David Hamilton et la meute aboyeuse
Publié le21 février 2023pardefensededavidhamilton
Répétons certaines choses élémentaires. Bis repetita placent… Il est absolument extraordinaire de constater qu’aujourd’hui – en 2023 – il existe encore des gens pour considérer (ou faire semblant de considérer?) qu’il y aurait quoi que ce soit de scandaleux dans l’œuvre de David Hamilton. Œuvre publiée dans d’innombrables albums et où il est impossible d’apercevoir un seul sexe féminin ouvert; où il n’existe aucune représentation d’un acte sexuel; et où l’on ne voit rien de plus, voire où l’on voit moins de ce que l’on voyait (et souvent dans la vulgarité qui est celle de toutes les masses) sur la moindre plage naturiste d’hier – ou d’aujourd’hui.

Nous vivons dans un monde où tout change. Le mariage homosexuel a été autorisé et, pays après pays, au train où vont les choses, est et sera adopté partout. Certains pays européens autorisent aussi les adolescents à changer de « genre ». Sur les scènes des festivals de musique (en Italie, il y a quelques jours, le festival de San Remo), des artistes – ou définis comme tels par les présentateurs – s’embrassent à pleine bouche, entre hommes, ou se présentent sur scène avec des sex toys. Que l’on se rassure, le blog « En défense de David Hamilton » n’est pas bigot. Mais est-il réellement nécessaire d’imposer le spectacle de baisers à pleine bouche (que ce soit entre hommes et hommes, entre femmes et femmes, voire entre hommes et femmes) à la télévision puisque des enfants en grand nombre sont susceptibles de se trouver devant le petit écran? Est-il nécessaire, surtout, d’imposer des baisers qui n’ont rien de poétique ou d’esthétique, mais ont souvent été programmés d’avance pour faire grimper l’audience et créer de faux scandales?

Dans ce monde-là, il y a encore des gens pour trouver scandaleuse l’œuvre de… David Hamilton?
Il est absolument extraordinaire de constater qu’aujourd’hui – en 2023 – il existe encore des gens pour considérer (ou faire semblant de considérer?) que David Hamilton aurait été « un photographe malade ». Un correspondant m’écrit ainsi pour me dire que David Hamilton avait « certainement » (sic) de « sérieux problèmes mentaux »… Le terme de malade fait rire. Comment des personnes qui n’exercent pas la profession médicale se permettent-elles, au demeurant, un diagnostic de cette nature? David Hamilton, de son vivant, a-t-il jamais été déclaré « malade » par un tribunal? Non. Par un médecin? Non, pas à ma connaissance. Si David Hamilton était « malade », alors des dizaines de milliers de photographes, de sculpteurs, de peintres, tout au long d’environ trois millénaires d’histoire de l’art, étaient « malades », si le fait de réaliser des nus féminins devait devenir synonyme de « maladie ». Une maladie s’identifie d’après des signes, des symptômes. Des médecins, éventuellement, auraient pu arriver à une conclusion à la suite d’un examen analytique d’une situation complexe. Mais comment le premier lecteur de revues que l’on trouve, généralement, dans la salle d’attente des dentistes, se permet-il de décréter sans autre forme de procès que David Hamilton aurait été un « malade mental »?

Oui, il est absolument extraordinaire de constater qu’aujourd’hui – en 2023 – il existe encore des gens pour considérer (ou faire semblant de considérer?) qu’il y aurait quoi que ce soit de scandaleux dans l’œuvre de David Hamilton, et qu’il s’agissait d’un « malade ». Les propos de cette sorte non seulement insultent la mémoire d’un mort, ce qui n’est pas une attitude noble, mais ne se basent sur rien de concret. Ni sur une décision judiciaire qui aurait frappé David Hamilton. Ni sur le simple examen de son oeuvre.
La société actuelle est une société de délation, c’est une société d’ignorance, c’est une société où tout le monde ou presque cherche à psychiatriser, c’est-à-dire à soumettre des artistes, comme ici David Hamilton, à une interprétation psychiatrique. Cette psychiatrisation de la société dure depuis longtemps, certes, mais elle est profondément néfaste.
Il est absolument extraordinaire de constater qu’aujourd’hui – en 2023 – il existe encore des gens pour démontrer, au sujet de David Hamilton (et pas qu’au sujet de David Hamilton, certes) une absence totale de sens critique. Un esprit véritablement libre est celui qui n’accepte aucune assertion, absolument aucune, sur quoi que ce soit, sans contrôler la valeur de son contenu et, notamment, son origine. « La crédulité est un signe d’extraction : elle est peuple par essence. Le scepticisme, l’esprit critique est l’aristocratie de l’intelligence » (Goncourt).
Lors de la mort de David Hamilton, en 2016, on a vu un grand nombre de personnes admettre sans le moindre contrôle tout ce que les gazettes imprimaient sur le grand photographe. Les accusations contre David Hamilton étaient si graves qu’elles eussent réclamé un examen objectif, un examen raisonné. On aurait dû soumettre les accusations contre lui, et les circonstances de sa mort, à une enquête. Tout comme on devait (et l’on doit encore) analyser son œuvre en vue de discerner ses mérites et ses défauts, ses qualités et (pourquoi pas?) ses imperfections.
Sur Internet, on trouve une grande quantité de photographies qui ne sont nullement de David Hamilton mais qui lui sont attribuées. Attribuées à tort! J’ai dénoncé ce fait sur ce blog.
En vérité David Hamilton (il suffit de réunir ses albums et de les ouvrir) n’a jamais photographié de choses laides ou pornographiques. Jamais. Il n’a jamais photographié que des modèles en âge nubile (au sens étymologique: latin nubilis « jeune fille qui est en âge d’être mariée », dérivant de nubere «se marier (en parlant d’une femme)», et avec l’autorisation des parents. Si une jeune fille est en âge de se marier, elle ne peut pas se faire photographier? Sait-on combien de jeunes filles rêvaient de se faire photographier par David Hamilton, dans les années 1970 voire 1980? Pour finir, il n’y a pour ainsi dire jamais d’enfants dans les œuvres de David Hamilton, contrairement aux œuvres d’autres photographes des années 70 et 80, eux aussi (des photographes dont le présent blog ne s’occupe en aucun cas).

Des PDF disponibles.
J’ai développé tout cela dans deux ou trois livres (encore disponibles sous forme de PDF), à l’intention de qui aurait encore de la curiosité intellectuelle. L’un de ces livres a été préfacé par l’un des derniers grands écrivains de langue française, mon ami Roland Jaccard, récemment disparu. J’ai développé tout cela dans d’innombrables articles de ce blog. A l’intention de ceux qui ne s’informent pas dans la presse de caniveau.
Ce qui est terrible, dans l’humanité, c’est la meute. Quand des gens, hommes ou femmes, de quelque nationalité que ce soit, se mettent en bande pour sévir. Se regroupent à l’intérieur d’une troupe de personnes qui harcèlent quelqu’un (ce fut le sort de David Hamilton en 2016) et s’acharnent à sa poursuite pour lui nuire, et le perdre. Ce qui est terrible dans l’humanité, c’est la meute aboyeuse des envieux, des médiocres, des ignorants. C’est sans doute pour cette raison que Dante est représenté, dans la ville de Florence, comme celui qui regarde et qui passe. Pareil au Christ décrit par les Évangiles, il traverse, il ignore la meute de ses calomniateurs. Et continue son chemin.
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