Quand la défense de la laïcité se transforme en croisade, ou Sophie Mazas contre les crèches
RT en français – 4 déc. 2025
Sophie Mazas mène un combat de plus en plus radical contre les crèches de Noël dans les mairies, les considérant comme une menace pour la laïcité. Sa stratégie offensive et très politisée alimente une polarisation croissante. Sa critique confond pourtant défense du droit et croisade idéologique contre les traditions chrétiennes locales.
Chaque fin d’année à Béziers, le même scénario se répète : une crèche est installée dans le hall de la mairie, et Sophie Mazas, avec une détermination inflexible, part en croisade.
L’avocate montpelliéraine, présidente de la LDH * de l’Hérault, présente sa lutte comme une défense de la loi de 1905.
Pourtant, derrière ce discours, beaucoup discernent un engagement militant dépassant largement le cadre juridique.
En s’attaquant systématiquement aux symboles chrétiens pourtant enracinés dans les traditions locales, elle apparaît non comme une garante neutre de la laïcité, mais comme une figure cherchant à effacer toute expression culturelle religieuse de l’espace public, au risque d’alimenter les fractures qu’elle prétend combattre.
Une croisade anti-tradition
Son activisme se manifeste jusque dans la rue, où, pancarte provocatrice en main, elle dénonce un « délinquant de la justice administrative » en référence au maire Robert Ménard.** Une stratégie d’affrontement renforcée par des accusations publiques qui frôlent parfois l’outrance, comme lorsqu’elle suggère qu’un préfet aurait discriminé un de ses clients en raison de sa couleur de peau.
À force de dramatiser chaque dossier, allant jusqu’à présenter les crèches comme une menace pour la démocratie, elle contribue à polariser davantage un débat déjà inflammable. Si elle dit défendre la République contre « les coups de boutoir de l’extrême droite », ses détracteurs estiment qu’elle instrumentalise la laïcité pour imposer une vision rigide, déconnectée du vécu culturel des habitants.
Les décisions de justice divergent selon les territoires, mais elle refuse d’y voir autre chose qu’un sabotage institutionnel. En dénonçant la « paresse intellectuelle » des préfets et un prétendu abandon de l’État, elle transforme des questions administratives en combat existentiel.
Sa pratique du droit se charge alors d’idéologie, au point que certains observateurs la considèrent comme une militante davantage que comme une juriste. La multiplication des tensions autour de son action – insultes, oppositions frontales, menaces – illustre un paradoxe : en voulant défendre le vivre-ensemble, Sophie Mazas semble contribuer elle-même à fragmenter le débat public.
Sa bataille contre les crèches, qu’elle juge emblématiques des entorses à la laïcité, apparaît désormais pour beaucoup comme le symbole d’une dérive inverse : celle d’une laïcité brandie comme arme plutôt que comme principe d’équilibre.
* * *
* LDH : Ligue des Droits de l’Homme. Sic !
** Avec Robert Ménard, elle pratique l’amalgame entre la politique (macronisme, sionisme, droitisme…) et la religion (catholicisme jugé intrinsèquement réactionnaire, attardé, rétrograde, « facho »). Je suppose que cette avocate fête Noël comme tout un chacun, ce qui est le cas de nos jours y compris parmi les athées aussi bien que parmi les musulmans de France.
Or, il faudrait qu’elle soit apte à comprendre que Noël est une fête multiséculaire. Et qu’elle soit déjà capable d’établir une différence entre Noël, fête chrétienne (catholique, orthodoxe, protestante) et symbolique de la naissance de Jésus le Galiléen, et Noël fête antérieure païenne ou polythéiste du Sol Invictus, du Soleil invaincu, de la renaissance du Soleil, vainqueur de la nuit hivernale. Et saisir que Noël est sans doute plus encore la fête de la famille.
