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NE LAISSONS PAS LES VIVANTS ENTERRER LES VIVANTS

25 mai 2013

BILLET D’HUMEUR

qui est la reprise modifiée et amplifiée d’un extrait de courriel privé :  

Je commente à minimum la phrase : « il n’a qu’à travailler… » qui est la phrase sempiternelle de 90% des êtres humains, ceux qui ignorent totalement ce qu’est un acte de vraie création (livre, tableau, musique…). Je ne parle pas des escroqueries et autres fumisteries qui inondent l’inculture avilissante contemporaine.

Comme si ce n’était pas un travail ; difficile, délicat, très contraignant et très envahissant ; un travail rare que peu de gens sont aptes à réaliser. Qui demande du métier, une longue pratique. Mais dans l’esprit de la masse, totalement inutile… puisqu’il ne donne pas à bouffer ; et que cette masse informe, amorphe et sans nom est incapable de réaliser et n’en voit pas l’utilité matérielle, l’usage vulgaire, la raison basse…

Et puis les « vrais » et « bons » écrivains sont édités par les « vrais » et « bons » éditeurs, non ?  Et puis l’art, ça ne sert à rien… et puis la téloche, le cinoche, la merdoche nous suffisent. Amplement ! S’élever, sens du sacré ? Poésie ! Mystère ! Qu’es aquò ?

Le plus fort ou le plus triste, c’est de voir le sort réservé post mortem aux œuvres de certains fainéants et bohèmes. Œuvres qui sont des actes existentiels pour repousser la Mort, et qui sait, la vaincre ! pour glorifier la Nature, le Beau, la Vérité, l’Émerveillement au Monde ! Pour se dire Homme sans honte, ni crainte mais généralement avec très grands tourments. Pour contester enfin les petits hommes aux vues étroites et aux désirs pitoyables qui avilissent l’Homme, la Terre, l’Univers ! Mais qui le comprend ?!

Et malheur !.. œuvres qui deviennent des placements financiers pour ceux qui vivent de la misère présente et passée des autres !!! Des Van Gogh valant des fortunes, des gens se consacrant à la promotion de… disons Villon ; comme s’il avait besoin de ça maintenant ; et qui lui auraient sans doute aucun fermé leur porte du temps où il n’était rien du tout et un pestiféré sentant le souffre. 

« Il n’a qu’à travailler… » La femme de feu Ferré lui-même m’a écrit pratiquement la même chose, en alambiquant son propos, et ne m’a même pas répondu quand je lui ai proposé de lui envoyer les livres du fainéant ainsi que les miens ; mais a eu le culot un jour de me relancer en me demandant si la situation « vitale » du même fainéant s’était améliorée ; là trop c’est trop, je lui ai dit que je ne désirais plus correspondre avec elle puisqu’il n’y avait rien à échanger.

Tant qu’il s’agissait de glorifier « son mort », c’était parfait ; mais lui n’a pas besoin de ça ; ce ne sont pas les morts qu’il faut aider, surtout ceux qui ont un nom ; les oubliés certes oui, mais avant tout les vivants…

Même certains des admirateurs du fainéant ont du mal à comprendre ça. Aimer le personnage vivant ou ses idées sans trop s’engager ; s’identifier au personnage, à ses idées, ça ne coûte rien. De loin. Ça n’engage à rien. Ça n’engage pas du tout, mais donne un fond de bonne conscience satisfaite. Eux qui pour une part n’ont jamais rien créé, ne créent rien et ne créeront jamais rien. De tous temps et de toutes éternités. Que savent-ils finalement ? Que comprennent-ils du mystère flamboyant, de l’ironie joyeuse, ou du drame ?

Extrême solitude de ceux qui remuent, émotionnent culturellement, idéologiquement, politiquement… les autres, surtout quand ils sont ou deviennent des déchus.

Car pour les autres, pour le commun, pour le vulgaire, il y a toujours une « bonne raison » à ça…

Petitesse humaine…

 

From → divers

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