MARIE DUBAS
Anna Marie Dubas, dite Marie Dubas (1894-1972)
Danseuse, comédienne, chanteuse d’opérettes, elle dut réduire l’étendue de son registre dès l’âge de trente-deux ans à la suite d’une défaillance de ses cordes vocales.
Le Tango Stupéfiant (chanson elle-même stupéfiante) de 1936
Après trois semaines entières
De bonheur que rien n’altérait
Mon amant dont j’étais si fière
Un triste matin me plaquait
Pour calmer mon âme chagrine
Je résolus en un sursaut
De me piquer à la morphine
Ou de priser de la coco
Mais ça coûte cher tous ces machins
Alors pour fuir mon noir destin
{Refrain:}
J’ai fumé de l’eucalyptus
Et je m’en vais à la dérive
Fumant comme une locomotive
Avec aux lèvres un rictus
J’ai fumé de l’eucalyptus
Dès lors mon âme torturée
Ne connut plus que d’affreux jours
La rue du désir fut barrée
Par les gravats de notre amour
J’aurais pu d’une main câline
Couper le traître en petits morceaux
Le recoller à la sécotine
Pour le redécouper aussitôt
Mais je l’aimais tant l’animal
Alors pour pas lui faire de mal
{Refrain:}
J’ai prisé d’la naphtaline
Les cheveux hagards, l’œil hérissé
Je me suis mise à me fourrer
Des boules entières dans les narines
J’ai prisé d’la naphtaline
Qu’ai-je fait là, Jésus Marie
C’est stupéfiant comme résultat
Au lieu de m’alléger la vie
Je me suis alourdie l’estomac
J’ai dû prendre du charbon Belloc
Ça m’a fait la langue toute noire
Que faire alors pauvre loque,
Essayer d’un autre exutoire ?
Car le pire c’est que j’ai pris le pli
Et c’est tant pis quand le pli est pris
{Refrain:}
Je me pique à l’eau de Javel
Pour oublier celui que j’aime
Je prends ma seringue
Et j’en bois même
Alors il me pousse des ailes
Je me pique à l’eau de Javel
Gnak gnak gnak gnak
J’ai du chagrin…
***
C’est toujours ça de pris ! (1935)
Musique de Maurice Yvain , paroles de Max Blot 1935 .
Quand on vient au monde
Il ne faut pas vouloir la lune
Ni penser de trouver
Le bonheur rêvé
Vous aimez les blondes
L’occasion vous fait prendre une brune
Dites-vous, c’est très bien
Que c’est le destin
Aujourd’hui l’important
C’est d’prendre du bon temps.
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
Moi ça me suffit
Y’a pas d’petits profits
***
Grâce à la loterie
On croit être millionnaire
On gagne deux cents francs
Comment qu’c’est qu’on les prend?
Quand pour une thune aux Uniprix
Vous achetez un beau diamant à votr’ chéri
Elle s’écrie:
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
C’est d’la quincaillerie
Mais c’est toujours ça de pris.
***
Lorsqu’ au cinéma
Au théâtre ou bien dans la rue
Un beau gars m’dit tout bas
On se reverra
À son rendez-vous
Les yeux baissés j’arrive émue
Débordante de désir
Et puis de plaisir
J’tends ma bouche de carmin
Il me baise la main.
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
Moi ça me suffit
Y’a pas d’petits profits
***
J’rengaine mes ardeurs
Et j’pense tout bas:
Ma chère Pour qu’il s’arrête là,
Sûrement qu’y m’connaît pas
D’vant un porto, j’espère chez lui
En fait d’souper
Qu’il n’aura pas que des biscuits
J’engloutis
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
J’pousse pas de p’tits cris
Mais c’est toujours ça de pris.
***
À présent que j’ai fini
D’chanter ma chansonnette
Si cet air peut vous plaire
J’en serais très fière
Mais écoutez-moi
Et ne soyez pas assez bête
Pour laisser fuir ailleurs
Le moindre bonheur
S’il ne dure qu’un moment
Dites-vous gaiement:
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
Moi ça me suffit
Y’a pas d’petits profits
***
Car je le prétends
Pour être heureux sur terre
Il faut dans la vie
De la philosophie
Quand chaque soir j’arrive ici
Pour un moment
Je n’ai pas … de mes soucis
Je me dis:
***
C’est toujours ça d’pris
Comme disait ma grand-mère
C’n’est qu’une heure d’oubli
Mais c’est toujours ça de pris.
***
Le Doux Caboulot (1932)
musique de Larmangeat et paroles de Francis Carco (François Carcopino-Tusoli, 1886, 1958)
Le doux caboulot
Fleuri sous les branches
Est tous les dimanches
Plein de populo.
La servante est brune,
Que de gens heureux
Chacun sa chacune,
L’une et l’un font deux.
Amoureux épris
Du culte d’eux-mêmes.
Ah sûr que l’on s’aime,
Et que l’on est gris.
Ça durera bien
Le temps nécessaire
Pour que Jeanne et Pierre
Ne regrettent rien.
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