Mister Elon Couille. – Par Olivier Mathieu.
Mister Elon Musk, entre deux déclarations dignes de Tartarin de Tarascon au sujet de son vif désir d’envoyer l’humanité sur la planète Mars, passe à l’évidence beaucoup de son temps à publier des photos de sa personne sur son réseau social. Aller sur Mars est et sera impossible, pour très longtemps voire pour toujours. Les déclarations de Musk, à ce propos, n’ont donc aucune importance. C’est juste un sujet de Café du commerce et de “grande presse”.
Elon Musk trouve énormément de temps, aussi, pour proférer quelques blagues – il doit trouver cela drôle, je suppose – sur le pénis. Entendons-nous, je ne suis pas bigot et parmi toutes les libertés, celle de parler de sexe doit être garantie. Le problème est qu’après tous les grands écrivains qui ont parlé à merveille de sexe, il serait mieux d’en parler avec talent.
Le talent de Musk, pour l’instant, consiste par exemple à brièvement changer son nom d’affichage, sur X, en « Harry Bolz ». Harry Bolz, en argot américain, signifie “couilles”. Vous comprenez le niveau… Les blagues “sexuelles” de Musk, sur les réseaux sociaux ou dans ses publicités, sont tristement connues. On trouve cela sur Internet, à l’époque qui est de plus en plus celle des “trolls”, de la vulgarité, du machisme misogyne et du féminisme misandre les plus pathétiques.
En 2018, Elon Musk a été accusé d’avoir montré son sexe en érection à l’une de ses employées, à laquelle il aurait ensuite versé 250.000 dollars. Il a déclaré que cette femme, pour prouver l’authenticité de ses accusations, devrait révéler des détails sur son anatomie intime, par exemple quant à la présence ou non de “cicatrices” ou de “tatouages”. Ceci laisse-t-il entendre que le sexe de Mister Musk, ou son ventre, serait tatoué? Pire encore, que le sexe de Mister Musk aurait des “cicatrices”? Et pourquoi le sexe de Mister Musk aurait-il des cicatrices? Quelle opération aurait-il subie? Une opération de pénoplastie, c’est-à-dire d’allongement du pénis? En tout cas, non seulement il semble que la plupart de ses nombreux enfants aient été conçus in vitro, mais aussi une rumeur affirme qu’il serait porteur d’un implant pénien.
C’est Musk, encore, qui a proposé à Mark Zuckerberg de mesurer leurs sexes, pour voir qui, des deux, a le pénis plus long. A l’évidence, donc, Mister Musk a un problème sous la ceinture. La question de la “grosse bite” (en français dans le texte) est une question à la fois très moderne, et très américaine. Candace Owens accusait il y a quelques années Donald Trump d’avoir une petite bite. Intellectuel, non?
C’est aussi une question parfaitement stupide. Le seul fait de se vanter, ou de se préoccuper d’avoir une grosse bite, et une plus grosse bite qu’une autre personne, relève en effet d’une psychologie pathétique de balourd mal dégrossi. C’est ce que j’ai expliqué, il y a déjà une vingtaine d’années de cela, dans un livre intitulé “La petite queue”. Le livre a été passé sous silence, naturellement, par la “grande presse”, à l’exception d’une brève citation moqueuse dans le magazine “Marianne”.
Dans l’ouvrage en question, qui est un recueil de nouvelles littéraires, j’exposais que l’obsession pour la grosse bite est l’un des mythes fondateurs de l’Occident moderne. Je disais qu’il aurait mieux valu se préoccuper d’avoir un cerveau, ou un coeur, plutôt qu’une grosse bite. Pourtant, dans une cour d’école, rares ceux qui se mettront à crier: “il a pas d’cerveau” ou “il a pas d’coeur”, tandis qu’il est fréquent d’entendre: “il a pas d’quéquette”.
Je faisais également remarquer qu’une grosse bite est encombrante, souvent inesthétique et, surtout, qu’elle ne sert absolument à rien en matière de… sexe. L’intérieur d’un vagin possédant très peu de terminaisons nerveuses, voire n’en possédant pas (la nature a bien fait les choses et, si ce n’était pas le cas, les accouchements seraient encore plus douloureux qu’ils ne le sont), la longueur de la bite n’a aucune influence, notamment, sur l’orgasme féminin. Tout au plus pourrait-on dire que, toujours en ce qui concerne l’orgasme féminin, la circonférence pénienne est davantage importante. Mais cela non plus n’est pas complètement exact, à la réflexion, puisque tout dépend du positionnement du clitoris féminin. Clitoris qui n’est jamais situé exactement au même endroit, d’une femme à une autre.
Par ailleurs, la notion de “grosse bite” – un concept pour beaufs amateurs de pornographie de bas étage – est d’autant plus absurde que, n’importe quel sexologue sérieux le confirmera, il est très fréquent que des bites, plus petites au repos, soient plus grosses que les autres une fois en érection. Certaines bites qui sont grosses au repos triplent, en érection; tandis que d’autres, plus petites au repos, quintuplent en érection et sont donc plus grosses.
La “grosse bite” est une obsession de primaire et un mythe du conformisme sexuel occidental moderne.
J’en reviens à Mister Elon Musk. Sa proposition de mesurer sa bite et celle de Mark Zuckerberg est d’une médiocrité infinie. Avoir une bite d’un, de cinq ou de dix centimètres de plus que quelqu’un d’autre ne signifie absolument rien. Pas davantage qu’avoir les pieds, ou le nez, ou les poils du cul plus courts ou plus longs.
