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UNE TEMPÊTE RUSSE VA S’ABATTRE SUR L’UKRAINE

14 septembre 2022

Très larges extraits d’un article du lundi 12 septembre 2022 d’Erwan Castel (Alawata)

*

Depuis l’échec de la stratégie initiale des opérations spéciales russes en Ukraine qui avait tout misé sur la vitesse et le choc pour faire plier le pouvoir de Kiev, la « seconde phase opérationnelle » entamée en avril dans le Donbass sur la base d’écrasements d’artillerie et d’assauts urbains est arrivée à sont tour au bout de ses succès tactiques (Marioupol, Popasnaya, Severodonetsk, Lisichansk…) et ce jusqu’à voir aujourd’hui l’initiative opérative passer du côté ukrainien (appelons un chat un chat et un échec un échec). 

Le temps de changer le format stratégique des opérations militaires russes en Ukraine est arrivé et la contrainte par une puissance mesurée doit maintenant passer le relais à une destruction par une puissance démultipliée. pour répondre à l’ « otanisation » exponentielle des forces ukrainiennes.

[…] je laisse la parole au Président de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadirov, qui affiche depuis toujours dans ses paroles (certes dans un style un peu fanfaron) et dans ses actes, à la fois sa fidélité totale sans courtisanisme au président Poutine mais aussi une liberté de penser sans autosuggestion, […]

Voici ce qu’à dit Ramzan Kadyrov concernant le retrait russe des secteurs de Balaklaïa, Koupiansk et Izioum :

Moi, Ramzan Kadyrov, je vous déclare officiellement que toutes ces villes seront rendues. Nos gars sont déjà là. 10.000 autres combattants sont prêts à partir.

Dans un avenir proche, nous atteindrons Odessa, vous verrez des résultats concrets.

Je ne suis pas un stratège, comme au ministère de la Défense. Mais des erreurs ont été commises. Je pense qu’ils en tireront des conclusions. […]

Le fait que plusieurs villages et villes leur aient été abandonnés présente plusieurs avantages. Nous n’avons pas fait de publicité, mais nous avons une tâche particulière. Nos gars se sont levés et ont commencé leur travail.

Dans un avenir proche, nous rencontrerons les commandants militaires, nous leur expliquerons ce qu’est le patriotisme. Les patriotes ne devraient pas être offensés si quelqu’un a fait quelque chose de mal. Nous devons rassembler les gens.

Je sais une chose. La Russie gagnera. Les armes de l’OTAN seront supprimées grâce à l’esprit de nos combattants. A notre venue les ennemis tremblent déjà des mains et des pieds.

*

Au lendemain de la percée ukrainienne réalisée sur Koupiansk et Izioum, et qui sera certainement aussi éphémère qu’elle fut audacieuse, les forces russes ont engagé visiblement depuis deux jours une radicalisation de leurs opérations offensives sur l’ensemble des fronts, de Kharkov à Kherson. A commencer par une intensification des bombardements stratégiques et un élargissement de leurs cibles aux centres énergétiques critiques ukrainiens. […]

1 / Intensification des bombardements stratégiques

Au cours des dernières 24 heures, tandis que des dizaines de brigades d’assaut convergent vers le front russo-ukrainien, une pluie de missiles de croisière russes s’est abattu sur les principaux centres stratégiques ukrainiens

2 / Déploiement de nouvelles unités d’assaut

Une armée a beau avoir la meilleure artillerie, les meilleurs blindés ou la meilleure aviation, ces forces ne resteront toujours que des appuis car, dans les batailles et depuis toujours c’est l’infanterie qui apporte à son peuple les lauriers de la victoire. 

En ce moment, l’Etat-Major russe réorganise son dispositif et l’articulation de ses unités avec l’arrivée de renforts conséquents et parmi eux de nombreuses unités d’assaut entraînées aux combats les plus difficiles.

[Par exemple] La République tchétchène a levé 3 nouveaux bataillons de 560 personnes chacun et un régiment de forces spéciales spécial de 1500 combattants, tous en route vers le front Avec ces 3180 professionnels supplémentaires formés à toutes les missions de combat il y aura sous peu sur le front du Donbass parmi les forces alliées 2 régiments « Akhmat » (Nord et Sud) et plusieurs bataillons tchétchènes pour emmener les assauts sur les bastions ukrainiens.

3 / Destructions des centres socio-économiques critiques 

Mais la « nouveauté » dans ces frappes russes intensifiées brutalement, c’est qu’elles ont ciblé dans toute l’Ukraine des centrales électriques, plongeant les populations ukrainiennes dans l’obscurité et les coupant de tous les réseaux de communications ou de distribution à régulation électrique.

