Déliquescence ukrainienne suite.
Ajoutons au récent constat d’il y a un ou deux jours, qu’après le retrait des candidats à l’élection présidentielle ukrainienne Natalia Korolevskaïa du parti Ukraine En Avant et surtout Oleg Tsarev le leader des fédéralistes du sud-est, c’est maintenant le premier secrétaire du Parti Communiste Piotr Simonenko qui vient d’annoncer son retrait de l’élection présidentielle.
Comme disait en substance, il y a peu, le gnome quasi décérébré Gélatine : « élection présidentielle en Ukraine, seul scrutin valide et digne de foi » ! Et alors qu’on arrive déjà, depuis les manifestations du début d’année, à plusieurs dizaines de morts : pour une bonne part des civils et des opposants à la junte. Sans parler des centaines de blessés. Référendums populaires très largement suivis et plébiscités… ou élection présidentielle pour élire un oligarque nouveau milliardaire pro-occidental dans le vent, un président déjà annoncé, un certain Petro Porochenko … où est la vraie farce ? Le mal me vient d’ailleurs pas d’aujourd’hui mais remonte à la fin de l’URSS.
Ce retrait fait donc suite à la menace des fantoches au pouvoir d’interdire ou de dissoudre le Parti communiste. Mais ce qu’il faut savoir est que le principal bastion du Parti Communiste Ukrainien est le Donbass sécessionniste, la région côtière à l’ouest du Donbass et la région de Kharkov plus au nord, cette dernière étant au bord de la sécession. Le vote communiste représente plus de 25% dans la région de Lougansk et plus de 20% dans celles de Kharkov, Zaporojie, Kherson. Les seules régions de Donetsk et de Lougansk, ce n’est pas rien, ce sont quand même 7,3 millions d’habitants sur les 45,5 millions que compte l’Ukraine. Soit plus d’une fois et demie la population de la Bretagne historique (i.e. à cinq départements, Loire-Atlantique comprise) pour prendre un exemple français.
Et ce retrait fait suite surtout aux massacres d’Odessa, Marioupol, Slavansk (et autres encore dont les noms ne me reviennent pas présentement) où des militants communistes, entre autres, ont perdu la vie. Odessa dans le brûlage et l’abattage (il n’y a pas d’autres mots) de civils. Marioupol port de la Mer d’Azov, dans l’abattage de participants totalement pacifiques à la fête nationale russe du 9 Mai. Et les deux fois non pas même par ce qui reste de l’armée « régulière » dite « loyaliste », mais par les milices de la junte. Il semble établi que les militants communistes comme les militants du Parti des régions ont rejoint clairement les instances dirigeantes du mouvement et les milices séparatistes. Rappelons que ces milices anti-Kiev comportent non seulement des civils mais aussi des policiers, douaniers, militaires opposés à Kiev.
Ce sont donc, je le répète, les deux fois des bandes armées pro-occidentales et pro-putschistes de la droite extrême la plus violente, barbare et xénophobe qui soit, qui sont les auteurs des tueries. D’ailleurs, depuis la fausse révolution américano-sioniste (je mets dans les sionistes la sinistre Union européenne) qui n’a pas hésité à assassiner dans la rue des civils et de policiers pour prendre le pouvoir, il n’y a pas un jour sans exaction violente et mortelle en Ukraine.
Et j’ajoute que le sort des policiers ou militaires « contestataires » du Donbass et alentours n’est pas enviable. Il y a quelques jours on apprenait, par exemple, que dans une ville l’armée avait pris d’assaut avec des chars un commissariat rebelle tuant tous ses occupants ; dans une autre c’était le chef de la police locale qui avait abattu ses subordonnés, mal lui en pris car la population l’a capturé, je ne connais pas son sort.
On a appris ce matin même par la voix d’une certaine Stella Khorocheva, porte-parole du « maire populaire » de Slaviansk, que les gradés de la Garde Nationale fidèle à Kiev venaient de tuer froidement, à Slaviansk même, dix de leurs hommes de troupe qui avaient tenté de passer du côté des forces d’autodéfense.
Ce qui va de pair avec le refus de tout dialogue avec les représentants (dont de nombreux élus) du Sud-Est, y compris dans les semblants de tables rondes du côté de Kiev que tentent d’initier les fantoches – par contre, prêts à y inviter quelques potiches religieuses. Il suffit de voir la tête de faux-jeton de l’actuel premier ministre pour voir où les ukrainiens vont. Arseni Iatseniouk, moi je l’appelle Arsenic.
*
Kharkov n’est rien de moins que la ville la plus importante d’Ukraine, plus encore que Kiev (où la langue la plus parlée est le russe d’ailleurs, et où ces dernières années des actions pour limiter la scolarisation en russe ont été opérées). Durant toute la période soviétique elle fut même la véritable capitale économique et industrielle de l’Ukraine. Il faut savoir qu’en 1996, le conseil municipal de la ville choisit le russe comme langue de travail avec les autorités centrales, le russe étant la langue maternelle de la majorité de l’oblat et de près de la moitié de la population municipale. Il s’en suivit un conflit avec Kiev qui déclara cette décision illégale. Revenant à la charge l’été 2000, le conseil municipal décida d’utiliser le russe en plus de l’ukrainien. En mars 2002, un référendum donna 87% d’habitants favorables à l’utilisation du russe. En mars 2006, le conseil municipal déclara que le russe avait le statut de langue régionale. Ce qui fut contesté par le procureur général de Kiev qui sera débouté en février 2007 par la Chambre d’appel de la région. En juillet 2007, le russe sera confirmé comme langue régionale.
Il ne faut pas oublier l’aspect historique dans tout ça. Ainsi, les séparatistes du sud-est (où l’on retrouve, ce que l’on dit bien moins, aussi bien des ukrainophones que des russophones, et des membres de diverses minorités, d’ailleurs il y a de nombreux bilingues) se veulent les héritiers d’une ancienne entité ukrainienne fluctuante dénommée la Novorossia, la Nouvelle Russie. Du côté de Zaporojie se tenait autrefois une partie des fameux Cosaques Zaporogues. Qui n’a jamais vu le tableau d’Ilya Repine : Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au Sultan Mahmoud IV de Turquie ? Qui ne connait pas la Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople de la Chanson du Mal-Aimé de Guillaume Apollinaire :
*
Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d’immondice et de fange
Nous n’irons pas à tes sabbats
*
Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D’yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
*
Commentaires fermés