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Note à propos de la Nouvelle Russie et de la Crimée.

13 avril 2022

De diverses sources présentes ou plus anciennes.

ce texte est en cours de relecture, mais l’actualité réclame de ne pas trop retarder sa diffusion

avec ajouts du 14 4 22, 15 4 22, 16 4 22, 19 4, 28 4 22

Est évoqué depuis le début de « l’opération spéciale » russe en Ukraine la possibilité d’une partition de l’Ukraine qui ne se limiterait pas à la sortie définitive (sauf si l’avenir proche ou lointain en décide autrement) des deux républiques donbassiennes et de la Crimée intégrées à la Fédération Russe, mais aussi de petits territoires trans-frontaliers de la Hongrie, Roumanie, Moldavie, voire de la Pologne : ou encore de la Biélorussie et de la Russie (au Nord et Nord-Est).

Depuis le retrait volontaire et le redéploiement des forces russes des régions de Kyiv/Kiev et de Tchernihiv/Tchernigov (ce que le gouvernement de Kiev nomme « avancée » ou mieux encore « libération », en nov-langue, ou langage inversé, mondialiste) Kharkov (fin mars — début avril) il devient de plus en plus clair que l’offensive russe au Nord avait bien pour but de tenir une partie de l’armée et des milices ukrainiennes loin du seul vrai champ de bataille essentiel, qui est devenu le chaudron où s’est enfermé ce qui reste la force essentielle en hommes et en matériel de l’armée ukrainienne, là où elle comptait percer le front du Donbass juste avant que l’armée russe ne pénètre en Ukraine (du Nord vers Kiev, de l’Est vers Soumy et Kharkov, du Sud à partir du Donbass et de la Crimée).

La lenteur à résorber ce secteur du Donbass par l’armée russe et les milices du Donbass tient au fait que l’armée ukrainienne y avait installé tout un système de défenses terrestres. Et aussi que la libération de la ville de Marioupol, où les civils étaient utilisés comme boucliers humains, a pris du temps, quartier par quartier, rue par rue, et a retenu des effectifs importants. Contexte propre à la guerre urbaine. De nombreux jours ; alors même que les quelques dernières poches de résistance sont encore présentes.

Tandis qu’il y a de moins en moins de doutes que des officiers venant de forces armées occidentales sont coincés à Marioupol. De temps à autre, les Russes continuent d’abattre des hélicoptères essayant d’approcher les dernières zones de résistance ukrainiennes. D’ailleurs, l’armée russe a fait savoir, sur place, qu’elle avait des demandes de négociation de la part des personnes concernées. La question se pose de savoir pourquoi les Russes ne le rendent pas public.

Enfin, il devient de plus en plus difficile de dissimuler que les États-Unis et l’OTAN mènent en Ukraine une guerre par procuration.  Il faut savoir également que des informations diverses circulent depuis des semaines sur ce que pourrait contenir le grand site industriel et la grande usine de Marioupol, ainsi que ses sous-sols. Pour l’instant, des combats continuent autour, et tout un tas de rumeurs se développent, entretenues par le fait que les Occidentaux ont l’air d’y attacher une importance énorme.

(Note des 16 et 19//04 – Le 13 avril, Xavier Moreau (Stratpol) nous disait : « A Marioupol, après la reddition de plus de mille militaires ukrainiens à Azovmash et la prise du port par l’Armée de libération de Donetsk, il ne reste plus que Azovstal où sont les soldats du bataillon Azov. Les tentatives pour évacuer des chefs et de hauts gradés étrangers ont échoué. » On a pu ajouter la prise de 125 militaires ukrainiens et d’autres encore, en petits groupes, en d’autres lieux de la ville également. AzovMash ou AzovMach est une usine probablement de production de machines (Mash pour машина ou машины , machine(s)) situé au Nord de Azovstal. Dans le même secteur une certaine usine Ilyich (ou Illitch) dont je ne sais rien de plus sauf qu’elle a servi de refuge elle aussi à l’armée ukrainienne.

Stal сталь est le nom de l’acier en ukrainien, stali стали en russe ; mot qui a donné le bien tristement célèbre surnom : Staline. L’origine de la construction de l’usine métallurgique Azovstal date de 1930, suivi un an plus tard par le début de la construction d’un canal afin de relier l’usine au port de Marioupol. De nos jours, Azovstal fait partie du groupe Metinvest, contrôlé par l’homme le plus riche d’Ukraine, Rinat Akhmetov. Considéré comme pro-Moscou avant le début de la guerre, Akhmetov aurait depuis tourné sa veste. Metinvest, lui-même fait partie de SCM Holdings, dont les filiales font travailler quelque 200.000 personnes. Azovstal est l’une des plus grandes aciéries du monde, où le charbon est cokéfié, puis utilisé dans la réduction du minerai de fer en fonte et en acier. Même après des mesures de réduction de la pollution, les cokeries sont des usines qui demeurent très polluantes, hors celle-ci est en pleine ville.)