Le 10 septembre j’écrivais ici : « Il est probable qu’au cours des prochains jours ces bombardements stratégiques russes, non seulement s’intensifient mais s’étendent aux infrastructures critiques de l’Ukraine comme les ponts sur le Dniepr, les centrales énergétiques, les ports et aéroports de commerce, afin de paralyser la vie socio-économique du pays et les ressources qui alimentent l’effort de guerre et aident à l’acheminement des aides militaires occidentales, des troupes et leur logistique sur le front ». 

Le réseau électrique d’un pays, dès lors qu’il est en guerre, devient de facto une cible pour son ennemi, au même titre que ses dépôts de carburant, ses ponts, ses centres de télécommunications, ses terminaux portuaires et aéroportuaires etc… L’électricité est devenue vitale dans tout conflit moderne, car elle alimente les réseaux ferroviaires (notamment en Ukraine) qui acheminent la logistique militaire et les unités vers le front, alimentant les usines d’armement mais aussi les réseaux téléphoniques et Internet, les radars… et jusqu’aux batteries des drones d’observation sans oublier la machinerie de la propagande..

Quand tous les jours des soldats meurent sur le front, le confort socio-économique de la population de l’ennemi ne pèse pas lourd dans la balance des objectifs militaires et, tant que la vie des personnes civiles ne participant pas directement à l’effort de guerre n’est pas intentionnellement menacée, détruire les réseaux électriques est acceptable et souvent nécessaire. De plus, déconnecter les grandes villes (et à la veille de la période hivernale) est la méthode soft pour faire fuir une partie de la population et ainsi paralyser l’économie d’un pays qui sont tous deux le socle moral de l’armée au combat. La centrale électrique c’est donc un objectif commun aux  guerres militaire, économique et psychologique. 

Ce sont quasiment toutes les grandes villes d’Ukraine qui ont été plongées dans le noir par ces destructions de centrales électriques critiques par l’armée russe:

Kharkov [y compris dans son métro], Odessa, Pavlograd, Nikolaïev, Poltava, Zaporodje, Dnipropetrovsk, Kremenchug, Kramatorsk, Zmiev, Dergachev, Sumy… pour ne citer que quelques-unes des villes ukrainiennes déconnectées. [Il a été dit depuis que des connections électriques auraient pu être rétablies, mais sans doute avant de nouvelles coupures radicales]

Marat Bashirov, responsable politique russe a commenté ces bombardements des centrales électriques ukrainiennes ainsi: 

« L’Ukraine est plongée dans le XIXe siècle. S’il n’y a pas de système énergétique, il n’y aura pas d’armée ukrainienne. Le fait est que le général Volt est venu à la guerre, suivi du général Moroz (« moroz » signifie gel) »

4 / Intensification des ripostes tactiques alliées

Après avoir cédé à l’offensive ukrainienne sur le front de Kharkov, pour éviter leurs encerclements, les forces alliées ont depuis le 11 septembre entamé des ripostes violentes grâce notamment aux premiers renforts envoyés en urgence sur les secteurs de Koupiansk et Izioum dont les quartiers Est sont toujours à priori tenus par elles. 

Sur les fronts de Kharkov et Kherson, où se déroulent les attaques ukrainiennes les plus importantes, à l’instar des bombardements stratégiques sur les arrières ukrainiens, on peut observer une augmentation drastique des destructions massives opérées par les forces alliées sur les positions ennemies, et qui chaque jour augmentent leurs pertes un peu plus.

Ailleurs la situation sur le front continue à s’exacerber sous les pressions offensives des  forces ukrainiennes qui sont réalisées un peu partout, qu’elles soient gesticulations ou attaques réelles. Ainsi au lendemain de l’offensive réussie vers Koupiansk et Izioum, les forces ukrainiennes sont repérées accumulant de nouvelles unité d’assaut par exemple devant Liman (Front Nord) devant Vougledar (Front Ouest) et devant Kherson (Front Sud), Et parfois de ces mouvements blindés naissent des attaques comme celle menée sur Peski, le village récemment libéré par les milices républicaines au Nord de Donetsk et qui a subi et repoussé un assaut mécanisée ukrainien le 10 septembre.

Peski

Peski était un point d’appui important du bastion ukrainien d’Avdeevka. Repris par les miliciens de la République Populaire de Donetsk (principalement le 11ème régiment « Vostok » et le bataillon « Somali ») ce village est devenu un saillant à partir duquel les forces alliés peuvent progresser au Sud- Ouest vers Krasnogorovka un autre point d’appui ennemi, au Nord vers Pervomaïske et les routes d’approvisionnement ukrainiennes et au Nord-Est vers Avdeevka.

Rappel cartographique de la situation sur le secteur de Peski

Les ukrainiens qui se sont repliés sur la ligne Pervomaïske – Vodiane – Opitnoe, probablement excités par leur succès sur le front Nord, ont tenté de reprendre Peski dans un assaut frontal et complètement suicidaire.

