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LE « LIBERTARIAN » DE LA PETITE RÉUSSITE SOCIALE

25 août 2012

Michel Onfray est un personnage important, considérable – comme le sirop non prolixe du même arbre (si, si, cherchez bien, il y a un jeu de mots, qui vaut ce qu’il vaut).  Je ne sais plus quel séminaire il dirige (ce dit-on libertaire). Enfin un »truc » soi-disant populaire spécialisé dans l’hédonisme… Chacun son p’tit commerce. Rassurez-vous très laïc et très fonctionnaire d’État (celui-ci passe régulièrement sur France-Inculture) le séminaire qui insémine… je ne sais quoi.  Je parle évidemment de l’insémination non artificielle, « pratique superstitieuse qui consistait [et consiste encore] à jeter dans de la terre remuée quelque chose venant d’une partie malade, et à y semer une plante qui devenait [et devient encore] propre à guérir la maladie » comme l’énonce le vieux Littré.   Je n’ai plus en tête le nombre exact des livres que notre Onfray a publiés chez les « grands éditeurs ».  Énorme.  Je ne sais où et quand tous ces grands hommes, pourtant très pris, trouvent le temps d’écrire, de leurs petites « menittes », tant d’ouvrages sublimes.  Mais, je ne lui ferai pas l’injure de douter de quoi que ce soit et de ne pas glorifier son esprit gigantissime.

Personnellement j’ai acheté un jour l’un de ses livres qui parlait du plaisir et j’y ai trouvé beaucoup d’ennui si bien que je ne l’ai jamais achevé (le livre). Et n’en ai jamais fait mon livre de chevet.  Mais comme je dis souvent : cela vient de moi, j’ai l’esprit tordu, mal fait.

Michel Onfray est un hédoniste.  Une sorte de libertin,si l’on peut dire,  plutôt qu’un libertaire.  C’est un hédoniste, ce qui est normal  lorsque, à un « e » près,  on se nomme « on fraye ». Un hédoniste banal.  De ceux que l’on rencontre à tous les coins de rue des beaux quartiers.  Une sorte de « baba-coule ».  J’ai toujours assimilé le « cool » anglais au « coule » français, comme dans les expressions : le bateau coule, la France coule, le fromage a coulé ; touché, coulé.  Oui, le baba-coule laisse couler le temps, la vie, la révolte tout en se bâfrant de gros babas-au-rhum, au cœur même de la Rome moderne, en totale adéquation avec la décadence moderne, cette civilisation française et plus généralement européenne qui coule et s’éboule et s’écroule au fond des flots de la bêtise, du laisser-aller et de la démission des hommes.  Des élites en particulier dont, on m’a laissé entendre, Onfray ferait partie.

Cet homme semble ignorer Les Tragiques.  Le tragique de l’existence, le tragique d’une civilisation (la nôtre) en totale décomposition morale, esthétique, éthique, culturelle et existentielle.  C’est son droit.  Mais c’est aussi le mien de dire que son hédonisme à la petite semaine, son athéisme de salon ne sont que l’expression d’une bourgeoisie (grande ou petite) revenue de tout et avide de sensations fortes quand la masse humaine se décompose en charpie de gens amorphes dépossédés de tous, si ce n’est bien entendu – à en être suréquipés –  de divers jouets propices à les faire avaler la dégueulasserie d’un monde prétendument moderne, techniquement avancé, progressiste et autres fadaises.   Quand les mentalités moyennes régressent et que l’individualisme imbécile triomphe, ou tout au moins semble triompher, mais à quel prix ?! Quand il est de bon ton de prôner le métissage que l’on se refuse à soi-même en tant que privilégié, quand on déplace les peuples comme autrefois Pharaon, quand on colonise des deux bords, quand on veut remplacer un mauvais peuple européen par de plus dociles et moins couteaux esclaves et autres mercenaires, quitte à faire imploser les nations (entraves à la libre circulation du capitalisme triomphant).

