Notules diverses complémentaires à l’article du 13 avril 2022 et suivants.
A — Retour sur la question du dépeçage prévisible du territoire ukrainien.

Sans trop vouloir entrer dans les détails de la question de l’avenir territorial de l’Ukraine, et en nous basant sur ce qu’on a pu apprendre de ci ou de là, et évoquer dans des articles précédents, il semble indéniable que ce que vise la Fédération russe ne sont pas seulement les deux républiques du Donbass (8) en voie d’être intégrées à leur demande à la Russie et la Crimée déjà de fait intégrée à sa demande, suite au référendum de 2014, à la Russie (9) mais l’ensemble de la Novorossiya ukrainienne (7+8+9), avec tout le reste de la côte ukrainienne, de Marioupol à l’Est à Odessa à l’Ouest, et même au-delà, dans le Boudjak.
Ce qui veut dire que cette Novorossiya réunirait — comme je l’ai déjà indiqué — ce qui rassemble une partie conséquente de l’industrie ukrainienne du secteur primaire (mines de charbon et de fer) et du secteur secondaire (sidérurgie, production d’ammoniac, d’engrais, etc.), avec plusieurs villes importantes dont Kharkov, Dnipro, Krivoï Rog, Zaporijjia / Zaporojie, deux ports importants Marioupol et Odessa, une centrale nucléaire conséquence, sur le Dniepr au Sud-Ouest de Zaporijjia, ainsi que le canal d’alimentation en eau de la péninsule de Crimée depuis le Dniepr.
Une manière de reprendre à leur compte tout une bonne part d’un développement industriel qui a été largement initié par le centre moscovite depuis Catherine II jusqu’à la fin de l’ère soviétique, et réalisé humainement au moins partiellement par des populations russes (y compris d’ailleurs à Kiev).
L’Ukraine traditionnelle est une Ukraine avant tout rurale, très peu industrialisée. Tellement rurale que de nos jours encore les ukrainophones n’utilisent un ukrainien unifié qu’au niveau de la langue écrite, considérée comme intellectuelle, voire artificielle, et que les dialectes en ce pays sont encore très vivaces.
Le drame de l’Ukraine est celui d’un pays qui n’a jamais pu ou ne s’est jamais donné les moyens de se constituer en État-Nation sur sa propre réalité, mais toujours contre un ennemi extérieur, jusqu’à la caricature mortifère qu’il montre actuellement. Du moins pour tous ceux qui sont emprunts de raison de par le Monde entier.
À cet ensemble s’ajouterait, s’ajoutera nécessairement — petites zones frontalières de la Moldavie, en vert sur la carte — la Transnistrie (10) et selon certains également la Gagaouzie qui est tatarophone et tournée vers la Russie (11). Tout en sachant que la Transnitrie république autoproclamée en 1992, fait encore partie officiellement de la Moldavie orientale (la Moldavie qui ne fait pas partie de la Roumanie, à dominante roumanophone qui avait été intégrée à l’empire soviétique). Et que la Gagaouzie est une réunion de petits territoires du Sud de la Moldavie qui ont un statut d’autonomie.
La Moldavie orientale (indépendante, ou Moldova) se trouve actuellement au pied du mur. Son gouvernement est devenu pro-occidental, mais sa situation économique totalement dépendante de la Russie dans le domaine énergétique, et très pauvre, lui interdit d’appliquer quelque consigne de sanctions économiques que ce soit. Considérant que la Transnitrie fait toujours partie de son territoire, elle est amenée également à récuser les attaques ukrainiennes contre la Transnistrie qui se sont développées la semaine dernière. Tout va dépendre pour elle de son attitude à venir par rapport à la Russie qui lui fournit gaz et pétrole.
