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Exercice d’épigraphie future

7 novembre 2022

On va faire comme si on était un archéologue d’un temps futur, un paléographe ; et que l’on ne posséderait plus que quelques éléments épars, partiels de documents écrits du passé.

Les document en question seront ceux-ci :

« « Comme chaque année maintenant, la Fédération de Russie et quelques autres viennent de mettre au vote devant l’Assemblée Générale de l’ONU une résolution afin « de lutter contre la glorification du nazisme, du néonazisme et d’autres pratiques qui contribuent à alimenter les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée ». Les premiers pays visés étant l’Ukraine, mais aussi les trois petits États baltes : Estonie, Lettonie, Lituanie.

105 États ont voté POUR la condamnation de la glorification du nazisme, etc. 52 États ont voté CONTRE. 15 se sont ABSTENUS.

Les 15 États qui se sont abstenus sont : Antigua-Barbuda, Congo, Corée du sud, République Dominicaine, Équateur, Égypte, Mexique, Myanmar (Birmanie), Palao, Panama, Samoa, Tonga ; et du côté de l’Europe : Serbie, Suisse (l’abstention de la Suisse est traditionnelle, par souci de neutralité), Turquie. Celles de Serbie et de Turquie sont à souligner.

Les 52 États qui ont voté CONTRE la condamnation de la glorification du nazisme, etc. sont : 2 qui le font chaque année, États-Unis et Ukraine, les 27 États de l’Union Européenne plus le Royaume-Uni, et 5 États candidats à l’Union Européenne : Albanie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine du Nord, Monténégro, et la Géorgie, ainsi que 5 micro-États européens dépendant de leurs grands voisins : Andorre, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin, Moldavie et enfin 7 États vassaux traditionnels de Washington hors Union Européenne dont : Islande, Norvège, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, et Japon. Et à la fin de la fin , 6 États très pauvres (2 en Afrique, 4 dans le Pacifique Sud) auxquels les États-Unis ont très probablement acheté leur vote, moyennant un don au titre de l’aide au développement : Liberia, Mali, Îles Marshall, Kiribati, Micronésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée. » »

*

« « Dans un communiqué l’Union Européenne, très soucieuse de la réalité historique entend remettre sur le même plan le régime nazi (qui ne fut responsable, entre autres, que de la mort de 26 millions de citoyens de l’ex URSS) et le régime bolchevique génocidaire installé en Europe de l’Est après 1945. Et très soucieuse du sens des mots « condamne fermement l’abus de l’argument de la lutte contre le nazisme » et donc «rejette l’utilisation inexacte et inappropriée du terme de «dénazification» par la Russie pour justifier sa guerre d’agression inhumaine, cruelle et illégale contre l’Ukraine.» »

*

« « On suppose, précise un lexicographe distingué, que l’Union Européenne entend affirmer qu’il n’est pas vrai que le régime ukrainien, qui se réclame exclusivement des grandes figures nationales bandéristes et assimilés aient été des nazis. C’est nier la réalité nationale de l’Ukraine intégralement « bandéristes et assimilés », même si les plus jeunes font la confusion, comme ils font la confusion entre Ukrainiens et Vikings. » »

Et j’imagine un commentaire des temps futurs de ce genre :

« « Ces documents sont fort intéressants, car, certains se demandaient de quel côté penchait tel ou tel pays au moment de la Seconde guerre mondiale. On a là une réponse sérieuse à cette question, en particulier lorsqu’on consulte la liste des 52 États qui ont voté contre la condamnation.

On peut donc même en conclure que la Russie, en un temps où ce pays se nommait dit-on URSS, a cherché à dominer toute l’Europe, sans doute au nom de l’idéologie dite « communiste » et que c’est l’ensemble de l’Europe de l’Atlantique aux steppes ukrainiennes ou baltes qui a dû s’y opposer et se défendre en toute légitimité.

Pour ce faire, tous ces pays se sont coalisés derrière la bannière libératrice du nazisme, dans un même souci de détruire et soumettre les envahisseurs eurasiatiques. Cette coalition était donc logiquement soutenue par tous les pays fleurons de la Démocratie majuscule, je veux dire les pays anglo-saxons comme le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ; mais également le Japon dont on dit qu’il aurait été un allié de l’Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale. Allemagne dont il est largement reconnu de nos jours qu’elle fut l’élément moteur de la résistance à l’expansionnisme des barbares orientaux.

Il manque malheureusement des communiqués, s’il y en eût jamais, de pays tels que le Vatican ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour mieux comprendre les motivations de chacun. On pourrait supposer que les Papous, pour ne parler que d’eux, qui ont voté contre la résolution eurasiate, se sont vus obligés d’accueillir une partie des rustres vaincus de cette Seconde guerre mondiale, je veux dire des éléments s’exilant de Russie, pays qui, certes non, ne peut se targuer de représenter le Bien quand ils ont cherché à conquérir le Monde Parfait de la Démocratie européenne et anglo-saxonne.

Et qui ont le culot et l’outrecuidance de reprendre à leur compte le flambeau du Bien en le dévoyant et en accusant injustement (inversion accusatoire) le nazisme de leurs propres turpitudes ; et ceci en dénigrant tous les malheureux ultra-nationalistes ukrainiens, et autres bandéristes respectables.

Je n’ai pas d’explication sur l’abstention de la Turquie et celle de la Serbie est étonnante, car il ressortirait qu’à l’inverse de ce que l’on croyait, et de ce qui s’est passé en Croatie par exemple, ce pays n’a pas adhéré à la croisade nazie, mais au contraire à soutenu mordicus les barbares semi-orientaux farcis de communisme de Russie/URSS (tout ça c’est kif-kif bourricot ; bonnet blanc et blanc bonnet, comme aimait à dire autrefois le « communiste » Jacques Duclos).

Voilà ce que l’on peut en dire, pour l’essentiel ou du moins en première analyse, en toute objectivité. Historique et encore plus lexicale. 

Victorien Dunock, directeur de recherches au CNRS. » »

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