LES MALHEURS DE FLAVIE
Moi, ça m’amuse tous ces faux juges, ces justiciers autoproclamés, ces moralistes à la noix, farcis paraît-il de diplômes et qui raisonnent (ou plutôt qui déraisonnent) aussi bêtement, avec de grands mots, et avec le plus demeuré des esprits conformistes.
Nous avons déjà évoqué ce « débat » sur Arte, « la chaîne de l’élite », entre (elle ne doit plus se sentir à côtoyer de tels personnages) Flavie Flament, docteur-ès-viols ; Hadi Rizk agrégé de philosophie, docteur en philosophie, professeur de philosophie en Khâgne au lycée Henri IV ; et Raphaël Enthoven, agrégé de philosophie, docteur en philosophie, professeur de philosophie, spécialiste du nihilisme et de la mort de Dieu, chroniqueur, animateur de radio et de télévision, et prix Fémina (catégorie essai). Rien que ça.
Quand je vois et j’entends deux philosophes prendre pour argent comptant les propos invérifiables de Flavie Flament, sans même se poser une question, sans même lui poser une seule question qui vaille, sans même remettre en cause les prédicats du débat, sans même un semblant de métaphysique, sans aucun esprit logique ou questionneur, bref sans aucun sens critique, je me dis : donnerait-on aujourd’hui des doctorats et des agrégations de philosophie au premier imbécile venu ?
Certes, une femme en qui demeurent encore quelques beaux restes, ou jugés tels par certains, peut faire tourner la tête et éliminer tout jugement rationnel ou esprit critique à deux mâles rigolards faisant les paons devant elle.
Ou bien alors, c’est pire : ne seraient-ils que des philosophes de pacotille destinés aux media à paillettes, pour surenchérir sur des ragots et un déni de justice ? Comme il put y avoir des philosophes de super-marché à faire la réclame de tel ou tel « nouveau philosophe »…
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Hadi Rizk est, me dit-on, muni depuis 1993 d’un doctorat de philosophie Panthéon-Sorbonne avec la thèse suivante : Les conditions ontologiques d’une rationalité du collectif. En langage de tous les jours : les conditions de base nécessaires àl’émergence et l’existence d’un esprit commun rationnel et logique au sein d’une collectivité. Enfin, moi c’est ce que je comprends, mais il faut toujours se méfier avec le jargon creux d’un certain onanisme baptisé « philosophique ».
Donc, cet homme qui évoque la rationalité du collectif et la méthode, ou les conditions disons idéologiques et psycho-sociologiques de son émergence, ne semble même pas se poser la question de la rationalité du discours commun à notre docteur-ès-viols et au PAF, comme on dit, en son ensemble ; ni même se demander comment ce discours a pu émerger et se maintenir, en contradiction totale avec le domaine de la Justice et des lois, ou celui de la simple morale commune. J’ose à peine parler d’éthique en général, et encore moins d’éthique journalistique des media dominants.
De mes petites études de philosophie à moi (j’ai eu un très bon éveilleur d’esprit au lycée, il avait nom Philippe Bisciglia) j’ai retenu ce premier principe : critique du naturel, de l’allant de soi, des apparence, des évidences acceptées sans discussion par le plus grand nombre. Notre maître nous sortait cela de La Généalogie de la Morale de Nietzsche.
Je l’ai toujours retenu en tout et pour tout : critique du sens commun (« le sens commun » était une collection de textes sociologiques, autrefois). Là, notre Hadi Rizk s’embourbe jusqu’au cou, et si je puis dire, sans aucun risque ni péril ; j’en ai un peu honte. Pour lui.
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Son acolyte, Raphaël Enthoven, le spécialiste des grands douteurs et autres nihilistes? Il ne doute de rien, c’est un homme assez connu pour juger les uns et les autres et leur accorder ou non des médailles de bons citoyens ou des insignes de mauvais sujets. Il aime jouer le moraliste, je crois que Diogène, le plus grand ou le premier connu des nihilistes était justement tout sauf un moraliste. Il était tolérant, pour ne pas dire indifférent à tout, par delà le bien et le mal.
Aussi, je m’étonne que sur des questions disons de mœurs, dont il ne connaît rien, Enthoven ait encore son mot à dire pour accréditer des propos invérifiables, haineux, et relevant en fait de l’interdit (réveillez-vous les juges d’instruction !) de Flavie Flament.
