Mes réflexions du jour renaissant
Humour ?
On m’a raconté, autrefois, qu’il y avait un chien, que je dirais savant, qui faisait ses besoins devant la synagogue de sa cité. Véridique.
Drôle d’endroit, dirons certains, du moins ceux qui ignorent que ce chien avait une certaine culture. Malheureusement il avait eu quelques manques dans sa formation. Et possédait quelques lacunes en étymologie.
Il confondait synagogue et cynogogues, les toilettes pour chiens.
***
Fi’ d’chien ! Quel vit d’chien ! (sic)
Il m’est revenu tout à l’heure deux faits infimes que je n’avais jamais rapprochés l’un de l’autre.
Le premier.
« Il n’y a plus rien, plus plus rien » chantait autrefois Léo Ferré au début des années soixante-dix. Ce fut l’époque où son accompagnateur aveugle Paul Castanier, dit Popaul, et lui se séparèrent.
Bien longtemps après, j’ai appris que ce devait être en grande partie à l’initiative de Castanier qu’il arrêta d’accompagner, au piano, Ferré.
« Il n’y a plus rien… on ne dit pas ça à des jeunes ! » aurait-il affirmé.
Le second.
Au début des années quatre-vingt, me trouvant avec la personne dont j’ai dit quelques mots il y a peu, celle qui fait dans la diffusion de films, il me demanda : « Et toi, qu’est-ce que tu lis en ce moment ? »
C’était l’époque où je découvrais avec beaucoup d’autres, et bien longtemps après d’autres Cioran. Je le lui dis. Il me répondit : « Cioran, il y avait ici un livre de lui, laissé par quelqu’un, je l’ai ouvert, j’en ai lu une quarantaine de pages, puis je me suis arrêté… On ne dit pas ça à des jeunes ! »
C’est la dernière sentence de lui dont je me souvienne, ou plus exactement que j’ai eu l’occasion d’entendre.
C’était aussi l’époque où ce même moraliste invectiva Ferré dans l’un de ses récitals où je me trouvais également : « Ferré, regarde, c’est des bourgeois qui viennent t’écouter chanter ».
Quel cinéma ! Ou quel « cynéma », si l’on remonte dans le temps, puisqu’à cette même époque du début des années soixante-dix Ferré, indépendamment qu’il chantait : « avec le temps, va tout s’en va », ou « la solitude… », disait : « je suis un chien… mais je n’ai rien contre le fait que l’on laisse venir à moi les chiennes, puisqu’elles sont faites pour ça. »
On pouvait l’accuser d’être un tantinet provocateur, mais difficilement reconnaître en lui un cynophobe, qu’il n’a d’ailleurs jamais été avec la collection de chiens qu’il a pu avoir au cours de sa vie. Cela dit, je me demande si de nos jours les ligues de vertu féministes lui accorderaient encore le droit de le dire.
Et je me rappelle aussi le pauvre François Silly, dit Gilbert Bécaud qui, se croyant investi de je ne sais quelle mission, sortit alors une chanson raplapa dont le refrain était : « la solitude, ça n’existe pas ». Il est vrai que lui n’était jamais vraiment seul avec l’alcool.
En attendant Ferré et Cioran ne sont pas encore vraiment morts. Je crois que c’est parce qu’ils avançaient non masqués.
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