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Virez-moi ces nymphes que je ne saurais voir !

12 avril 2019

Article de Caroline Artus paru sur Boulevard Voltaire le 1er avril dernier

Hylas et les Nymphes, le tableau du peintre John William Waterhouse (1849-1917) dans la salle appelée « Recherche de la beauté » de la Manchester Art Gallery, au Royaume-Uni, est remisé. Le temps, pour le musée, d’écrire, à sa place, un texte de « contextualisation ».

On vit vraiment une époque formidable ! D’un côté, elle ne voit rien à redire à des femmes (des « artistes ») à quatre pattes à poil dans les rues ou à poil encore tournant autour d’un cheval à vociférer sur la scène d’un théâtre [cf. articles à venir]. Notre époque ne s’offusque pas, non plus, quand une « performeuse », dans la rue, fait toucher ses parties intimes aux passants ni qu’une autre, nue dans un musée, écarte les cuisses devant L’Origine du monde. Mais, de l’autre, elle fait une poussée d’urticaire géant à la vue de jolies jeunes filles dont on ne voit que les seins nus, hypnotisées par un beau jeune homme. La mythologie dont s’inspiraient des peintres comme John William Waterhouse, la conservatrice du musée, connaît pas ? 

Alors, qu’est-ce qui la gêne, Clara Gannaway, dans ce tableau – mais aussi dans tous les autres exposés à ses côtés ? C’est qu’ils présentent « le corps des femmes en tant que forme passive et décorative, soit en tant que femme fatale ». C’est sûr que les énergumènes susnommées, adeptes d’un spectacle vivant dépouillé (de tout vêtement) sont tout sauf passives dans l’expression de leur art. Mais passons. Et donc, continue la dame, comme on vit dans « un monde traversé par des questions de genre, de race, de sexualité et de classe qui nous affecte tous (sic), il devient impératif de faire parler ces « œuvres d’art d’une façon plus contemporaine et pertinente ».

Ah, on se disait bien : au diable la mythologie, place à l’idéologie ! À l’aune des cinquante nuances d’identités de genre, il devient inadmissible, impensable d’avoir peint, il y a plus d’un siècle (en 1896), montré des jeunes filles et un homme, dans le plus simple appareil, sans avoir vu que dans le futur (en 2019), le monde serait « traversé » par toutes ces « questions de genre, de race, de sexualité et de classe ».

Alors, elle cogite. À une « contextualisation » de cette œuvre. À réécrire son histoire, quoi ! Hylas, fils d’un roi grec ? Tiens, Hylas, fils d’un salaud de riche entraîné dans les profondeurs à jamais – bien fait pour lui – par de pauvres jeunes filles innocentes qu’il rêvait d’abuser. John William Waterhouse ? Un mâle dominant de presque cinquante ans, un réac qui se rinçait l’œil en peignant ses modèles, qu’il exploitait. Évidemment. Et les nymphes : des jeunes filles en voie de transition, revues et coloriées ? Toutes les idées sont les bienvenues, l’imagination idéologique ne connaît pas de limites…

J.W. Waterhouse s’inspirait donc des grands peintres italiens du mouvement préraphaélite du XVe siècle. La conservatrice, elle, ce qui semble l’avoir inspirée, pour le décrocher, cet horrible tableau, c’est le mouvement… MeToo ! Un Hylas, blanc, hétéro, enlevé par de jolies jeunes filles folles de son corps, c’était déjà dur à avaler mais que l’auteur de cette infamie soit un homme, encore plus !

Clara, coupée à la garçonne, tempête. Tellement insupportable que « seulement des artistes hommes s’intéressent à des corps de femmes », alors, elle veut un débat. Mais un débat sur le genre, la race, la sexualité, tout ça, les visiteurs, ça ne les intéresse pas ! Ils veulent qu’on leur rende Hylas et les Nymphes, basta !

Tous les autres tableaux de nus exposés dans cette même salle seront bientôt passés sous le crible de la contextualisation. Et, en conséquence, exit richesse et grandeur des émotions. Et tous les tableaux de nus dans tous les musées de notre continent à contextualiser ? Films, livres, bandes dessinées, chansons, sculptures, enfin, tout, absolument tout doit donc y passer ? Il va en falloir, des Clara Gannaway, pour se taper le boulot !

