BOUT DE PAPIER.




En ce moment, où je mets ou remets en boîtes à archives des vieux papiers de moi, je suis tombé par hasard sur une feuille de cahier jaunie écrite – j’ai toujours aimé dater mes bouts de papier, plus hier encore qu’aujourd’hui – le 21 mars 1966, entre 5 h 5 du soir et 5 h 30, puis de 10h 10 à 11 h 20, et le lendemain reprise et corrigée, pour ne pas dire en grande partie remodelée, rythme compris, à partir de 10 h 25. Probablement du soir, car c’était un mardi, jour de classe. Je n’ai pas l’heure de fin. J’ai toujours préféré l’entame à la finition (impossible?!).
Le 21 mars étant d’ailleurs le premier jour du Bélier dans le zodiaque astrologique, correspondant au jour ou à un jour près, selon les années, de l’équinoxe de printemps. À l’époque j’ignorais bien évidemment qu’Inanna, la déesse sumérienne, serait bientôt dans l’air, dans son retour annuel des Enfers, lors de la première pleine lune suivant l’équinoxe de la saison printanière. Moins d’une semaine plus tard, j’entamais ma quinzième année.
Pour l’heure, je livre ce petit poème après avoir renoncé à l’améliorer, dans ses rimes en particulier. Au passage, j’ai pu constater que mon amour des rimes riches (et des jeux de mots) ne date pas d’hier.
Dans un temps où j’ignorais quasiment tout de la prosodie poétique et plus encore d’un auteur comme Antoine du Verdier (1544 – 1600), j’ai donc reconduit sans le savoir au moins une fois à la rime, deux « omonimes » tels qu’il les concevait dans son ouvrage Les Omonimes, satire des mœvrs corrompues de ce siècle (A Lyon, par Antoine Gryphius. 1572). Autrement dit en des fins de vers homophones, (chez lui consécutifs), portant au moins sur un mot entier (pas spécialement bref) et pouvant se développer en des sortes de jeux de mots. Avec généralement relation de sens ou opposition de sens d’un vers à l’autre. On peut voir que mes deux seuls vers de ce type sont en relation de sens l’un avec l’autre.
Printemps
Déjà l’aube de la jeunesse
S’en vient à me quitter.
Une grande tristesse
En mon cœur s’est posée
Sur les amours qui des jeux naissent.
Printemps passant voici l’Été
Mais à l’Hiver pensant
Je ne vois sa clarté ;
Alors réalisant
Je pense à ce que j’ai été.
Partout les feuilles bourgeonnantes
Indiquent le Printemps.
Une amour bien mourante :
Voilà en ce moment
Ce qu’est ma jeunesse expirante.
Printemps de vie, Printemps chéri,
Pourquoi me quittes-tu si tôt,
Alors que tu es mon ami,
Ami secret que j’aime trop ?
Des feuilles qui bourgeonnent
Jusqu’à l’Hiver qui sonne –
Froide saison, noire et glacée –
Nous devons vieillir d’une année.
Pour finir, me reste à dire que j’ai légèrement revu ma ponctuation d’origine. Et à citer deux fragments qui sont finalement passés à la trappe de la relecture (la nuit portant conseil j’espère) entre le lundi et le mardi : Aux matins brumeux / Pendant l’an qu’avons-nous été ?

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