– I –

Mais pour en revenir à l’actualité militaire, tous les éléments sont réunis, nous disent les commentateurs informés, pour estimer que la nouvelle phase de la guerre qui est bien une « opération spéciale », vise à couper l’Ukraine en deux, d’Est en Ouest, et en son milieu, en focalisant à présent ses efforts dans l’Est et le Sud-Est, en préparation de la Novorossya débarrassée d’un gouvernement ukrainien délétère (les camés dénoncés par Poutine) et d’éléments bandéristes (les nazis également dénoncés par Poutine).

Les prochaines opérations militaires russes devraient se produire sur plusieurs fronts, simultanément ou à la suite les uns des autres, mais on ne sait trop dans quel ordre.

Kharkov et son oblat sachant que les Russes tiennent déjà la ville d’Izioum tout au Sud de cet oblast.

Le chaudron de l’armée ukrainienne plus au Sud de cette ville (du côté de Kramatorsk, centre du chaudron principal où est enfermée l’armée ukrainienne, et autour de Severodonetsk, chaudron secondaire au sein du grand chaudron), ce qui libérerait une bonne part des territoires non encore sous le contrôle des Donbassiens.

D’autres fronts devraient s’ouvrir ou se déplacer du Sud plus au Nord du territoire ukrainien, ou plus au Centre — comme on veut voir les choses — au-delà de Zaporojjia vers Dnipropetrovsk, au-delà de Kherson vers Mykolaïev, pour s’achever sur Odessa et son oblast.

Sans oublier sans doute la Transnistrie russophone en Moldavie.

Ce qui achèverait alors la conquête de l’essentiel du territoire de la nouvelle Novorossiya.

Récemment l’armée russe a détruit des missiles S-300 livrés à l’Ukraine par la Slovaquie qui étaient stockés dans un hangar entre Nikolaïev et Dniepropetrovsk/Dnipro. Elle a aussi détruit un entrepôt d’explosifs dans la région de Nikolaïev / Mykolaïev et des entrepôts d’essence dans la région de Dniepropetrovsk.

Plus généralement, une bonne proportion des armes et munitions livrées par les Occidentaux, nous dit-on, sont tracées et détruites ou récupérées. 

Tandis que, par ailleurs, l’armée de Kyiv pose systématiquement des mines, partout où elle le peut, ce qui généralement est la marque d’une armée en repli ou en déroute.

Sans oublier qu’une partie des troupes russes du Nord n’a pas disparu, mais se sont simplement repliées vers la frontière au Nord-Est de l’Ukraine. Maintenant la pression sur les troupes ukrainiennes de la région de Kyiv. Et pouvant revenir vers Kiev à tout moment.

D’après les personnes bien informées, une des priorités présentes des forces russes pourrait être Kharkov, la seconde ville d’Ukraine qui contient la poussée russe depuis de nombreux jours. Selon des sources russes, nous dit-on, les commandos et les agents de liaison des pays de l’OTAN opérant à Kharkov ne seront pas protégés par les Conventions de Genève (protection des civils, des membres de l’aide humanitaire, des blessés et ambulances, des prisonniers de guerre) et seront par conséquent imparablement « détruits », pour reprendre l’expression militaire consacrée.

Autrement dit, ces éléments militaires étrangers, même s’ils ne sont pas officiellement en guerre, ou même armés, seront bien considérés pour ce qu’ils sont : des belligérants à part entière.

Le maire de Kharkov a récemment appelé les habitants à ne pas quitter la ville : pour en faire un nouveau Marioupol où l’utilisation des civils comme boucliers humains a ralenti l’avancée des troupes russes ? De même, les civils pourtant retenues par les autorités, se pressent pour sortir de Kramatorsk, appelés par l’armée russo-donbassienne à se réfugier loin de la ville, ville qui va être au cœur des prochains combats.

Pour revenir à Kramatorsk évoqué dans un article précédent : Selon des sources, semble-t-il russes, postées sur Telegram “La presse étrangère a photographié l’épave du missile balistique Toshka-U qui a ciblé Kramatorsk. Le problème pour les kiéviens, c’est que le numéro de série est apparent sur les photos… Ainsi, il ne sera pas difficile de démontrer que ce sont les bandéristes qui ont attaqué la population pro-russe de Kramatorsk, pourtant encore sous le contrôle de Kiev. Le numéro de série est très proche (à 13 unités près) de missiles balistiques Toshka-U que les kiéviens ont tirés sur le Donbass ces dernières années”.

Cette photographie serait celle du missile balistique Toshka-U évoqué ci-dessus

Tandis que l’armée russe effectue des tirs balistiques de précision sur le futur champ de bataille du Donbass  pour préparer l’offensive (mais aussi sur l’Ouest de l’Ukraine). Donc la préparation de l’encerclement de l’armée ukrainienne au Donbass se poursuit. Avec un futur mouvement enveloppant, dont on parle déjà depuis des semaines, pour ne pas dire les premiers jours de la guerre, à l’Ouest et une attaque massive d’artillerie à l’Est sur une zone rurale plate et inhabitée mais super « blockhaussisée ».

