Ballade boiteuse à un feu ———————— académicien d’ambassade ——————–
Deux, trois fois l’an, se mettre en quatre :
Prolifique aligneur de mots,
L’Immortel a su en abattre
Du bouquin blême à nuls émaux.
Sans un cri, sans coup de plumeau,
Ni crissements de plume acide,
Sans un pâté, sans un grumeau,
De petit nègre en veau placide.
*
Ambassadeur, oui mon bellâtre,
En quel temps et en quel hameau
Auras-tu trouvé d’aucun pâtre
Pour t’inspirer sous les Gémeaux ?
Au grand théâtre des grimauds,
Nul idolâtre des alcides
Ne fait reluire ton pommeau,
De petit nègre en veau placide.
*
Tourne ton orgue à jouer le sacre
Du cœur usé des vieux trumeaux,
Lorsque cymbale et bruits de nacre
S’accordent mal aux chalumeaux,
Et que ton air s’accroche aux maux
D’un verbe creux et articide
Qui abusa quelques momots,
De petit nègre en veau placide.
*
Prince du rien, grandissimo
Écrivailleur des translucides,
Tu as tressé tous tes rameaux
De petit nègre en veau placide !
***
Notes sur les mots désuets ou rares :
– grimaud : élève ignorant, mauvais écrivain, mauvais artiste, pédant…
– alcide (avec ou sans majuscule, nom commun) : homme très fort, d’Alkeïdês, surnom d’Hercule soulignant sa force (alkê).
– trumeau ou trémeau : mot polysémique qui peut désigner le jarret de bœuf ou le gras de la jambe, un mur entre deux ouvertures, un élément de bois ou une glace entre deux croisées, ou, comme ici, une personne âgée, en particulier une vieille femme outrageusement fardée (vieux trumeau).
– momot ou motmot : famille de passereaux arboricoles propres à l’Amérique tropicale, ayant pour la plupart un plumage multicolore, de courtes pattes et de longues queues dont l’extrémité est en forme de double raquette.
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