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Rien de nouveau sur le front de l’Occident répucratodémoblicain — Par Olivier Mathieu.

12 mars 2025

La seule vérité contemporaine tient en une seule constatation: l’humanité devient folle et est dirigée par des principes, ou par des individus, de plus en plus “déments”, y compris au sens étymologique. “Dément” est emprunté au latin classique “demens”, qui est constitué de “de-” privatif et de mens, «esprit, intelligence». Démentiel signifie: privé d’intelligence.

Tandis que l’indice de popularité de Trump aux Etats-Unis est en chute libre; tandis que l’on commence sans doute à comprendre, au Canada et dans le nord de l’Europe tout d’abord, puis ailleurs, que l’effet Trump va mobiliser et remobiliser les “progressistes”; tandis que Tesla de Musk chute en bourse et que les milliardaires américains perdent des dizaines ou des centaines de millions de dollars; tandis que Trump continue à annoncer des taxes douanières dont il semble que beaucoup, à commencer par celles imposées au Mexique, n’entreront jamais en vigueur; voici, au sujet de la démentielle situation internationale actuelle, à commencer par l’Ukraine, quelques petites choses que tout le monde sait, ou devrait savoir, mais qui sont probablement trop peu dites.

A la fin des années 1980, après que se fut effondrée l’URSS, les États-Unis étaient convaincus depuis plusieurs années déjà qu’ils pouvaient et allaient gouverner le monde encore davantage, toujours plus ouvertement, en bafouant de plus belle – si nécessaire – le droit international et l’ONU. C’est là ce qu’enseigne l’histoire des années 1990 avec, notamment, les Guerres du Golfe. Depuis cette époque, et cela a duré jusqu’à aujourd’hui, le monde unipolaire et américanocentré désiré par Washington signifiait une expansion illimitée de l’OTAN vers l’est du continent appelé, géographiquement parlant, “européen”. La décision des Etats-Unis fut entérinée notamment par Bill Clinton puis Obama. Et cela, malgré les nombreuses déclarations, implicites ou explicites, de tant et tant d’hommes politiques, y compris l’ancien ministre des Affaires étrangères allemand, qui juraient que l’OTAN ne profiterait jamais de l’effondrement du Pacte de Varsovie.

En vérité, il faudrait remonter au début du dix-neuvième siècle (et, pour ainsi dire, à la bataille de Waterloo et à la fin de l’Empire napoléonien). Les États-Unis ont été fondés par le Royaume-Uni. Surtout, toute l’histoire de l’Empire britannique démontre que la volonté d’encercler la Russie, notamment en lui refusant l’accès à la Méditerranée, est une idée vieille de plusieurs siècles. Rien n’a changé. Clinton est “démocrate”, Bush est “républicain”, Obama est “démocrate”, Trump est “républicain” après avoir tenté d’abord de faire carrière dans le parti démocrate américain, mais tous ces présidents ont mené une et une seule politique, jusqu’à Joe Biden: encercler, étouffer, étrangler la Russie.

A propos, que Biden ait été affaibli ou pas par la vieillesse, ou par la maladie, est pour l’essentiel un faux problème. Déjà, Roosevelt avait dirigé les Etats-Unis sans que le peuple américain sache qu’il était gravement malade, tout comme Staline dirigeait les peuples soviétiques où quasiment personne ne savait qu’il avait un bras plus long que l’autre. Il est donc totalement idiot de se moquer de l’état mental de Biden. C’est la planète tout entière qui est malade. La société mondiale est une société du spectacle basée sur les images et leur manipulation. Il faut tout ignorer de l’Histoire pour ne pas savoir que bien des Etats ont eu des dirigeants incapables ou, à une certaine époque de leur vie, partiellement incapables de gouverner mais qui continuaient à se vouloir candidats, comme dans le cas de Joe Biden, à leur propre réélection.

Revenons à l’expansion de l’OTAN, voulue par le parti démo-blicain et le parti répu-crate. Et, rappelons l’entrée qu’y firent dès 1999 la Hongrie, la Pologne et la République tchèque. Cinq ans plus tard, en 2004, ce fut l’adhésion à l’OTAN de sept (!) pays : les trois républiques baltes, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie. A la suite de quoi, la politique américaine a cherché à imposer l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie. Voilà ce que l’on sait, voilà ce que tout un chacun devrait savoir, voilà ce qu’il est impossible de nier, notamment à la lecture des documents rendus publics par Julian Assange.