Onfray serait un libertaire et un libéral à la fois.  Cela ferait donc au moins le deuxième, la paire avec l’inénarrable crétin pédophile bien connu, « anar » comme moi je suis capitaliste. Comme tous ces prétendus gens de gòche, généralement friqués et imbus de leurs pseudo-savoirs de petits profs., petits journaleux et petits cadres, ou grands d’ailleurs (mais il y en a aussi à droite, il n’y a pas de raison puisque « gauche et « droite » sont devenus pratiquement des mots vides de sens, comme tant de portion de notre langage « articulé », de fait, de moins en moins articulé et audible).  Ces médiocres dont les grandes préoccupations sociales consistent à vouloir marier les homosexuels, les faire adopter des enfants, et à désirer la liberté de pratiquer sans sanction la fumette, ou autres drogues plus corsées, des gens heureux au milieu du déluge. Les Hommes se droguent, l’État se renforce  comme titrait déjà en 1976, un ouvrage publié chez Champ Libre par les pseudonymiques Jules Henry et Léon Léger.

Libertaire, quand on y ajoute libéral cela veut simplement dire petit hédoniste tirant profit du monde tel qu’il est, c’est-à-dire approuvant le Veau d’Or, la dictature capitaliste et le pognon, l’ignoble pognon. Par exemple les juteux droits d’auteur en sus de rémunérations de fonctionnaire, je devrais dire de propagandiste officiel. La preuve qu’Onfray soit un agent de la propagande capitaliste contemporaine ? Mais son succès même : tous ses livres non seulement édités en France mais traduits en diverses langues.  La marque du succès est la marque indélébile que notre petit libertaire ne casse pas trois pattes à un canard, et encore moins à un canard sauvage ou même simplement vaguement rebelle.    Je ne sais pas ce qu’en pense Maffesoli, le naïf mais sympathique adorateur de la rébellion qu’il voit partout à l’œuvre : il a la vue plus perçante que moi, Maffesoli qui voit du neuf, de la bonne relève, des relents de rupture et de saine révolte bien réelle dans si peu d’eau claire. Lui au moins n’est pas aimé du tout de ses pairs qu’ils ont même voulu le virer de cette Université sans réelle diversité et totalitaire depuis ces origines sorbonnardes.  Il a voulu introduire une sociologie de l’astrologie, le bougre !!!

Certes, notre libertaire est (serait) athée et n’a pas d’atomes crochus avec les trois religions du Livre en ses divers avatars. Ou plus exactement Onfray n’aurait plus d’atomes crochus avec le catholicisme dont il dit avoir subi toute la perversité au sein d’un orphelinat catholique.  Il semble avoir renié la calotte qui l’a pourtant fait vivre pendant des années comme petit prof de philosophie.  Michel Onfray a ainsi enseigné la philosophie dans les classes terminales du lycée technique privé catholique Sainte-Ursule de Caen de 1982 à 2002.  Puis, son choc existentiel, celui qui l’a fait quitter l’institution scolaire et le monde catholique a été le « duel » entre Chirac et Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002.  Il n’y a pire catho et pire homme de gauche que le catho qui se renie après avoir été dans la religion jusqu’au cou et sur d’apparentes (pour Onfray) questions d’antifascisme.  Onfray nous sert maintenant son réchauffé en crachant dans son ancienne soupe aux hosties moisies.  On a toujours adoré les renégats, en tout temps et en tous lieux…

Moi-même je n’ai pas beaucoup d’atomes crochus avec tout ce qui dérive, il faut bien le dire, d’une religion tribale et raciste de bédouins sémites du Proche-Orient qui ne sont à l’origine d’aucune civilisation antique. De cette religion de raccrocs dont le Livre est une compilation d’histoires (du moins les mythes)  en partie pillées chez les sumériens, les akkadiens, les babyloniens, les égyptiens, etc. Une certaine tolérance polythéiste en moins !!!  J’ai été fait catholique de force, confirmation, catéchisme et tout le tralala, alors même je ne croyais en rien de ces fadaises mythiques, mensongères et hypocrites.  De cet exotisme totalitaire, de ce dieu d’amour inquisitorial.  De ces simagrées de sacrifice simulé.  « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».  De ce crucifié qui aurait souffert pour l’humanité entière tandis que ses deux acolytes faisaient partie des milliers d’anonymes ayant subi semble-t-il juste châtiment. J’étais trop jeune et trop ignorant pour comprendre, pour voir tout ce que cette religion devait en fait aux rites païens antiques en son syncrétisme prônant un curieux monothéisme farci d’idoles, de saints, d’un culte marial.  D’un dieu fait homme bien longtemps après l’aventure nettement plus poétique du héros demi-dieu Gilgamesh en sa quête belle et vaine de l’immortalité.