Il faut savoir que des mises en garde émanant du côté russe ont déjà été adressées à de nombreuses municipalités en Ukraine orientale et centrale sur l’imminence d’une offensive russe. Ces avertissements recommandent aux populations civiles de quitter les lieux et de se réfugier loin des zones de combat, les villes essentiellement et en particulier la proximité de tout bâtiment militaire, port, aérodrome tant civil que militaire, dépôt d’essence, etc.

Les principales localités concernés à présent par la guerre au Donbass sont, de l’Est au Sud-Est d’Izioum : Roubijné / Roubejnoïé, Sievierodonetsk / Severodonetsk /, Lyssytchansk / Lisitchank, Kramatorsk et Popasna/Popasnaïa.

Roubijné,village très ancien qui s’est développé avec l’arrivée du chemin de fer en 1894-1895 ; Sievierodonetsk née en 1934 avec la construction des premiers logements pour le personnel de l’Usine chimique de Lyssytchansk, ville fondée en 1795 sur le site de la première exploitation charbonnière du Donbass, ouverte en 1786 ; Kramatorsk qui s’est développée autour de sa gare construite en 1868. Popasna fondée en 1878 également avec la construction du chemin de fer de Donetsk.

Des endroits libérés du Donbass, ou plus généralement du Sud, parviennent des informations montrant une bonne entente générale entre les civils, les autorités (nouvelles ou provisoires quand les anciennes ont fui), la disparition des rares et très modestes manifestations d’opposition.

À Kherson, vers l’embouchure du Dnipro, contrairement à ce qu’annonce les Ukrainiens, l’armée russe ne recule pas, mais il serait évoqué de plus en plus fréquemment que son oblast puisse devenir une république autonome comme dans le Donbass.  En cette région ce sont des drapeaux russes qui sont hissés sur les bâtiments publics. Tandis qu’à Zaporojie, et sur deux/tiers de son oblast une administration civile se met en place et le rouble y est progressivement introduit.  Contrairement à ce que clame la propagande otanienne, les soldats russes sont bien accueillis par l’essentiel des populations. Et l’aide humanitaire qu’ils déploient est très importante. 

Ce que l’on pourrait préciser ici, est que, vu la volonté plus ou moins apparente des Russes de contrôler tout le Sud-Est et le Sud de l’actuelle Ukraine, et vu également la volonté des bandéristes d’exterminer les « mauvais ukrainiens » y compris jusqu’à Boutcha banlieue de Kyiv en 2022 où à Odessa en 2014 (pour ne donner que ces deux exemples), les Russes sont condamnés à prendre le contrôle militaire et policier des oblasti qu’ils libèrent pour longtemps. Pour ne pas dire : pour toujours. Les quitter, serait une catastrophe pour les populations locales ; tant ukrainophones que russophones ou autres encore, d’ailleurs.

– II –

Il faut rappeler ici cet élément important en rapport avec Kharkov/Kharkiv, mais aussi toute la zone située du Nord-Est au Sud-Est  ukrainiens : qu’elle n’a finalement été intégrée à l’Ukraine qu’à une époque récente.

Un peu d’Histoire.

Cette région dont Kharkov faisait partie, fut désignée autrefois sous le nom d’Ukraïna Sloboda, c’est-à-dire de Marche Liberté en des formes anciennes de slave oriental, ou de Slobojanchtchina (manière un peu hypocoristique voire péjorative de la nommer : la Slobodinette). 1 La meilleure traduction d’Ukraïna Sloboda en français pourrait être Marche Libre, ou Marche Franche, comme on a en France la Franche-Comté, dans une même situation de frontière, mais qui devrait d’ailleurs se dénommer Franc Marquisat car normalement, ce sont des marquisats qui se trouvaient aux frontières (marquisat = marche, marge, limite, frontière) et non des comtés.

L’Ukraïna Sloboda était un territoire constitué d’établissements, des slobodes (colonies libres), exemptés d’impôt, où s’installèrent des colons cosaques et des paysans ukrainiens, biélorusses de la République des Deux-Nations, et russes de l’empire russe, etc. Ces deux villes principales étaient Soumy et Kharkov. Deux cités situées toutes deux près de la frontière actuelle avec la Russie.

Au départ, et sous la protection militaire des Cosaques, cette région jouissait d’une grande autonomie qui fut diminuée au cours du temps, pour être finalement portée à néant, intégrée au Gouvernement de Petite Russie en 1764, (dont la capitale fut un temps Kiev, à compter de 1775) puis scindée en trois provinces à partir de 1781. L’autocrate Catherine II (amie des « philosophes » du moins de certains, qui en ce domaine ressemblent à nos pseudo-philosophes actuels) avait aboli les privilèges des slobodes en 1765.

Cлобожанщина La Slobosanchtchina avec ses deux villes principales : Soumy et Kharkov.

En 1835, la Slobojanchtchina fut supprimée en tant qu’entité spécifique… Si l’on passe les années et que l’on arrive au siècle suivant, on voit Soumy puis Kharkov intégrées, par les bolcheviques, à l’Ukraine comme toute la portion, la frange Est du territoire ukrainien actuel, pour n’évoquer que ce secteur-là.