Les dernières semaines ont montré que les dirigeants de la Pologne (1) se cachaient de moins en moins pour revendiquer une portion de l’ancien territoire ukrainien qui fut le sien, deux fois dans l’histoire d’ailleurs, et la première pendant très longtemps (plusieurs siècles), correspondant plus au moins à ce qui s’appelait historiquement la Polésie, la Volhynie (du moins sa portion occidentale) et la Galicie. Où se trouvent des minorités polonophones (essentiellement dans sa portion Ouest). Autrement dit : le foyer ultra-nationaliste, hystériquement anti-russe, et barbare bandériste de l’Ukraine.
Soit ce qui pourrait correspondre aux territoires des oblasti de Loutsk (a), Rivne (b), Lviv ( c), ville qui autrefois était peuplée essentiellement de Polonais, Ternopil (d) et Ivano-Frankivsk (e).
La Hongrie également a énoncé quelques velléités de récupérer les magyarophones qui se trouvent aux frontières de l’oblast de la Ruthénie subcarpathique, capitale : Oujhorod (2).
Pour l’instant, mais cela viendra peut-être, je n’ai pas rencontré d’informations concernant des revendications territoriales roumaines (3) et moldaves (4) concernant les zones frontières avec l’oblast de la Bucovine ukrainienne autrefois roumaine, dont le centre est Tchernivtsi, et où se trouvent des minorités roumanophones (il existe d’ailleurs une Bucovine roumaine).
Enfin (façon de parler, car il existe d’autres minorités linguistiques ou confessionnelles, très rarement reconnues en Ukraine) du côté des frontières du Nord-Est du pays, sur les oblasti de Tchernihiv (5) et Soumy (6), vieille cité russe comme Kharkov et ses environs d’ailleurs, deux oblasti semble-t-il de fort dépeuplement et de faible développement, il y a une présence de russophones et même (en 5) de locuteurs d’un dialecte mixte ukro-biélorusse.

Les contours du royaume polono-lituanien avec ses vassaux en 1619 superposé aux frontières actuelles 1 – La Couronne (Royaume de Pologne) 2 – Borussie ou Duché de Prusse 3 – Grand-Duché de Lituanie 4 – Livonie 5 – Duché de Courlande
L’Ukraine est le fruit d’un brassage de populations depuis des siècles et de découpages et redécoupages les plus divers sur un fond de pays qui n’a jamais connu, sauf à de très rares moments (de guerre par exemple, ou de haute époque moyenâgeuse), d’existence vraiment nationale et d’État indépendant.
Si ce n’est plus la Rus’ de Kiev qui est à l’origine de la Russie, de la Biélorussie et de l’Ukraine, ce n’est plus qu’une construction finalement assez récente et artificielle née de l’époque bolcho-stalinienne.
L’Ukraine, l’Ukraïna, la Marche de la Russie aux contours très fluctuants au cours du temps, est un pays qui a été confronté à diverses invasions ou peuplements de colonisation (par exemple les Khazars, et des peuples parlant diverses langues turques, ceci en particulier sur les côtes de la Mer Noire, ou des Cosaques) et qui a été vassal en partie ou en totalité de diverses entités telles que l’empire byzantin, l’empire ottoman, la Pologne, la Lituanie, l’Autriche ou … L’URSS, etc.)