Il me semble difficile de croire que la Russie ait eu pour objectif d’occuper l’Ukraine. Il est nettement plus probable, en revanche, pour ne pas dire certain que les États-Unis aient travaillé à la destitution du président ukrainien de l’époque. La guerre en Ukraine, qu’on le veuille ou pas, ne date pas de 2022. Elle a commencé avec Maïdan dès 2014. Les accords de Minsk, en particulier Minsk 2, prévoyaient que les régions de l’est de l’Ukraine jouissent de leur autonomie, comme il avait été approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ce sont les États-Unis qui ont refusé qu’ils soient appliques tandis que l’Europe – pardon, l’Union européenne – se cantonait à sa fonction habituelle de spectatrice et de figurante.

Aujourd’hui, personne ne semble se souvenir ou avoir le courage de rappeler que c’est Trump (lequel déclare vouloir “passer à l’Histoire comme un pacificateur”) qui a commencé, ou continué de plus belle, à armer et surarmer l’Ukraine. Biden a continué le boulot, avec l’intermède des élections que Trump dit (à tort, d’ailleurs, selon moi) avoir été “truquées”, avant de repasser le relais à Trump. C’est ce que l’on appelle, je suppose, une politique “bipartisane”, Trump ou Biden se partageant ainsi, en définitive, la responsabilité d’armer ou d’avoir armé l’Ukraine (principal importateur d’armes, dans le monde entier). Parfaitement complémentaires, le parti démo-blicain et le parti répu-crate.

Tandis que le président russe, Vladimir Poutine, tentait d’endiguer l’expansion de l’OTAN en Ukraine, les Etats-Unis ont continué longtemps à promettre que cette expansion n’aurait pas lieu. Dans les faits, les Occidentaux n’ont jamais cessé de prétendre à une expansion illimitée digne du concept sur lequel est basé le mythe du Far West, la frontière repoussée toujours plus loin. On en trouve une autre illustration dans les tartarinades d’Elon Musk au sujet de voyages sur Mars. Comme si l’homme blanco-biblique américain devait conquérir l’univers.

L’intention de Vladimir Poutine, à mon avis, était simplement de négocier la neutralité de l’Ukraine, afin de tenir l’OTAN à distance de la Russie. Toutes les décisions américaines depuis les environs de l’an 2000, si pas auparavant, ont culminé en 2022 dans le refus américano-occidental que soit signé tout traité de paix entre Vladimir Poutine et Zelenskyy. La vie de centaines de milliers de soldats ukrainiens est-elle vraiment entrée en ligne de compte? L’Occident a-t-il vraiment défendu l’Ukraine? Ou alors, n’a-t-il pas défendu et ne défend-il pas exclusivement le droit de poursuivre à tout prix sa propre expansion vers l’est?

Dresser les listes de toutes les guerres déclarées ou provoquées par les Etats-Unis serait trop long. En Ukraine, ce n’est plus seulement une guerre occidentale. C’est depuis 2022 une guerre occidentale oui, mais pire encore: une guerre par procuration. Avec tant et tant d’armes vendues (et fabriquées) ou données par l’Occident. Le tout dans l’espoir que les menaces, les sanctions économiques et les armes occidentales effraient Moscou.

Allié, jouet ou pion mis ou maintenu en place par les Américains, Zelenskyy a fait et continue à faire le jeu des Occidentaux. Loin d’accepter la neutralité ukrainienne, il persévère à vouloir entrer dans l’OTAN.

On est en pleine démence. Qui peut comprendre que, quelques jours après avoir mis en scène la pseudo-disputaillerie entre Trump et Zelenskyy, les Etats-Unis et l’Ukraine se retrouvent à Gedda pour de nouveaux pourparlers? On est en pleine démence, l’Ukraine et parfois la Russie parlant de “paix” mais continuant à se bombarder. On est en pleine démence. Qui peut ne pas noter qu’Ursula Von der Leyen (Union européenne) emploie la formule “la paix par la force”, qui a été utilisée par Trump?

“En ce moment, ce qui se passe en Europe, ce n’est peut-être pas autre chose qu’une monumentale partie de poker, où chacun cherche à gagner par intimidation”, écrivait autrefois Roger Martin du Gard. Rien n’a changé. Un jour Trump déclare que la Russie “a toutes les cartes” et, une ou deux semaines après, qu’elle ne les a pas. Visiblement, la culture de ce monsieur est celle du joueur de poker, jeu de cartes où l’on mise de l’argent, fondé sur le bluff, où l’on ne gagne pas seulement si l’on possède la combinaison de cartes la plus forte mais surtout si on amène les adversaires à renoncer par la force de conviction que l’on manifeste, et par l’importance de la mise ou de la relance. Que va faire Trump, dont la mentalité est celle d’un joueur de poker menteur? Il est orgueilleux et ne veut pas perdre. Peu lui importe l’Ukraine. Peu lui importe l’Europe. Tout ceci se passe loin du territoire américain. Ce qu’il veut, c’est imposer sa volonté, entrer dans l’Histoire, obtenir les minerais ukrainiens et, que ce soit avec ou contre l’Ukraine, avec ou contre l’Union européenne, avec ou contre Poutine, ce qui compte pour Trump est de faire triompher l’impérialisme américain.

