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Jules Barbey d’Aurevilly – Citations diverses

30 décembre 2022

– On vit plus dans la vie qu’on n’a pas que dans la vie qu’on a.

– L’expérience, ce fruit tardif – le seul fruit qui mûrisse sans devenir doux.

– J’observe que depuis quelque temps les premiers moments qui suivent le réveil sont beaucoup moins angoissés qu’autrefois…

– Jamais le souvenir de l’amour n’avait plus ressemblé à l’amour ; de toutes les réalités de l’existence, la plus puissante, c’est la chimère du passé.

– Il n’y a que la mort qui soit vivante dans ce singulier monde qu’on appelle la vie !

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– L’idéal économique des bourgeois est d’augmenter indéfiniment le nombre des consommateurs.

– Les gouvernements ne sont pas faits d’une autre pâte que les hommes auxquels ils commandent.

– L’auteur de l’Assommoir, cet Hercule souillé qui remue le fumier d’Augias et qui y ajoute !

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– L’avantage de la gloire – avoir un nom trimbalé par la bouche des sots!

– La renommée, cette sourde sonneuse de fanfares, qui ne s’entend pas elle-même quand elle sonne, car souvent elle s’interromprait.

– Les grands hommes sont comme les plus belles fleurs. Ils croissent sous le fumier et à travers le fumier que jettent sur eux les envieux et les imbéciles.

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– Etre poli avec un sot, c’est s’en isoler. Quelle bonne politique!

– L’ironie est un génie qui dispense de tous les autres et même de ce dont tous les autres ne sont pas dispensés, c’est-à-dire de cœur et de bon sens.

– La plus belle destinée: avoir du génie et être obscur.

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– Etre au-dessus de ce qu’on sait, chose rare. L’érudition par-dessus c’est le fardeau, par-dessous c’est le piédestal.

– On parle plusieurs langues mais on ne cause que dans la sienne.

– C’est surtout ce qu’on ne comprend pas qu’on explique.

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– Les livres ne ressemblent-ils pas aux chemins dont la longueur ne se mesure pas au nombre de pas qu’ils nous obligent à faire, mais à l’intérêt ou à l’ennui de la pensée, pendant qu’on les fait.

– Quel délicieux livre à écrire, les bêtises des plus grands esprits!

– La littérature moderne, à laquelle le bégueulisme jette sa petite pierre, a-t-elle jamais osé les histoires de Myrrha, d’Agrippine et d’OEdipe …

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– Il faut mentir aux passions pour les exciter.

– Les amoureux sont comme les somnambules; ils ne voient pas seulement avec les yeux, mais avec le corps tout entier.

– Les passions, pensait-elle, font moins de mal que l’ennui car les passions tendent à diminuer, tandis que l’ennui tend toujours à s’accroître.

– Le plaisir est le bonheur des fous. Le bonheur est le plaisir des sages.

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– Que de jeunes filles qui, dans la vie, rampent sur le sol comme des guirlandes tombées, et qui, plus tard, s’élancent et se tordent autour du tronc aimé et prennent alors leur vraie beauté de lianes ou de guirlandes…

– Son ondoyante taille profilait d’alliciantes ombres sur les draperies qu’elle éclairait en passant.

– Je n’ai pas besoin des sourires noyés d’Hermangarde, de cette bonne pâleur que le bonheur étend sur les joues des femmes dont le coeur est plein … pour m’attester qu’elle est admirablement aimée.

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– Je ne dis point que cela n’est pas insensé puisque cela est inutile, mais c’est beau, comme tant de choses insensées !

– La moralité de l’artiste est dans la force et la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral: il a été vrai.

From → divers

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