C’est dire si je sais reconnaître les expressions artistiques des religions.  Je place sur le même plan les cathédrales et grandes mosquées, les ziggourats babyloniennes, les pyramides égyptiennes ou mayas, les monuments mégalithiques, ces chères peintures rupestres de tous temps et de tous lieux du monde qui montrent là un dépassement de l’Homme, une expression du Sacré et de l’Art à la fois.  Je respecte tous ces lieux fruits d’un travail colossal humain.  Quant aux doctrines et dogmes, tout ça m’intéresse uniquement en historien et linguiste. Poétiquement, je suis païen comme un poète renaissant ou baroque ; et je dis que le monde contemporain crève d’absence de sacré (de vrai sacré non massacré ni massacreur) et que l’athéisme, du moins l’athéisme obtus et béat n’a rien à proposer d’élévatoire pour l’homme, aucune vraie valeur ; aucune humaine raison de vouloir élever les hommes.  C’est son énorme limite. Apoétique. Rien d’autre à proposer que de se vautrer dans les vomis et autres dégueulis sans art du capitalisme commun et totalitaire tout en se déclarant hédoniste.

Pour le simple fait qu’il s’affirmerait un athée plutôt radical, par le fait également qu’un demi-siècle voire plus après bien d’autres il ait écrit que le freudisme était de la foutaise, Michel Onfray serait à en croire de pitoyables sectateurs ravinesques à l’esprit si court, un antisémite.  Et nous y revoilà encore une fois, dans la confusion et dans la çonnerie courante et totalitaire. L’esprit mythique.  Triste esprit du temps dans une société que l’on dit démocratique et de tolérance.  De tollés rances aurais-je envie de dire plutôt…  Cette obligation de nous imposer une pensée dont à tout prendre on n’a que faire, nous recentrer en permanence sur l’inessentiel, l’accessoire, le désolant ethnocentrisme des élus. Celui qui englue et empêche de développer librement la Pensée. Je ne sais pas non plus ce qu’un Oberlin pense de cet Onfray qui ne semble craindre les foudres répressives de personne finalement, lui Oberlin qui aide la médecine palestinienne (vous vous rendez compte, quel salaud !) également banni de ces temps-ci pour oser dire les faits réels et l’état de délabrement, de soumission, de misère en tout genre dévolu au peuple palestinien par la maffia colonialiste sioniste.

Moi, tout ce que je vois d’Onfray est que son « libertarisme », que sa « rébellion » gnognotte ne dérange pas grand monde et ne propose surtout pas de transformer la société, encore moins de détruire la Banque et tout le reste qui polluent les hommes et les esprits des hommes, les animaux, les végétaux, les minéraux ; enfin la Terre en son entier. Au contraire, il nous demande de nous complaire en ce monde pourri.  C’est un vulgaire « libertarian » comme on dit chez les gringos, c’est-à-dire un adepte de la liberté individuelle au sein d’une économie de marché ; évidemment pas un Avram Noam Chomski par exemple pour en rester chez les amerloques.

Moi, tout ce que je connais finalement d’Onfray est que c’est un type (sorti pourtant d’un milieu provincial très populaire) qui n’a pas même la politesse (comme Vaneigem aussi, « le boucher du Borinage ») de s’abaisser à accuser réception de livres (en l’occurrence d’Olivier Mathieu) et ne daigne pas d’accorder trois mots de remerciements à la valetaille, aux obscurs et aux sans grade.  J’en ai fait l’expérience de petit éditeur également libertaire, du moins en ai-je la modeste prétention. Et à ma manière…

From → divers

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