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Commentaire d’un correspondant :

C’est un texte du 1er avril qui n’est plus en ligne  (blague ?) Il me semble mal présenter (« du mouvement préraphaélite du XVe siècle »  oups ! du XIXème  oui !)  une avanie arrivée en février à la suite d’une œuvre d’Art Contemporain, mais le problème de fond semble réel lui, hélas !

 

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14/4/19

En compléments au « poisson d’avril » précédent, parfaitement plausible et plus vrai que nature ; du même auteur, sur le même site et finalement le même thème :

Les remarques en bleu sont de moi. J.-P. F.

I – Nus dans les rues de Zurich : pas de panique, c’est de l’art, pas du cochon !


25 août 2018

Des jeunes, des moins jeunes, des hommes, des femmes, des beaux, des pas très beaux, des même très vilains si vous voulez mon avis : tous à poil dans les rues de Zurich. Leur message ? “Qu’on est tous des humains, qu’être humains n’est pas quelque chose qui est déjà là […] ». Aussi, à quelles “performances” se sont-ils livrés pour confirmer cette admirable pensée ?

Eh bien, pour marquer tout le respect que les hommes leur doivent, on voit des femmes, immobiles à quatre pattes sous le crépitement des appareils photos de bidochons en goguette qui, eux, se contorsionnent pour effectuer la meilleure prise afin d’immortaliser la scène sans que Maman n’ait à redire, puisque c’est de l’art. Pour révéler leur grâce, d’autres, debout, se fourrent un papier dans l’entrejambe et, pour évoquer toute leur poésie, certaines s’offrent, assises les jambes écartées, à quelques centimètres du nez de badauds ébahis… Enfin, pour bien faire comprendre qui porte désormais la culotte, en occurrence qu’en cette occasion elles ont passé par-dessus la jambe, une autre encore, l’œil mauvais, penchée en avant, tire sur la laisse passée autour du cou d’un pauvre type allongé sur le bitume, qui se tortille, en essayant de ne pas se râper le derrière ou, pire, le devant.

Quant aux bonshommes – ceux qui ne sont pas tenus en laisse -, l’air fièrement niais, le nez au vent, ils se dandinent le bazar à l’air. Ou ils prennent la pose : couchés, assis, debout, à quatre pattes. Eux aussi ! Décidément, c’est une manie à quatre pattes. Un retour aux sources, peut-être. Mais que nous disent-ils donc, ces chevaliers d’un genre nouveau, là, dans leur plus simple appareil ? Qu’ils n’ont “pas peur”. Des pudiques et rigoristes islamistes qui pourraient passer par là ? Non, des “policiers et des autorités” qui les arrêteraient… alors qu’elles ont pourtant donné leur accord.

Et du côté de l’organisation du festival, comment voit-on la chose ?

Avec leurs corps nus, les artistes internationaux [oui, car nous avions oublié de préciser que ces tout nus urbains sont des artistes [et internationaux ! enfin dudit monde occidental]] réalisent des vues d’ensemble intégrant les passants et l’architecture environnante. Ils rendent en outre visible l’exposition et la vulnérabilité du corps humain. Ils montrent aussi sa force et son rayonnement dans le contraste existant entre l’urbanité civilisée et la nature brute”, écrit le festival.

Un retour à la nature brute ! Sauf que, dans sa grotte, la Néandertalienne se dépêchait de réchauffer son nouveau-né en le couvrant de peaux de bête et que les actuels peuples primitifs protègent toujours leur bijoux de famille avec un cache-sexe…

Que voulez-vous ! S’exhiber publiquement les fesses à l’air en prenant des positions aussi impudiques qu’improbables donne “une sensation extraordinaire” ! Enfin, il paraît. Car c’est tellement formidable de “perdre [son] identité quand [on] enlève [ses] vêtements”, explique, sérieux comme un pape, un performer [sic] velu et barbu. C’est vrai, aussi, qu’on devient “une personne différente” que “les gens [vous] regardent différemment”, s’étonne-t-il. C’est vrai, on n’y avait pas pensé !