Qui plus est, ce dernier ne me paraît pas être le mieux placé question éthique. Il n’a rien d’un parangon de vertu, de morale et de décence humaine ; il semble dépourvu de toute idée élevée de l’Homme. Et finalement, ce Raphaël a un parcours « sexuel », « amoureux », assez similaire à celui de Flavie Flament, fait de bric et de broc, selon les opportunités carriéristes ou le m’as-tu-vuisme du moment.
Il y aurait « où rire« de ces relations inter-personnelles, « échangistes » et presque consanguines du milieu de cet homme (de cette communauté des hommes et de cette communautés des femmes). Et se poser des questions sur les formes d’expression de la « rationalité« d’un tel « collectif« comme dirait Rizk.
Je veux parler de celui qui, par exemple, fit de Justine Lévy (la fille de Bernard-Henri Lévy) l’épouse de Raphaël Enthoven, pendant que Carla Bruni était l’amante d‘Enthoven père, Jean-Paul, grand ami de BHL ; avant qu’Enthoven fils (Raphaël) ne divorce pour se mettre avec Carla Bruni qui, entre temps, avait quitté son père, et avec qui le fils eut un enfant. Carla Bruni poursuivant son chemin « promotionnel » en compagnie de Sarközy après le divorce de ce dernier.
Tandis qu‘Enthoven père, qui avait déjà laissé la mère de ses trois enfants, Catherine David, romancière, essayiste, musicienne franco-américaine, pour Corinne Pécas (la fille de Max Pécas), puis pour la journaliste italo-argentine Patricia Della Giovampaola, veuve du marquis Rodolphe de Belzunce d’Arenberg. Mazette ! On dirait de l’inventé et du vrai roman…
Pour être complet, ajoutons que Raphaë Enthoven, à peine séparé de Carla Bruni, se mit en couple avec l’actrice Chloé Lambert à qui il fit un fils avant de s’en séparer pour en faire un autre à la navigatrice Maud Fontenoy… Aux dernières nouvelles, Raphaël Enthoven serait donc le père de trois fils « nés de trois lits différents » (comme on disait autrefois). Il y a donc des points communs avec le parcours de Flavie Flament.
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Bon Sens n’est pas, n’est plus souvent Sens Commun en notre monde inversé et tête en bas, pour ne pas dire tête toute folle. Ou pour le dire plus exactement, c’est de la tête que « l’élite » du monde humain déraille, pourrit. Le peuple a encore du bon sens, peut-être; mais les dominants folayent. À qui mieux mieux, contaminant chaque jour un peu plus la masse humaine amorphe, par ses media de la domination.
C’est en apparence, en son spectacle quotidien misérable et tordu, que le Bon Sens (sens nécessairement bon, puisque c’est celui de la domination des masses) est Sens Commun. Sens Commun obligé, mais illusoire ; il y a une vie tout autre et foisonnante, des mondes parallèles ou plus exactement divergents, des vies multiples avec leurs créateurs, chercheurs, artistes, poètes, etc. derrière, ou plus exactement bien loin, des media des médiocres et destructeurs patentés.
Il est indispensable d’appeler à la rescousse le doute cartésien. Déjà les philosophes grecs inscrivaient la philosophie dans la rupture première et radicale, primordiale, d’avec les évidences communes. Parménide divise l’humanité entre ceux qui suivent le chemin de l’apparence et ceux qui suivent la voie de l’être. Platon oppose opinion (irréfléchie) et savoir (construit) ; le monde des ombres de la caverne avec celui du monde solaire de la lumière.
Or de nos jours, par une inversion des choses, c’est du fond des cavernes que surgit la vraie lumière et non des « sunlights » d’un spectacle de pantins, marionnettes et mannequins de la vie frelatée. Et ce n’est pas demain la veille que les philosophaillons pourront reprendre à leur compte cette phrase de Rabelais :
Je vis Diogene qui se prelassait en magnificence avec une grande robe de pourpre et un sceptre a sa dextre, et faisoit enrager Alexandre-le-Grand, quand il n’avoit pas bien rapetassé ses chausses, et le payoit à grands coups de bâton.
Et ce n’est pas avec eux et leurs semblables que l’on retrouvera, comme disait ce même Rabelais, « la dignité des braguettes ».
Jean-Pierre Fleury.
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