Il est bien établi qu’il y a eu en cela une volonté de russifier ou rerussifier une région frontière (l’Ukraïna, la Marche) pas ou peu portée sur le bolchevisme, et marquée par une volonté d’indépendance. Les bolcheviques avaient le souvenir récent de la courte période où Petlioura dirigea sans nuances le pays alors sous protection allemande, période de pogroms à l’encontre de Juifs.

C’est d’ailleurs tout le territoire de l’oblast de Kharkov qui a été offert par Staline à l’Ukraine, en sorte de cadeau empoisonné car il empoisonne encore l’Histoire présente. Ville importante puisqu’elle est la seconde en nombre d’habitants de l’Ukraine et qu’elle est très russophone. Russophone, Kiev l’est également, au moins en partie. (j’en reparlerai)

Les derniers pogroms étant le fait des bandéristes pendant la Seconde guerre mondiale. Bandéristes dont les éléments les plus ultras tinrent tête à l’URSS du côté de la Galicie (extrême Ouest, ou plus exactement Nord-Ouest de l’Ukraine) jusqu’en 1954. C’est également par le traité passé avec Hitler, pendant la guerre, que Staline modifia diverses frontières intégrant des Hongrois, Roumains et Moldaves en Ukraine, modifiant les frontières de la Bessarabie, etc. Sans doute pour affaiblir ici également, aux frontières, le sentiment nationaliste ukrainien.

Vers 1897, voici ce qu’il en était de ce qui s’appelait la Nouvelle Russie — du moins sa partie Nord-Ouest d’Ukraine — avec au Nord-Est la Petite Russie. Et le reste de l’Ukraine, au moins en partie intégré à l’Empire russe :

– III –

Concernant ces redécoupages de frontière à venir, nous n’en savons rien d’autre pour l’instant. Par contre, il semble se dire de plus en plus — selon l’expression consacrée — dans les milieux autorisés, ou pour le moins au fait de la géopolitique de la fédération russe, que ce serait tout le Sud de l’Ukraine, plus russophone et/ou russophile, là où se trouve d’ailleurs une bonne partie de l’industrie, de la finance et du commerce ukrainiens, qui serait concerné par une partition du pays.

À cette occasion, on ressort un discours, d’il y a quelque temps, de Poutine où il évoque le caractère russe d’une bonne partie du Sud de l’Ukraine. Et rappelle l’existence de ce qui s’appelait la Nouvelle Russie (Novorossiya, ou Novorossia) territoire qui a fait partie à compter de la fin du XVIIIe siècle, de l’empire des tsars. Et les commentateurs et connaisseurs des contrées slaves orientales nous rappellent qu’il existe depuis 2015 dans le Sud-Est du Donbass, un parti qui a nom : Parti de la Nouvelle Russie.

La configuration de cette entité, dont il faut savoir qu’elle a été intégrée à l’Ukraine par les bolcheviques au tout début des années vingt, rassemblent, en gros, les oblasti colorés en bleu turquoise, sur la carte ci-dessous. La Crimée étant intégrée au territoire russe. Avant d’en sortir en 1954, comme dit par ailleurs.

Soit les oblasti de Kharkov / Karkiv (8), Lougansk / Louhansk (13), Dniepropetrovskaïa / Dnipro[petrovsk] (5), Donetsk / Donets’k (6), Zaporijié / Zaporijjia (24), Nikolaïev / Mykolaïv (15), Kherson (9), Odessa / Odesa (16).

— Mais pour ce dernier oblat, moins l’excroissance maritime au Sud-Ouest, située sur la rive droite du Dniestr : le Boudjak, de l’ancienne Bessarabie, intégré en 1940 à l’URSS, zone de populations très mêlées, comme le Sud de la Moldavie ; que l’on dit être pro-russe. Cette portion de territoire qui est largement fait de zones lagunaires, de limans comme il y en a plusieurs le long des côtes de la Mer Noire, n’est relié actuellement à l’Ukraine que par un pont sur le Dniestr et une unique route transitant par la Moldavie.

— Sans oublier la Transnistrie très largement russe et russophone, qui est cette étroite frange de terre moldave, également industrielle, située, à quelques rares exceptions, sur la rive gauche du Dniestr (d’où son nom : trans Nistrie : de l’autre côté du Dniestr, par rapport aux Moldaves). Ceci est né d’un mauvais découpage de l’ancienne Bessarabie aujourd’hui répartie entre l’Ukraine et la Moldavie qui est très majoritairement roumanophone (la Moldavie indépendante, située à l’Est de la Moldavie roumaine). Je rappelle ici pour ce qui est de la Crimée, qu’elle a été offerte à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954, sans raison apparente, et ces habitants avec (minorité tatare suite au déplacement d’un grand nombre de tatars loin de là par Staline, minorité ukrainienne et majorité russe — écrasante au port de Sébastopol). Donc peu après la mort de Staline, l’homme d’acier (stal veut dire « acier » en russe) en 1953.

* * *

Dernier détail, gros détail : la Transnistrie, bordure frontalière industrielle de l’Est moldave avec l’Ukraine, est une zone plus ou moins autonome et en état de lâchage total de la Moldavie qui lui fait des misères, certes moins radicales que celles que le gouvernement néo-bandériste fait subir aux russophones et russophiles Donbassiens. Cette petite entité très largement russophone possède des milices et accueille sur sa portion de territoire une base militaire russe forte de 1200 soldats, tout en sachant que la plupart des habitants de cette enclave effective possèdent la double nationalité moldave et russe.