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Entre les volontés à peine cachées de certains gouvernements de « profiter de l’occasion » pour tirer partie de la faiblesse de l’Ukraine et de la bêtise de ses dirigeants poussés au refus de négocier quoi que ce soit, volontés union-européistes non exemptes elles-mêmes de bêtise et d’irresponsabilité proprement phénoménale, et une soi-disant volonté des mêmes de déployer des troupes de maintien de la paix à l’Est, on aimerait connaître le sens réel à donner à ces deux faits rapportés par voltairenet.org :
1 — « Alors qu’un sondage [de nos jours, on fait la propagande électorale et la politique vaccinale ou guerrière par sondage, alors même, d’ailleurs, que l’essentiel de la population est maintenue dans l’ignorance des vrais enjeux] donne 56,8 % de la population polonaise favorable à un déploiement de troupes de maintien de la paix polonaises en Ukraine, sous commandement de l’Otan, de l’Onu [de plus en plus inféodé au camp atlantiste, soit treize % de la population mondiale] ou de l’UE, le président Andrzej Duda a déclaré : « Il n’y aura plus de frontière entre nos pays, la Pologne et l’Ukraine. Il n’y aura pas de telle frontière ! Pour que nous vivions ensemble sur cette terre, construisant et reconstruisant ensemble notre bonheur commun et notre force commune, qui nous permettront de repousser tout danger ou toute menace éventuelle ». (6 mai 2022, https://www.voltairenet.org/article216770.html)
2 — « Les Alliés ont rehaussé la présence avancée de l’Otan en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, et développé une présence avancée adaptée [sic] dans la région de la mer Noire. Des groupements tactiques multinationaux supplémentaires ont été mis en place en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie. Selon Ruslan Kosygin, chef adjoint de l’état-major général des forces armées du Bélarus, on assiste à un net renforcement des effectifs sur le front Est de l’Otan alors que des troupes US stationnées en Europe se sont repliées aux États-Unis. Tout est en place pour une confrontation militaire des Alliés contre la Russie, mais sans les troupes US. (5 mai 2022 https://www.voltairenet.org/article216759.html)
Pendant qu’un pince-sans-rire russe adresse ce message aux tarés européistes et otanistes : « Le vice-président du gouvernement russe, directeur de Roscosmos et ancien ambassadeur à l’Otan, Dmitri Rogozine, a déclaré le 8 mai 2022 qu’en cas de guerre nucléaire, les pays de l’Otan seraient détruits par la Russie en une demi-heure, mais il faut éviter cela car les conséquences affecteraient toute la planète. « Par conséquent, nous devrons vaincre cet ennemi, économiquement et militairement, par des moyens armés conventionnels », a-t-il poursuivi. YouTube a immédiatement retiré toutes les vidéos de Dmitri Rogozine. » (Réseau Voltaire | 9 mai 2022 — https://www.voltairenet.org/article216787.html)
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B — J’ai écrit en fin de partie IV de l’article du 13 avril dernier, avec une carte à l’appui — mais j’aurais pu en mettre plusieurs du même type politique, ou des cartes économiques, ou linguistiques, etc. allant dans le même sens : « Plusieurs résultats d’élections semblent s’accorder à cette opposition entre l’Ukraine de l’Ouest et du Nord, d’un côté, et l’Ukraine de l’Est et du Sud, de l’autre, en une « parfaite » dichotomie. »
Mais il faut bien situer ces tendances.
Depuis l’éclatement de l’URSS à l’initiative de Gorbatchev, l’Ukraine n’est jamais sortie de la corruption, du pillage du pays par une poignée d’oligarques anciens membres plus ou moins importants du système soviétique à la dérive et autres opportunistes. On peut rendre grâce à ceux qui autour de Poutine ont relevé la Russie de sa ruine, consécutive à la mort du système soviétique mais aussi au temps d’Eltsine l’alcoolique qui a suivi. Ce moment belliciste en Ukraine est celui qui entend non seulement démilitariser et dénazifier le pays (il conviendrait mieux de dire : débandériser le pays), mais tout autant d’éliminer, autant que faire se peut, la corruption et le banditisme grand et petit qui gangrènent non seulement le pays à la base mais jusqu’au sommet d’un État fantoche, particulièrement depuis 2014. De réaliser une désoviétisation complète, vraiment jusqu’à son terme. Auprès en particulier de profiteurs et voleurs des anciennes instantes dirigeantes qui ont confisqué, eux et leurs descendances, des pans entiers de l’économie à leur profit.
