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Un éternel recommencement (nouvelle page de souvenirs)

5 décembre 2022

Tout de suite, cela m’amusait encore de voir mon épouse coller des timbres d’Intermarché, sur une brochure du magasin, pour obtenir quelque réduction ou quelque produit à moins cher.

Je lui ai rappelé en partie ce qui suit.

Cela me faisait penser à ma mère qui, quand j’étais tout gamin, collait tout au long des semaines des « timbres de la Ruche », à 1 franc ou à 5 francs, sur des pages idoines, qui lui donnaient une fois par an, en début d’automne je crois, une réduction sur les produits du magasin.

En tant qu’actionnaire, actionnaire symbolique détenant une part ou deux de la coopérative. La période d’après-guerre a été une grande période de coopératives ouvrières et commerciales. Une époque positive finalement, du moins par rapport à la catastrophe actuelle où les gens crèvent en partie de leur fait, d’en avoir eu trop dans le bec, du confort et de l’indolence. De la soumission au monde de la marchandise triomphante, de la consommation et de la consumation. Car, il faut le dire : macron — et les précédents — n’explique(nt) pas tout. Il n’est pas venu là tout seul.

Il y a quelques décennies, c’était le temps par exemple des Castors, coopérative d’entraide pour la construction de maisons populaires plus ou moins en cités ; et d’achat en gros de terrains à bâtir et de produits du bâtiment. Aujourd’hui, Casto, Castorama est une entreprise comme une autre et ne fonctionne plus pareil.

Mais pour en revenir aux « timbres de la Ruche », dans ma petite ville c’était la guerre entre La Coop Ruche-Union dont le grand siège se trouvait du côté de Vannes ou de Lorient, et les Docks de l’Ouest, futur Radar je crois.

Dans ma famille, on fréquentait exclusivement La Ruche. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Ou peut-être parce que Freulon était le patronyme de ma mère. Pendant des années, il y en avait d’ailleurs une, de Ruche, à même pas 50 mètres de chez nous ; elle connaissait un succès important ; elle faisait crédit, pour les gens généralement peu riches des HLM ; HLM qui se trouvaient, et se trouvent encore dans ma rue, mais qui viennent d’être rénovés et munis du dernier cri, je veux dire d’ascenseurs.

On était dans notre famille, mais je crois en avoir déjà parlé, pour La Ruche « contre » Les Docks de l’Ouest, comme on était pour les cars Drouin « contre » les cars Citroën, et pour Ouest-France « contre » L’Éclair ou Presse-Océan.

De nos jours on peut dire : feue La Ruche, feus les Docks de l’Ouest, feus les cars Citroën. L’Éclair a disparu, racheté par Ouest-France et Presse-Océan est une succursale de ce même Ouest-France. Les cars Drouin ont changé de nom et sont plus ou moins dépendants du Département sous le nom de Cariane, ou quelque chose comme ça. Et Drouin n’est plus qu’une entreprise de déménagement et peut être encore de fret. J’y ai travaillé quelque temps, en intérim, comme manutentionnaire. Mais c’est si loin …

Devant la mairie, sur la place centrale de ma cité, cela fait déjà plusieurs payes que le siège local de la Coop Ruche Union n’est plus. La Coop, la Ruche qui faisait alimentation mais aussi, vêtements et matériels divers. Une partie des bâtiments a reçu un centre des impôts ou des finances, du moins autrefois ; et quand je passe devant, je crois avoir vu des commerces autres et des appartements.

C’était du temps où le samedi, le centre-ville était bondé. On fréquentait alors la grand rue, l’Avenue de la Rèp (et non pas de la râpe). On est très républicains ici : on a même des boulevards de la Fraternité, de la Renaissance (pas celle du lointain passé, celle d’après 1945), de la Libération (celle de 1945 également). Et même un petit et plus récent Boulevard de l’Europe. Quand au Boulevard de la Liberté il se traîne du côté des industries. Il doit s’agir, par antithèse, de sacrifier à la gloire de l’esclavage salarié. Enfin, j’ai bien cherché : il n’y a pas de Boulevard de l’Égalité. Faut quand même pas exagérer, bien qu’ici la mairie « soye de gauche ». Y a des limites, quand même, non ?

L’avenue de la République, donc, avec plus loin les Nouvelles Galeries et plus loin encore en allant vers la gare, le Prisunic ; le Prisu beaucoup plus « pop » et moins achalandé que le précédent magasin. Feues Nouvelles Galeries et feu Prisunic dont les locaux accueillent aujourd’hui des commerces plus communs, plus anonymes.

C’était le temps enfin où, dans la rue perpendiculaire qui allait du Prisunic aux Halles, se trouvait une grosse Maison de la Presse. J’en ai-t-i’ acheté des livres dans cette boutique et de la papeterie ! Et croisé des intellos du coin, je veux dire des profs du lycée. Dois-je préciser que, de nos jours, il faut dire ici aussi : feue Maison de la Presse.

… Mais pas « feus les timbres » dans certains commerces alimentaires… Puisqu’ils sont réapparus au moins dans un magasin du temps présent.

From → divers

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