Après avoir eu un gouvernement pro-russe, la Moldavie inaugure un gouvernement pro-occidental. Or, le problème pour ce dernier est que la Moldavie dépend très fortement des importations russes de gaz et de pétrole (ce qui semble être quelque chose d’un peu absurde quand on sait que la Roumanie voisine possède au moins des gisements de pétrole, mais sont-ils assez importants?). Le gouvernement de la Moldavie, qui a conservé un fond de bon sens latin et un souci d’indépendance au moins formelle (la question de son unification à la Roumanie ne semble plus à l’ordre du jour), n’entend nullement faire souffrir sa population, dont actuellement un million d’Ukrainiens réfugiés, dont 500. 000 enfants. Population très importantes pour ce petit pays. Et l’a dit très clairement.

C’est pourquoi elle n’applique pas – elle en est incapable — la moindre sanction économique.

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Localisation de la Transnistrie et du Boudjak.

Composition territoriale de l’actuel oblast d’Odessa

Le Boudjak – Bugeacul en roumain, prononcé boudjacoul (la partie mauve/violette de la carte ci-dessus), est un « solonyme » (« territonyme », nom de contrée) tatar qui veut dire, nous dit-on, « angle, coin de terre ». À rapprocher du mot homonyme turc : bucak (boudjac) qui a les sens de : coin, bourg, commune, district…

Cette partie de territoire a été arrachée par l’URSS à la Roumanie, alors soutien de l’Allemagne, en 1940. Ainsi que l’Île des Serpents, mais en 1948. Île qui a fait parler d’elle dans la présente guerre quand ses 13 défenseurs (de simples douaniers, je crois) ont été hâtivement déclarés morts puis décorés, par zelensky, comme héros de la nation, avant de renaître eux aussi à la vie dès le lendemain en prisonniers des Russes.

***

Remarque en passant à propos de Krivoï Rog, ville de Novorossiya : zelensky (qui est dit-on russophone) est né en 1978 à Kryvyï Rih, ville plus connue je pense sous sa forme russe : Krivoï Rog, importante ville minière (fer) et sidérurgique, située au Centre-Nord et en limite de la Novorossiya, sur l’oblast de Dnipropetrovsk. Ce nom de Krivoï Rog (qui en fait se prononce Krivoy Roj, le j étant la jota espagnole) me rappelle mes cours de géographie du lycée. Je n’avais pas recherché le sens du toponyme de cette ville fondée dit-on par les fameux cosaques Zaporogues, de la cité actuelle de Zaporijjia (voir l’oblast 24 de la première carte au-dessus) mais il semble que Krivoï Rog veuille dire : Corne ou Cor (l’instrument de musique, Rog), courbe (ou courbé, recourbé, Krivoï). Fut un temps peut-être où la région était un lieu de chasse à courre. Mais j’extrapole peut-être.

– IV –

En schématisant , et sans vouloir remonter plus haut dans le temps de l’Histoire, on peut dire que le terme de Nouvelle Russie (Новороссия, Novorossiya) est donc une terminologie ancienne, qui vient d’une époque où les territoires du Sud de l’Ukraine se mirent à relever du tsar russe. Soit à compter de 1770, vers la fin du règne de Catherine II, quand cette région a été conquise, ou en partie reconquise, sur l’empire Ottoman. Et qui reçu alors, sur une terre relativement peu peuplée, l’apport de nombre de colons russes ou allemands en particulier. Tandis que le camp, la cité des Zaporogues fut plusieurs fois déplacée puis supprimée par Catherine II en 1775 et une partie des cosaques chassés ; qui alors se reformèrent de l’autre côté de la Mer d’Azov sur le bassin du fleuve Kouban. 2

Ancien territoire des Cosaques de Kouban.

Au moment de la révolution bolchevique, l’Ukraine connut une courte république, puis fut dépecée un temps en partie par les Hongrois et les Allemands, le reste de son territoire voyant les blancs (monarchistes), les rouges (bolcheviques) et les noirs (anarchistes) s’affronter. De cette période de confusion, on peut retenir l’existence du territoire de l’éphémère République soviétique de Donetsk – Krivoï Rog (1918 – 1919) — voir la partie rouge de la carte ci-dessous — que certains circonscrivent uniquement à la zone la plus au Nord.

Les données cartographiques peuvent être contradictoires ou révéler l’existence de plusieurs réalités politico-militaires en même temps. À une époque qui fut très fluctuante et très chaotique. Ainsi en est-il de la carte précédente et de la carte suivante qui, elle, indique la localisation approximative de la Вільна територія, vil’na teritoriya, le Territoire libre du « gouvernement » makhnoviste (d’inspiration anarchiste), à son minimum et son maximum (1918 – 1921).