Et puis, Mister Musk est en retard. En 1989, dans plusieurs journaux dont “L’Idiot international”, je proposais à mon ancien ami Jean-Edern Hallier (j’ai raconté mes souvenirs de notre amitié dans le magazine “Eléments”, il y a quelques années) de convoquer une conférence de presse à Paris et d’y comparer nos anatomies.
Mister Musk, en 2024 ou 2025, a donc environ quarante ans de retard sur moi. A part qu’en ce qui me concerne, ma proposition de 1989 à Jean-Edern Hallier n’avait pas pour but de mesurer nos bites… Proposition que Jean-Edern n’avait d’ailleurs ni acceptée, ni refusée. Prudemment, il n’y avait pas répondu…
Ce qui est terrible dans le monde moderne est que Mister Elon Musk, l’homme le plus riche (en pognon) au monde, soit actuellement au pouvoir aux Etats-Unis. Pour combien de temps, et pour quels résultats? L’Histoire, probablement, le dira. Je n’en attends rien de beau. Ce qui est terrible est que les “suprémacistes blancs”, ou les “trumpiens” de la dernière heure, les “petits blancs” s’extasient devant des personnages comme Musk ou Trump. Ce qui est hallucinant est que le gouvernement Trump, ou des masses d’individus dans le monde entier, fassent confiance pour “aller sur Mars”, ou pour régler leurs problèmes, à un Mister Musk obsédé par le mythe de la grosse bite, qui se fait appeler « Harry Bolz » (“couilles”) et dont le nom de famille – Musk – signifie en effet “testicule”. Musk vient du bas latin “muscus”, emprunté à travers le grec au persan “musk”, qui vient du sanskrit muṣká- «testicule» et de l’iranien *muska «testicule». Il y avait un destin de couille, dans cet homme-là.
Toute “l’intelligence artificielle” – dont je comprends aisément qu’elle soit de plus en plus nécessaire à l’immense bêtise naturelle humaine – et tous les robots, les voitures sans conducteurs et les écrivains sans pensée, tous les “politiciens” à la Elon Musk, tous les causeurs de bistrots, tous les intoxiqués à la “science fiction”, tous les gogos bigots qui ont besoin d’imaginer un “Dieu” dans le ciel et tous les moutons laïcs qui ont besoin d’imaginer les petits hommes verts sur Mars n’y pourront jamais rien: le principal organe sexuel, ce n’est pas la grosse bite, c’est le cerveau.
Olivier Mathieu
Voici de brefs extraits de mon livre “La petite queue”.
Page 82 : “Pourquoi crois-tu que je t’aie dit, moi, que j’avais une petite queue ? Je suis un homme qui aime parfumer l’Eros de suicide. Le suicide, c’est plus aristocratique que la grosse bite”.
Page 83: “Xavier avait une petite queue ? Ici encore, il n’aurait pas suffi d’expliquer les choses calmement aux hommes et aux femmes modernes: les hommes et les femmes modernes ne peuvent certes pas comprendre grand-chose à quoi que ce soit: ce sont de simples et malheureuses victimes du mensonge des propagandes en général, et des propagandes sexuelles en particulier. Tantôt des propagandes réactionnaires, tantôt des propagandes progressistes. Les unes comme les autres, celles qui interdisent comme celles qui banalisent le sexe, aboutissent au même et identique résultat. – « La femme occidentale moderne» – songea Xavier Duvoilier – « croit, en toute franchise, qu’elle cherche une grosse queue. Elle espère que celle-ci joue, vis-à-vis de ses névroses, un rôle messianique. Mais si la névrose était, justement, la grosse queue ? Comment se peut-il qu’une femme croie qu’elle jouira mieux d’une grosse que d’une petite? En vérité, si elle est frigide, elle ne jouira ni de l’une, ni de l’autre. C’est une triste chose qu’un monde où le mâle – le dernier mâle… – est persécuté à la fois par des images de bites virtuelles démesurées, et par les récriminations féministes: de telle sorte que les complexes des messieurs s’ajoutent aux protestations des dames, dans un grand cercle vicieux où tout un chacun y perd. Le seul vice de forme provient évidemment des mêmes, vous voyez qui je veux dire? – c’est-à-dire des maîtres du sexe galvaudé, des commerçants et des profiteurs de la sensualité, des épiciers de l’âââmour, des faussaires de l’Eros, des super-talibans du progressisme occidental, des jeunes filles occidentales obligées à porter le blue jean, des anciens et des nouveaux philosophes de la pensée avec alpha privatif, de l’apensée, des infirmes de la sensation et des châtreurs du sentiment »..
Page 84 : “Robert Pioche, c’était la honte: Robert Pioche, p’tite queue ! Il savait, par bonheur, que nombreuses étaient les dames à se prendre d’affection pour sa petite queue, parce que celle-ci réveillait en elles un instinct maternel. Grâce à lui, elles n’étaient pas encore réduites – pas complètement réduites – à un rôle de robots obsédés par des questions de dimensions caudales. Nombreuses aussi étaient les dames qui prenaient goût à son égoïsme d’éjaculateur solaire: parce qu’elles commençaient à être fatiguées, jusqu’à l’accablement, par les messieurs qui éjaculent au bout de trois heures, admettons, mais qui éjaculent en silence, les yeux fermés, dans l’obscurité, et dans le plastique d’un condom. Au moyen de sa courte tige, il piochait dans la roche dure et tenace des fables. Il luttait contre l’impuissance, la frigidité, la stérilité, la grisaille, le désenchantement du monde: contre l’assassinat de l’Eros en Europe. – La Bite du Vingtième Siècle… se mit-il à méditer.
A voix haute. Gouailleur. Spirituel et amer… Il venait de démanteler, peut-être, le mythe de la grosse bite”.
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