Les forces républicaines ont d’abord laissé entrer les 2 compagnies mécanisée et motorisée ukrainiennes ainsi que des chars d’appui dans le découvert au Nord du village avant de déclencher sur eux des tirs de barrage et antichars, puis une contre-attaque. Les ukrainiens ont battu en retraite laissant sur le terrain de nombreux tués et blessés ainsi que 2 chars et 2 BMP [véhicules militaires de l’époque soviétique] détruits.

Vougledar

D’autres secteurs du front allié sont sous la menace de nouvelles attaques ukrainiennes: Liman et Lisichansk, au Nord et à l’Est de Slaviansk, encore Peski au Nord de Donetsk, mais aussi Vougledar entre Donetsk et Volnovakha sur le front Sud de la République Populaire de Donetsk.

Vougledar est un point d’appui ukrainien important sur lequel s’appuie la ligne de front au Sud de Donetsk. Si cette dernière venait à être percée par les forces de Kiev, ces dernières menaceraient la ville de Volnovakha sur la route menant à Marioupol et déstabiliseraient la ligne de front au Sud de Zaporodje.

Pour ne pas répéter l’erreur attentiste de Balaklaïa des unités d’artillerie alliées ont été envoyées en renforts sur ce secteur pour casser les concentrations ukrainiennes préparant une offensive. […]

En conclusion

[…]factuellement l’OTAN, via son proxy [intermédiaire] ukrainien, est entrée en guerre contre la Russie !

Et cette stratégie belliciste occidentale – qui est sacrificielle pour l’Ukraine – va provoquer maintenant un engagement brutal des forces russes (que les occidentaux hypocrites qualifieront sans nul doute de disproportionné comme celui répondant à l’agression de leur précèdent proxy géorgien en 2008).

Et cela vient de commencer !

Après la destruction des matériels ukrainiens, mais aussitôt remplacés par les ressources militaro-industrielles des pays de l’OTAN, les forces russes vont désormais devoir détruire les ressources humaines de l’armée ukrainiennes que l’OTAN ne pourra remplacer sans entrer officiellement en guerre contre la Russie et donc risquer une escalade nucléaire. 

Cependant il ne faut pas oublier que l’Ukraine est un grand réservoir humain soutenu par quelques perfusions officieuses de volontaires venant de Pologne, des pays baltes, de Roumanie etc, et la saigner jusqu’à ce qu’elle capitule peut prendre du temps. Aujourd’hui la Russie est encore forcée par cette stratégie mortifère occidentale à aller plus loin dans l’escalade militaire. 

Dans cette guerre tragique, les occidentaux, enivrés par leur puissance technologique et leur arrogance idéologique ont oublié que si les armes « up to date » peuvent parvenir à une parité des forces matérielles, ce sont en revanche les qualités humaines, la volonté et la capacité de résilience qui font la différence sur le champ de bataille. Et comme les ukrainiens sont aussi des slaves capables de résilience et de combativité, il faut donc que la Russie, qui combattait jusqu’ici à 1 contre 3, rééquilibre le rapport des forces humaines à son avantage pour sécuriser son futur et faire triompher l’idée d’un monde multipolaire et ouvrir le retour d’un paix durable en Europe.

La claque que les forces alliées ont pris sur le front de Kharkov est donc « in fine » positive car elle achève de réveiller l’Ours et la conscience d’une mission existentielle dans le coeur de tous les peuples de la Grande Russie.

Il ne faudra pas que les occidentaux et leur proxy ukropithèque pleurent au milieu des frimas du général Hiver ou des ruines de Kiev, car le Président Poutine les avait prévenu début juillet qu’ils étaient en train de mettre le cap sur une tempête russe 

Moralité: La Russie est toujours poussée par l’OTAN vers l’escalade 

On observe en Ukraine, depuis 2014, cette stratégie occidentale classique qui consiste factuellement à provoquer des conflits mais à en faire endosser la responsabilité juridique par une Russie obligée existentiellement de réagir. Ainsi de l’ingérence occidentale sur le Maïdan provoquant le retour référendaire de la Crimée vers la Russie, Ainsi du sabotage permanent des accords de Minsk dans le Donbass provoquant l’intervention militaire russe pour crever l’abcès ukrainien….

Dans cette même stratégie perverse, les aides pléthoriques de l’OTAN ont mis en échec le format des opérations spéciales russes en Ukraine qui ne se voulaient que contraignantes, forçant aujourd’hui la Russie à monter encore d’un cran et passer vers des objectifs clairement orientés vers la destruction massive du potentiel ukrainien.

Mais quand les occidentaux et leur laquais kiévien comprendront-ils qu’ils ne pourront jamais vaincre l’âme russe ?

From → divers

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