Les deux zones se recoupent en partie. Mais il faut noter qu’elles concernent toutes deux le Sud-Est de l’actuel territoire ukrainien. Le centre du mouvement makhnoviste (du nom de son meneur Nestor Makhno) que l’on peut qualifier de révolte de libération paysanne, révolte à pied mais aussi à cheval sur les lieux mêmes de l’ancien gouvernement des cosaques zaporogues, cavaliers accomplis, était la région de Zaporijjia (la cité de la contrée des Zaporogues), justement ; plus précisément à Houliaïpole (Gouliaï Polié ou mieux Poliè, en français, sous une forme qui s’inspire du russe), petite ville située à une centaine de kilomètres au Sud-Est de Zaporijjia, à la limite du territoire de l’actuel oblat de Zaporijjia (24) qui jouxte celui de Donetsk (6).

* * *

Houlyaïpole en ukrainien, Goulyaïpolie en russe (H en ukrainien, G en russe est ici le son de la jota espagnole, du ch allemand de bach, ou du breton c’h ; x en Alphabet Phonétique International) signifie : Ville-Marchante (Walking-City en anglais) et fait référence explicite aux Cosaques Zaporogues ou aux Russes.

En effet , voici ce que nous livre le Словник української мови — Академічний тлумачний словник (1970—1980), le Dictionnaire de la langue ukrainienne — Dictionnaire d’interprétation académique (1970-1980), concernant le mot composé ГУЛЯ́Й-ГО́РОД (houlyaï-gorod) :

« Champ de bataille mobile composé de boucliers séparés avec des meurtrières, utilisé par les troupes russes et les cosaques de Zaporogie lors du siège de forteresses, etc. » Sachant que le mot « gorod » signifie : ville, cité en russe — où il est prononcé goràt ; tandis que ce même mot « gorod » — prononcé xorod — a le sens de jardin ou de potager en ukrainien. 3

ГУЛЯ́Йполе est donc un toponyme mixte qui ne peut que satisfaire les uns et les autres, puisque le suffixe « pol », « pole » ou « polie » (plutôt russe ce dernier) est tout simplement la forme slavisée du mot grec πολις (polis) ville, contrée. Ainsi Marioupol est-elle la Ville de Marie. Pauvre Marie bien affligée et profanée. Le monde orthodoxe est fortement imprégné du grec des temps byzantins. Comme le catholicisme du latin de la romanité.

Maintenant reste à savoir pourquoi ce qui n’était au départ qu’un village de Novorossiya, fondée en 1770 comme avant-poste dans la protection contre le khanat de Crimée vassal de l’empire ottoman a reçu ce nom de Houlyaïpole, autrement dit de Goulyaï-gorod ? Sans doute, parce que c’était un lieu de défense propre aux Russes, les Cosaques venant de quitter les lieux par ailleurs.

– V –

Gagaousie et Transnistrie

Pour en revenir à cette Nouvelle Russie contemporaine, voici comment pourrait en être son expansion maximale, si l’on s’en tient à un découpage respectant les limites des différents oblasti ukrainiens :

À ce que l’on a évoqué précédemment, pourrait peut-être être ajouté la Gagauzia (Gagaousie), région autonome située au Sud de la Moldavie, également pro-russe, à moins que ne soit abandonnée à la Moldavie une partie du Sud maritime de la rive droite du Dniestr. Ou tout au moins les portions roumanophes, et, pourquoi pas gagaouses, pour réunir ses dernières à la Gagaousie moldave qui se trouvent à proximité, juste de l’autre côté de la frontière (se poserait peut-être alors un problème de langue auxiliaire pour les gagaouses changeant de pays). Par un procédé d’échange contre la Transnistrie.

La Gagaouzie (ou Gagaousie) est une région autonome (l’Unité territoriale autonome de Gagaouzie) un micro-ensemble constitué de quatre territoires non contigus, mais proches, regroupant une quinzaine de communes (non sans quelques minorités roumaines, russes…). C’est une région pro-russe. Les Gagaouzes sont des turcophones dont la langue a subi l’influence du bulgare et du roumain. Et qui a été largement russifiée aux XIXe et XXe siècles. Elle est de confession orthodoxe. Le russe y est officiellement « langue de communication interethnique » et une des langues d’enseignement. Sa ville principale est Comrat, une petite cité de 20.000 habitants environ. La population totale des Gagaouzes se chiffre à 130.000 habitants environ, mais depuis la fin de l’URSS cette population est en nette régression.

GAGAOUZIA (ethnonyme, ou plus précisément « ethno-territonyme », nom d’un peuple et de son territoire)

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Courte histoire de la Transnistrie (XXe siècle) par les cartes, extrait d’un article de Thomas Merle sur le Diploweb.com : « Les États autoproclamés postsoviétiques, angles morts du voisinage de l’Union européenne« .

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Le Boudjak

Je ne vais pas raconter ici l’histoire compliquée du Boudjak qui correspond plus ou moins à l’ancienne Bessarabie ottomane, dont certaines petites communautés sont parties à différentes époques et d’autres apparues, suivant les aléas des guerres en particulier. Il en a été ainsi des Turcs après la défaite ottomane face à l’armée russe au début du XIXe siècle (1812), puis des Allemands et des Lorrains et Vaudois devenus germanophones vers la fin de la Seconde guerre mondiale.

