ALICE AUX MERVEILLES ENGLOUTIES
Tu as chaud. Viens, je vais te donner une douche. Tu vas voir, c’est très agréable. Tous mes modèles me le demandent. Tu sais, Alice, elle me le réclame à chaque séance. (Flavie Flament, La Consolation, p. 107 de l’édition de décembre 2016)
Je retiendrai d’un précédent article du blog en DéfensedeDavidHamilton qui est lui-même reproduit sur ce présent blog, d’abord ce passage :
« Alice » (dans la réalité, son prénom était semble-t-il légèrement différent) faisait des photos avec David Hamilton depuis pas mal de temps, déjà. Ce qui lui permettait – entre autres – de voyager à l’étranger avec lui. Il y eu des photos d’Alice, à l’époque, en corrélation avec David Hamilton, non seulement dans les albums du photographe, non seulement sur des calendriers (par exemple « Romantik Flair » ), mais aussi dans la presse locale de Cap d’Agde.
On pourrait évoquer d’autres voyages, comme celui qu’elle accomplit en compagnie de David Hamilton et d’amis photographes de ce dernier, à l’Ile Maurice, Gertrude étant elle-même du voyage. Selon ce que l’on a pu en apprendre de notre côté, Alexia et Gertrude étaient alors très copines et complices, et encore très gamines dans leurs comportements ; et il est si simple de deviner ce qui est arrivé le jour où, je ne sais pour quelle raison, ou plutôt pour la raison que Gertrude était portée par l’étude de la peinture et du dessin (elle est passée par les Beaux-Arts de Paris, et elle est aujourd’hui, en particulier, une aquarelliste talentueuse qui travaille pour le milieu des sciences naturelles new-yorkais, une sorte de John James Audubon de notre temps) cette dernière pris le chemin d’un David Hamilton déjà âgé.
Ne jamais oublier que David Hamilton était avant tout un amoureux de toute la peinture européenne occidentale du moyen-âge à nos jours (moins, bien entendu, tout ce qui est largement admis par les gens sensibles aux arts, comme relevant peu ou prou d’un art dégénéré, ou plus exactement d’un non-art, ou fumisterie sans métier, généralement la plus lucrative, mais aussi la plus éphémère). Il ne sait jamais caché que certaines de ses photos étaient des copies, des adaptations photographiques, des « illustrations » de plus d’un tableau des temps passés, célèbre ou moins célèbre. Cet homme a beaucoup fréquentés les musées, toujours apprenant des tableaux et des sculptures rencontrées.
Il faut voir que dans les années quatre-vingt du siècle dernier, David Hamilton semble avoir effectué un virage important dans sa vie personnelle. Il laissait Mona, qui ne fut jamais que sa concubine, sortir de son univers, pour rejoindre le monde douillet, le beau monde de la « haute société » new-yorkaise ; ils se séparaient alors apparemment très bons amis ; Mona désirant avoir des enfants alors que David s’y est toujours refusé. Mona c’était en fait le monde de la mode, un milieu où David Hamilton y trouvait une bonne partie de son gagne-pain… mais pas l’essentiel de ce qu’il voulait donner ou prouver. Ce fut également dans les années quatre-vingt qu’il abandonna le cinéma. Sur la photo où on le voit photographiant le couple Mona – Gregory, on l’imagine heureux d’avoir « bien casé » sa protégée.
Gertrude, c’était une sorte de nouveau départ mais sur d’autres bases. Où il se mettait peut-être plus en marge du milieu du paraître : de la mode, de la publicité et du spectacle en général. C’était un homme affable, discret peu porté à l’esclandre et Gertrude devait lui inspirer ce dont il avait besoin. Et tout d’abord, le calme et le repos. S’il s’est marié avec cette toute jeune Gertrude, c’est parce qu’ils étaient totalement de connivence. C’était plus bohème et artiste, et peut-être plus « enfantin » si l’on peut dire, qu’avec Mona qui était mannequin de mode, personnage plus en vue, du moins dans les magazines… et même au cinéma puisqu’elle a participé à l’un des films de David. Et si le mariage avec Gertrude s’est achevé par un divorce, tout à été réglé semble-t-il comme il convenait ; Gertrude ayant le même désir d’enfants que la précédente compagne.
