’analyser et de préparer des propositions pour impliquer autant d’Ukrainiens que possible à participer au vote ». Le document soulignait que la situation était compliquée par la présence d’une importante diaspora hongroise, qui reçoit le soutien de Budapest. Il avait également été noté que ce projet devait permettre de réduire l’influence éventuelle de la Hongrie sur les résultats des élections présidentielles et législatives en élevant le niveau de sensibilisation des citoyens et donc en augmentant le taux de participation. Le document, entre autres, indiquait déjà alors la volonté de la Hongrie « d’acquérir plus de contrôle sur le territoire où vit la plus grande communauté [hors métropole] hongroise ». » (ibidem)

Et il ne s’agit pas vraiment de paroles en l’air quand on sait que depuis, courant de ce mois-ci, les forces de sécurité de Kiev ont organisé des exercices militaires à grande échelle, pour tenir toutes les régions encore sur leur coupe et désamorcer le séparatisme en Ukraine.

Sur les réseaux sociaux est apparue la raison essentielle, du moins avancée comme telle, selon laquelle : « les dirigeants politiques radicaux « occidentaux » soutiennent ouvertement les mouvements séparatistes dans la région de Lviv, en Transcarpatie et dans le nord de la Bucovine. Le texte fait mention également de façon claire que les séparatistes sont armés, préparent des actes terroristes et veulent créer des autonomies ethniques afin de les rattacher à leur «patrie historique». » (ibidem)

Ce n’est sans doute pas vraiment faux, quand on sait par ailleurs que la 128e brigade d’assaut de montagne de Transcarpatie, constituée de Hongrois et de Rusyns (ou Ruthènes, éléments également « turbulents ») a été envoyé à l’automne en première ligne du casse-pipe dans la région de Kherson quand la prétendue contre-offensive ukro-otanienne s’est soldée par un échec sanglant et très meurtrier « dans une zone de steppe ouverte, pris sous le feu de l’artillerie et de l’aéronautique des forces armées de la Fédération de Russie. » (ibidem)

*

Pour ce qui concerne la Pologne, j’ai déjà évoqué les prétentions au plus haut niveau, des Polonais à « récupérer » la Galicie orientale, où se trouve encore des minorités polonaises. Et à dénoncer le bandérisme auteur de massacres de Polonais pendant la Seconde guerre mondiale. Il existe également un mouvement en Pologne qui voudrait initier un retour de descendants de Polonais chassés de Galicie à la fin de la guerre. Voir mon article du 6 décembre : Dépecer la « bête immonde » ?

« La Pologne ne reste pas à l’écart.  Sergei Naryshkin, directeur du service de renseignement extérieur de la Fédération de Russie, a déclaré l’autre jour que les États-Unis et la Pologne élaborent un plan visant à établir le contrôle de la Pologne sur ses « possessions historiques » en Ukraine. » (ibidem)

Tout ça en un double jeu, puisque des militaires polonais sont très présents sur le front anti-russe, comme déjà dit également. Avec une russophobie malade.

*

Qui plus est, dans cette histoire de récupération de territoire, Hongrie et Pologne semblent marcher main dans la main, du moins certaines parties de l’opinion du côté hongrois :

« Le chef du parti hongrois « Notre patrie » a félicité la Pologne à l’occasion de la fête de l’indépendance et a souhaité qu’elle ait à nouveau une frontière commune avec la Hongrie, appelant ainsi à la révision des frontières ukrainiennes. À ce message, il avait joint une photo prise en mars 1939 près du village d’Uzhok (le territoire de l’actuelle Ukraine près de la frontière polonaise), représentant des gardes-frontières polonais et hongrois se serrant la main sur la frontière polono-hongroise formée après la prise de L’Ukraine transcarpatique par la Hongrie. 

L’homme politique hongrois avait exprimé l’espoir que les Hongrois et les Polonais s’y retrouveraient bientôt, écrivant sur Twitter : «Aujourd’hui, c’est le jour de l’indépendance de la Pologne. Que Dieu bénisse la Pologne ! Rendez-vous à la frontière commune polono-hongroise ! » ».

Mais à ce jeu, c’est la Pologne qui risque gros si elle récupère le foyer du bandérisme ukrainien qui n’est que haine contre tout le monde et en particulier contre les Polonais eux-mêmes.

Pour terminer, ajoutons que les Roumains, du moins certains d’entre eux ont la même logique, dans le but de récupérer toute la partie Nord de la Bucovine roumanophone qui a été ôtée de la Roumanie lors de la Seconde guerre mondiale également.

Au mois de septembre également, l’ex-ministre roumain des Affaires étrangères, Andrei Marga, a déclaré lors de la présentation de son livre Le destin de la démocratie : « Je le dis franchement, en toute responsabilité. L’Ukraine est dans des frontières artificielles. Elle doit céder du territoire. Hongrie : Transcarpatie, Pologne : Galicie, Roumanie : Bucovine et Russie : Donbass et Crimée. Ce sont des territoires d’autres pays. Sinon, il y aura conflit ».

Quant à la Moldavie, l’ex-Moldavie ukrainienne, elle serait peut-être en droit de récupérer des villages roumanophones qui se trouvent de l’autre côté de la frontière, vers le Nord en particulier. Mais elle devra plus encore affronter la perte inévitable, et déjà bien en cours, de la Transnistrie russophone qui attend de se joindre à un oblast d’Odessa re-russifié. La Moldavie qui ne tient en fait que par le gaz et le pétrole russes. Et dont une bonne partie de la population entend demeurer en bons termes et dans la zone d’influence russe. Plusieurs manifestations se sont succédées ces mois derniers en ce petit pays, l’un des plus pauvres d’Europe et totalement gangrené par le mondialisme.

From → divers

Commentaires fermés