De nos jours (j’ai sous les yeux des statistiques de 2001/2002), les principales communautés de cette région essentiellement rurale et plate, de steppes aux côtes protégées par des limans, réunissant un peu plus d’un demi-million d’habitants, donc à faible concentration humaine, sont des Ukrainiens (40%), des Bulgares (21%), des Russes dont des Vieux-Russes lipovènes – scission au sein de l’orthodoxie ; population vivant généralement à l’écart du monde urbain – (20 %), des Roumains et/ou Moldaves (13%) et des Gagaouses comme au Sud de la Moldavie.

Le degré de morcellement de la population est criante, comme on le voit ci-dessous. Je ne saurais dire qu’elle est la langue d’intercommunication, la koinè, peut-être l’ukrainien, dialecte ukrainien ou ukrainien littéraire ? Ou peut-être le russe.

Il faut savoir que les zonages ne tiennent pas compte du fait qu’une partie de ses terres ne sont pas toutes exploitées ou exploitables.

Les Bulgares sont majoritaires dans les raions de Palada/Bolhrad (61 %), d’Arșița/Artsyz (39 %), et de Tarutino/Taroutyne (38 %), les Roumains dans le raion de Reni (49 %), les Russes dans la ville d’Izmaïl (44 %). Dans le raion d’Ismail, 29 % de la population est ukrainienne, 28 % roumaine/moldave et 26 % bulgare.

En vert, les raions où les Bulgares sont majoritaires, en rose/mauve où se sont les Roumains/Moldaves ; et en noir, la ville d’Izmaïl à majorité russe. Les autres raions (en jaune clair) de la région sont à majorité ukrainienne.

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Zones roumanophones et zones mixtes russo-roumanophones (extrême-Sud) ou ukro-roumanophones (essentiellement sur toute la côte autour des lagunes côtières qui sont plus ou moins fermées par des limans ou lidos — comme on veut le dire — des langues de sable parallèles à la côte).

Dnister en ukrainien, Dniestr en russe, Nistru en roumain (d’où le nom de Transnistrie) ; ancien nom grec : Turas, Turês ; latin : Tyras (du grec) ou Danastris (voir plus haut ce que l’on a écrit à propos du Dniepr et du Don, etc. ) ; slave : Tир (Tir).

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S’il prenait idée aux Russes, annexant l’oblast d’Odessa à une Nouvelle Russie, de vouloir effectuer une sorte d’échange de territoires entre la moldave Transnistrie très largement russophone et certains territoires du Boudjak roumanophones, on constate que certaines portions roumanophones du Boudjak longeant la frontière moldave pourrait facilement s’y intégrer.

De même en est-il des zones gagaousophones du Boudjak qui sont à la frontière ou près de la frontière moldave, qui plus est, à proximité du territoire autonome gagaouse de Moldavie :

Où l’on voit également que l’embouchure du Dniestr pourrait être revendiquée assez logiquement par la Moldavie. Ou reconnue comme zone neutre entre la Moldavie et l’oblast d’Odessa, à défaut de faire du Boudjak un oblast autonome. La Moldavie et la Roumanie ont également une autre carte à jouer, tout au Nord dans la petite partie de la Bucovine ukrainienne qui a été rattachée arbitrairement à l’Ukraine par Staline après la Seconde guerre mondiale.

Par contre, un point essentiel risque de les brider : leur lien présent ou à venir avec l’Union Européenne et avec l’Otan. Y compris sur des points plus que sensibles et délicats.

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Plusieurs résultats d’élections semblent s’accorder à cette opposition entre l’Ukraine de l’Ouest et du Nord, d’un côté, et l’Ukraine de l’Est et du Sud, de l’autre, en une « parfaite » dichotomie.

Un exemple : le résultat du second tour de l’élection présidentielle ukrainienne de 2010

Sur cette carte les résultats par oblast, dont la perdante fut Ioulia Tymochenko, du Bloc éponyme et le vainqueur Viktor Ianoukovytch, du Parti des Régions.

— En vert, les cinq oblasti qui ont le plus voté pour Tymochenko : La Galicie où elle a réuni : 76,2 % (18), 81,8 % (22), 86,2 % (14), 88,4 % (20), 88,9 % (7) des votants.

— En jaune les autres oblasti où elle a eu la majorité des voix. Avec 65,4 à Kiev.

— En bleu foncé, les cinq oblasti qui ont le plus voté pour Ianoukovytch : l’oblast d’Odessa (16 – 74,1%), l’oblast de Crimée (4 – 78,2), la ville à statut spécial (ville fédérale) de Sébastopol (84,3%) et les deux oblasti du Donbass, Lougansk (13 – 89%) et Donetsk (6 – 90,4%).

— En bleu ciel , les autres oblasti où il a eu plus de 50 % des suffrages exprimés. Avec oblast de Kharkov (8) : 71,3 % ; et oblast de Dnipro (5): 62,7 %.