Et à ce jeu, Alexia fut la malheureuse exclue. Pourtant, comme il est rappelé au début de cet article, elle occupa une très grande place dans les photographies effectuées par David Hamilton à cette époque-là. Elle perdait gros : une vie heureuse, faite de voyages en particulier, une possibilité sans doute espérée d’une vie à deux au moins quelque temps avec David. On peut comprendre sa rancœur, mais on peut difficilement comprendre son acharnement à salir David Hamilton dès la fin des années quatre-vingt et plus encore de nos jours. L’une a gagné, l’autre a perdu. Et c’est elle qui a perdu. Voilà sa triste histoire. On peut supposer qu’elle avait peut-être offert sa virginité à David (bien que des proches d’alors en doute), un don disons sur un mal-entendu, avec beaucoup d’espoir en attente. Mais je n’en sais rien au fond.
Déceptions, regrets, jalousies entre jeunettes, nombreuses jeunettes, amours juvéniles et haines également juvéniles donc radicales ; incertitudes, dépassement, griserie de David Hamilton lui-même, entouré d’une cour de tant de jeunes et jolies filles, ne sachant plus sur laquelle miser. Je pense que tout cela explique en très grande partie ce qui est arrivé au final à David Hamilton. Ces quelques filles le mettant plus bas que terre ; je pense essentiellement ici à Élodie et Alexia ; puis dans une seconde catégorie à une certaine Clémence plus âgée dont on ne sait pratiquement rien, et à Lucie et Flavie. Étant entendu que ces deux dernières, mais aussi Alexia et Gertrude ne furent pas sans se connaître toutes quatre alors.
On peut ranger dans la catégorie des déçues Flavie qui s’est vu priver d’une suite de séances photographiques, non pas pour une question de viol, mais de morale : refus familial, maternel, du nu intégral. Du moins, de ce que l’on peut en savoir, c’est ce qu’il est raisonnable de conclure. Citons à nouveau un passage du même article du blog en DéfensedeDavidHamilton :
Résultat, en tout cas, pour Flavie Lecanu: pas de voyages à l’étranger avec David Hamilton, et pas non plus de photos à Paris. Contrairement à d’autres modèles. Entre qui il existait de sauvages jalousies adolescentes, certaines désirant devenir ou rester la modèle officielle voire l’élue du cœur du photographe. Que l’on songe que cette année-là, 1987, David Hamilton fréquentait déjà l’une de ses modèles, qu’il épouserait d’ailleurs quelques années plus tard.
Parmi les déçues encore, mais d’une bonne décennie plus tard, comment ne pas évoquer Élodie, celle qui fut considérée pendant quelques années comme sa compagne. Je dirais que ce fut celle des temps malheureux, de la dernière époque de notre photographe. Celle dont il est impossible de trouver des photos en tant que modèle de David Hamilton. Celle des temps derniers ; celle du repli sur soi de l’artiste ; celle non plus du Cap d’Agde, mais d’une sorte de retour final à Ramatuelle et à Saint-Trop. De l’époque où tout devenait impossible, plus précisément. Où la mode dominante et dictatoriale était rendue à nouveau aux antipodes du style Hamilton.
Élodie est l’une des rares à avoir décliné prénom et nom, et à dire qu’elle n’avait rien à cacher. Ici aussi, il me semble qu’il y a eu quelque quiproquo. David Hamilton ne l’a pas séquestrée, ne l’a pas obligée à le suivre, pendant quelques années, y compris à l’étranger. Curieux mystère. Je l’ai écoutée et vue en vidéo. Seule la psychiatrie pourrait expliquer ce qui est arrivé à cette personne qui semble excessivement bloquée. Et quelque peu perdue.
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N.B. Les deux photos du présent article sont tirées du livre : David Hamilton, Vingt-cinq ans de la vie d’un artiste (ouvrage produit par L’Ariana Pictures Sarl Paris et IB&C Vienne, réalisé par Gertrude et David Hamilton ; Denoël, Paris, 1992 pour l’édition française). Pp. 296 et 311.
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