C’est pourquoi lorsque j’évoque la dichotomie ukrainienne, on peut dire que jusqu’à maintenant, elle n’a pu s’exprimer qu’au travers du prisme oligarchique. Il faut bien se rendre compte, par exemple (lors de l’élection présidentielle ukrainienne de 2010) que Viktor Ianoukovytch, du Parti des Régions n’a jamais été que le porte-drapeau oligarchique et intéressé du Parti des Régions, comme Ioulia Tymochenko n’a jamais été que la porte-fanion oligarchique et intéressée du parti sans nom (sinon celui de : Bloc Tymochenko) des Ukrainiens plus Ukrainiens que Russes, ou non fédéralistes, ou … anti-Russes.
Il ne faut pas se cacher que l’ensemble des présidents de l’Ukraine qui se sont succédés depuis l’indépendance de 1991 ont tous été des maffieux. Le dernier en titre de ces hors-la-loi — qui plus est totalement manipulé par un Occident très malade intellectuellement, inverseur du réel, menteur pathologique, belliciste, destruction des nations — atteint le summum de la dinguerie judéo-siono-bandériste. Il vient d’accuser les Russes d’être des graines de nazis, et déclaré les Ukrainiens des victimes innocentes. Huit ans de répression, de discrimination (on a ôté ces dernières années le russe comme langue officielle du pays au côté de l’ukrainien) et de terreur bandériste totalement impunie et même encouragée, tout ce qui n’est pas jugé ukrainien pur jus comptant sans doute « pour du beurre » (ce qui élimine même les ukrainophones modérés et tolérants, comme on l’a vu dans cette forme de guerre civile elle-même, par exemple à Boutcha, simple exemple parmi bien d’autres).
Et quand on voit que les media occidentaux répètent ces absurdités sur des gens naïfs et déculturés par plusieurs décennies de propagande européiste tant de gauche que de droite, tout prêts à croire encore que les communistes ou les Russes, pour eux c’est la même chose, mangent les enfants tout crus…
La spécificité de l’ultranationaliste bandériste ukrainien est de se définir essentiellement contre : contre l’étranger en général et contre le Russe plus particulièrement en notre époque, c’est-à-dire, dans l’esprit de plus d’un, comme ledit «communiste », même si l’URSS n’existe plus depuis le début des années quatre-vingt-dix. Et même contre les Ukrainiens ukrainophones « normaux », ou contre les autres organisations nationalistes, comme il en fut pendant la Seconde guerre mondiale.
Bandera fut la pire ordure qui soit, mangeant à tous les pires râteliers, services de renseignements allemands dans les années trente, services de renseignements anglais et Cia dans les années cinquante ; très généralement loin des actions, il fit tuer en grand nombre aussi bien des civils que des militaires : militaires, résistants et civils polonais, soldats allemands, Juifs, Tziganes, soldats de l’Armée rouge, résistants communistes ukrainiens, Ukrainiens de Galicie et d’ailleurs jugés modérés dont des universitaires. Il fit même torturer et assassiner les officiers et même la femme du chef du mouvement nationaliste ukrainien plus modéré Borovets.
Il fut aussi barbare que Choukhevytch, chef d’une bande imposante de tarés, terroristes racistes au dernier point, qui s’en prenaient à peu près à tout le monde. Responsable de la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes, très généralement des civils en divers massacres « à coup de feu et de strychnine » (sic), battus à mort, tués à la baïonnette, voire décapités à la pelle. Homme qui se targuait d’Art et de Culture, joueur de piano et chanteur en sa jeunesse. Après être passé par la Wehmacht, et dans la lignée de la Division SS Galicie, il se spécialisa dans « l’épuration ethnique » l’assassinat de civils polonais, juifs, ukrainiens, roumains, tziganes, ou encore de membres du Conseil Suprême de Libération Ukrainienne et de partisans. Il a collaboré lui aussi avec le MI6 anglais à compter de 1949 avant de crever « au combat » en 1950. Donc contre l’Armée rouge.
Hormis la haine et la barbarie ce nationalisme ukrainien n’a rien à proposer de positif au Monde. Et il faut quand même savoir que ces dernières années, Bandera et Choukhevytch ont été élevés au rang de héros nationaux en Ukraine !
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