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– V –

Pour en rester à une définition très générale, à un résumé succinct, la Nouvelle Novorissiya est la part plus industrielle et urbaine de l’actuelle Ukraine, tandis que le reste du pays en est sa part plus agricole et rurale. On y trouve une grande partie de l’industrie minière et sidérurgique, dont l’une des plus grandes aciéries du monde, Azovstal à Marioupol, les deuxième et troisième villes d’Ukraine (Kharkov et Dnipro), toute la côte et les ports, dont les grands ports d’Odessa et de Marioupol (ce dernier représenterait 20 % du PIB ukrainien), la plus grande centrale nucléaire d’Europe, dite de Zaporijie, mais qui se trouve un peu plus en aval, sur le Dniepr, ou encore l’intégralité de la portion Nord du canal de Crimée qui assure l’essentiel de l’approvisionnement en eau de la Crimée à partie du Dniepr. Ces deux éléments (centrale nucléaire et entrée du canal) ont été des objectifs prioritaires de cette guerre de libération.

Cette nouvelle Novorossiya est toute la portion ukrainienne, la part Nord-Ouest de l’ancienne Novorossiya ; sa portion Sud-Est se retrouve sur la partie de la Russie qui jouxte la côte Est de la Mer d’Azov, outre mer d’Azov, vers l’Est. Cette partie déjà russe se retrouve sur les territoires, en intégralité ou en partie seulement, de l’oblast de Rostov, du kraï de Krasmodar, du Kraï de Stavropol et de la République Nord-caucasienne d’Adygea/Adyguée. Le cœur terrestre de l’ancienne Novorossiya est la basse vallée du Don qui s’ouvre sur la Mer d’Azov et au-delà du détroit de Crimée, sur la Mer Noire.

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Notes :

1 – Marche Liberté, Украйна слобода, Oukraïna Sloboda ; « liberté » se dit свобо́да, « svoboda » et non plus « sloboda » de nos jours en russe comme en ukrainien, mais la forme « sloboda » se rencontre par exemple en bosniaque ; quant à la racine « oukraï » qui préside à la forme Oukraïna, elle se rencontre encore de nos jours en ukrainien avec les sens de ; extrêmement, capital, imparable… Donc avec une idée d’aller au bout des choses, à leurs limites possibles, indépassables, extrêmes. Ce qui est finalement, pour retrouver le sens premier ou ancien de « Oukraïna », une description d’un territoire qui serait à la marche ou à la marge d’une entité principale. De même en est-il du mot « kraïne » en russe qui a le sens de : extrême, extrêmement, très… tandis que « kraï » signifie : bout, extrémité, fin ; bord, rebord, orée ; paysage ; et région, contrée, pays, terme plus ou moins synonyme de « oblast ».

2 – Le nom lui-même donné aux Cosaques Zaporogues vient de l’emplacement de leur première forteresse qui se situait « au-delà des rapides » (za, au-delà, poróhy « rapides »), les rapides étant ceux du Dnipro en ukrainien, Dniepr en russe. Hydronyme qui viendrait d’une ancienne langue indo-européenne de la région, attesté sous la forme de Danapris en grec, pour un possible *Danu-apara, fleuve, cours d’eau de derrière, derrière désignant l’Ouest. Ce qui laisse supposer que ce fleuve a été désigné sous ce nom par un peuple situé plus loin vers l’Est. L’Ouest, l’arrière, le couchant désignant le bout du monde, le bout de leur monde vers l’Ouest.

On peut remarquer la prégnance (sans préjuger de leurs formes antiques, du moins lorsque l’on n’en possède pas) de ces hydronymes en Dan ou en Don dont on en rencontre plusieurs sur la côte Nord-Ouest de la Mer Noire : Don, Donets, Dniepr/Dnipro, Dniest, Danube. À noter l’existence de deux cours d’eau nommés Don en France et deux en Angleterre.

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On pourrait aussi évoquer le nom du fleuve qui se jette dans la Mer Noire à Marioupol qui, lui, fait apparemment référence aux carrières de pierres qui se trouvent dans la région. Il s’agit de Kalmious, qui a donné son nom à une ville, Kalmiousé, qui se trouve sur son cours, et qui est née de l’exploitation de carrières de calcaire. Je ne connais pas l’étymologie de ces hydronyme et toponyme, mais l’on peut constater que kalium est le nom latin donné au potassium, ou encore que c’est le nom du potassium en allemand, or il fut un temps où on rencontrait des colons allemands dans le Sud-Est de L’Ukraine actuelle. Si certains font venir le latin (médiéval?) kalium de l’arabe al-qalyah qui désigne la cendre de salicorne, plante riche en potassium, il faut voir qu’il existe également (cf. par exemple le Gaffiot) le latin callimus, grec khallimos qui désigne une « sorte de pierre d’aigle » (la limonite, ou aétite ou pierre à grelots).

3 – Je pense avoir trouvé mon bonheur lexical avec ce mot-composé trouvé sur un dictionnaire ukrainien. Et ceci après beaucoup de recherches qui m’ont amené à des idées de marche (personne qui avance ou objet qui fonctionne), de promenade, de parcours dans les bois, de ballade ou de virée, voire de distraction ou de batifolage (plus encore en russe qu’en ukrainien), et autres termes divers.

From → divers

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