D’ailleurs le jour de la naissance du Soleil Invaincu (dies natalis Solis Invicti) a été instauré par l’empereur romain Aurélien le 25 décembre 274 lors de l’ouverture de son temple au Champ de Mars de Rome. Cet empereur entendait faire de son culte une sorte de dieu suprême de tout l’empire servi par les pontifices Solis, les prêtres du Soleil. Il avait très probablement rapporté ce culte oriental de sa victoire sur les troupes de la reine de Palmyre, Zénobie qu’il fit prisonnière à Rome.
Pourquoi le 25 décembre ? Parce qu’à cette époque ce jour était considéré comme le jour du solstice d’hiver.
Cette fête de la naissance, ou plus exactement de la renaissance annuelle du Soleil intervenait d’ailleurs juste après la très ancienne et sans doute la plus importante fête romaine des Saturnales (Saturnalia / Saturnaliis). On y célébrait, dans la semaine du solstice d’hiver (entre le 17 et 23 décembre), Saturne, le dieu du Temps, assimilé à Χρόνος, Chronos le grec, et qui le reste de l’année était deus otiosus, dieu oisif, le dieu en sommeil.
C’était alors l’occasion de célébrer la Vie et la Nature à renaître, dans de grandes réjouissances populaires où les gens de tous milieux se mêlaient. On décorait les habitations de plantes qui restent vertes toute l’année comme le lierre, le houx, le gui. On organisait des grands repas, on échangeait des cadeaux, on offrait aux enfants des figurines. Cela ne nous rappelle rien ?
D’ailleurs il n’y a pas besoin d’être un grand étymologiste pour savoir que le mot « Noël » vient tout droit (enfin après bien des modifications phoniques) du mot latin natalis, du dies natalis Solis Invicti.
Comme la plupart des langues latines, et si ce n’est pas le cas, c’est d’un mot de la même famille que natalis ou un synonyme.
Portugais : Natal (prononcé : nataw)
Espagnol : Navidad (nativitas / nativitatis, naissance, génération)
Catalan : Nadal
Occitan : Nadal
Romanche : Nadal / Nadel
Ladin : Nadèl
Italien : Natale
Corse : Natali / Natale
Roumain : Crăciun (crëtchoun, creatio / tionis, engendrement, création, procréation)
Et pourquoi « Noël » ? Parce qu’en ancien-français, on disait ou plus exactement on écrivait : Natal, ou Nattal ou Nathal. Mot qui désignait non seulement Noël mais les principales fêtes religieuses sous le nom de : nataulx, nathaus, natous, etc. Également dénommées « les festes natalices », quand l’adjectif « natalicien » signifiait : de Noël. « Noël ! » fut même jusqu’au moyen-français un cri d’allégresse porté à l’occasion d’une naissance princière, d’une victoire militaire, ou de tout autre événement heureux. Sans oublier non plus que « nael, naal » avait le sens de : primitif ou de jour de naissance ; et que « nate » avait celui de naissance, origine.
De « Natal » à « Noël » on peut imaginer le passage de « natal » à « naal » puis « nael » par amuïssement du « t », ou simplement par recours à « naal » puis « nael », mots qui existaient déjà avec un sens proche en ancien-français. Puis une dernière transformation de « nael » à « noel ». Je rappelle ici la forme : la Naù (nàò, nàw en une syllabe) qui est celle du gallo ; qui a réduit le « el » final à « ò / w ». Et j’ajoute au passage que l’on ne sait encore pas bien si Noël est mâle ou femelle. Du moins est-elle du féminin en gallo.
Mais revenons à nos ouailles. La naissance du Petit Jésus, le demi-juif de la banlieue nord galiléenne de Judée, a tout simplement pris la place de la renaissance du Soleil. Petite récupération chrétienne du paganisme comme il en a tant dans le christianisme. Voir par exemple le culte de la Vierge Marie qui semble être une reprise de quelque culte de vierge dite noire antique, ou de Cybèle ou d’Isis. Ou de quelque syncrétisme de tout cela.
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