Nous y voilà. Catapultés dans un « nouveau monde » peuplé d’hommes nouveaux. Après la perte de tout sentiment national ou patriote, celui d’une certaine hiérarchie des valeurs tant sociétales que civilisationnelles. Après des siècles de progrès quand les générations cherchaient avec avidité à dépasser les précédentes, le nouveau Sapiens sapiens, lui, ne rêve que régression. Nu comme un ver, muet comme une carpe, il commencerait même “une nouvelle sorte de communication”, explique l’un d’eux. Remarquez, à une époque où intelligence concrète, logique, bon sens ne peuvent plus se manifester librement, peut-être bien qu’il “a besoin de liberté avec [son] corps pour [s’]exprimer”… En tout cas, avec un tel spécimen à poil dans sa tête et dans son corps, la civilisation qui a mis des siècles à émerger n’en mettra pas autant à se barrer…

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II – A pied, à cheval, à poil : Laetitia Dosch fait son rodéo

 


30 août 2018

Mardi dernier, les téléspectateurs de RTS (Suisse), en regardant le journal de la mi-journée, n’en sont pas revenus : la rédaction a autorisé, sans avertissement préalable, la diffusion d’un extrait de Hate, pièce dans laquelle Laetitia Dosch s’exhibe à poil. Décidément, à poil devient une manie ! Mais, cette fois, avec un cheval. On progresse.

Hate ? “Haine”, en français : drôle d’appellation pour un metteur en scène qui promeut un “rapport à la paix” (P.A.I.X., précise-t-elle sottement), l’égalité des espèces, l’antispécisme, donc, avec son corollaire, l’arrêt de « la domination de l’homme sur l’animal ». “Et si, une fois, c’était l’animal qui considérait l’être humain ?”, s’est-elle interrogée avant de monter son truc.

Pauvre cheval ! Planté comme un piquet au milieu du manège à subir les éructations d’une bipède hystérique, il rêve probablement d’aller manger tout son saoul l’herbe tendre de la prairie, de galoper crinière au vent ou de piquer de petits roupillons, tranquille peinard, dans son box douillet. Il s’en prend tellement plein les oreilles, le stoïque équidé ! Ni charitable, ni spéciste, son attitude, à Laetitia Dosch.

Fantoche, c’est son drôle de nom, à la brave bête. Avec lui, “la givrée magnifique” qui n’hésitait pas, sur scène, à se vautrer dans son urine avant de proposer une bise à un spectateur (si, si) veut donc démontrer la possible égalité entre espèce animale et espèce humaine. Mais Fantoche, de plus en plus souvent, se rebiffe, explique l’actrice à la journaliste de la RTS. Il s’émancipe. Il devient « tout fou, il fait des bêtises, il fait des bisous, on est contents » : chouette ! Laetitia pouffe. Fantoche piaffe. Ou le contraire.

Quelle “Hate”, en tout cas ! C’est qu’elle est très en colère, le pubis à l’air ! Le monde part à vau-l’eau et personne ne fait rien ! « Le climat » sous lequel on va bientôt tous griller, « le chômage » et les gens qui « crèvent », les migrants qui fuient « le chaos de la guerre », tout y passe. Tout ? Et le terrorisme islamiste, les couteaux fous, les viols de « déséquilibrés » ? Silence radio.

Oh, quelle grâce toute féminine, à crier, hurler, vociférer, gesticuler, débiter son texte à une allure qui hésite entre trot et galop, chez cette écuyère, plus anatomique qu’académique, qui a tout fait dans sa vie. “Manger, dormir, tué sa psychanalyse, se mettre sur Instagram, torcher des enfants”, etc. Elle aurait même fait congeler ses ovules en Espagne (2.500 euros, les salauds !), et ceux qui ont fait ça « ont intérêt à lui donner des perspectives avant ses 42 ans ». Et le reste du même tonneau. « On est vraiment dans la merde ? » Avec semblable représentation de l’espèce humaine, on ne le lui fait pas dire. On serait à la place du cheval, on hésiterait sacrément avant de prendre en pension un humain.

Alors, après tout ce contre quoi elle ne peut rien faire (chômeurs, migrants, tout ça dont, si vous voulez mon avis, en réalité elle se contrefout), elle se « demande encore ce qu'[elle] fait là ». Le pauvre Fantoche et nous aussi ! Un ami me rappelait cette phrase du pape Pie X : “L’âme d’une civilisation se révèle tout naturellement dans sa culture équestre.” Il en pense quoi, Fantoche ?

On remarquera que les temps estivaux facilitent ce genre d’ébats « artistiques ».

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Ajout du 15/4/19.

En parallèle avec son concitoyen John Waterhouse, trois photos, parmi d’autres, d’une séance de poses (du 8/11/2011) consacrée au Songe de Poliphile (celui qui est aimé de plusieurs, ou celui qui en aime plusieurs).

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From → divers

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