L’Europe, qui devrait être le principal partenaire historique, politique et culturel de la Russie, l’Europe sous ses oripeaux d’Union européenne n’a depuis très longtemps jamais rien fait sans les Etats-Unis, mais feint parfois de pouvoir se passer de l’Oncle Sam.

Trump parle d’argent et de taxes douanières. Il parle de l’argent qu’il demande aux Européens de dépenser. Il ne parle que d’argent et, cela va sans dire, jamais d’histoire et de culture (quand il parle de politique internationale, il multiplie les gaffes dignes de Biden et avoue par exemple qu’il croit que l’Espagne ferait partie des BRICS). C’est malheureusement Trump qui, tant qu’il sera président, fera ce qu’il voudra quand il le voudra. Tant, du moins, qu’il sera président en exercice.

Ce n’est pas une boutade que de se demander quelle hiérarchie dans le péril établir entre, d’une part, la situation en Ukraine et, d’autre part, un président des États-Unis qui annonce périodiquement qu’il prendra possession (y compris en envoyant des troupes sur le territoire danois?) du Groenland. Dans l’un des événements les plus importants aux Etats-Unis, à savoir son discours sur l’état de l’Union, le 5 mars 2025, Trump, faisant référence au Groenland, a encore dit textuellement : « Nous le prendrons d’une manière ou d’une autre »…

Que l’Union européenne soit un hochet entre les mains américaines, ou qu’elle prétende s’émanciper de Trump, ou que Trump prétende s’éloigner d’elle, il n’en reste pas moins que les Européens, tant qu’ils ne traiteront pas avec la Russie et ne mèneront pas de négociations diplomatiques, n’obtiendront rien de bon. Soit dit entre parenthèses, je n’arrive pas à comprendre pourquoi et comment l’Union européenne est tellement “va-t’en paix” en ce qui concerne l’Ukraine, mais tellement silencieuse en ce qui concerne le Moyen-Orient, où il est d’ailleurs faux de dire que les États-Unis de Trump auraient confié leur politique étrangère à Netanyahou: il y a des dizaines d’années qu’il en est ainsi. La puissance des groupes de pression israéliens dans la politique américaine ne date certes pas de Trump. Comment fait Trump à déclarer vouloir la “paix” en Ukraine, mais à proposer ou chercher à imposer le déplacement du peuple palestinien? Si l’Europe voulait avoir une véritable influence, elle devrait exiger des États-Unis de retirer leur “veto” car ce veto américain est le principal responsable de l’impossibilité d’arriver à la solution, à supposer qu’elle soit viable, des “deux Etats”. Les récents développements de la situation (y compris la chute du gouvernement syrien) laissent craindre, et maintes déclarations de Trump vont en ce sens, une guerre entre les États-Unis et l’Iran. Une attaque de l’Iran par les Etats-Unis, cela pouvait longtemps sembler de la politique-fiction, mais il y a des années que je le dis, il n’est pas impossible du tout que cela finisse par se produire.

Trump a un peu de respect pour le président russe, Vladimir Poutine. Il en a surtout beaucoup pour la Chine parce qu’en affairiste qu’il est, le milliardaire ne croit que dans la réussite par le pognon. Les États-Unis ne considèrent pas les Chinois comme des ennemis parce qu’ils seraient communistes. Les Chinois non plus ne considèrent pas les Américains comme des ennemis parce que capitalistes. Le système le plus communiste au monde s’appelle capitalisme, et vice-versa.

“L’opération spéciale” de Vladimir Poutine en Ukraine dure depuis trois ans. A ce rythme, si le président russe avait réellement l’intention de “s’attaquer à l’Europe” (accusation, je pense, complètement aberrante et infantile et au sens étymologique “démentielle”), il lui faudrait quelques dizaines d’années. Plus qu’improbable. Impossible. Il y a quelque chose d’insensé à accuser Vladimir Poutine de songer à attaquer l’Europe de l’ouest. Au moins, Poutine manifeste de l’intelligence, et de la réserve, face au déluge de déclarations contradictoires, incohérentes, inapplicables de Trump. Jusqu’ici, Trump n’a guère fait que des proclamations. Dans les faits, absolument rien n’a changé entre les Etats-Unis et la Russie, ou si peu. Il est inutile de raconter que les Etats-Unis auraient cessé d’armer l’Ukraine. L’Ukraine a une telle quantité d’armes que, même si les livraisons s’arrêtaient, il faudrait de nombreux mois, voire des années, à Kiev pour en manquer. Il est donc probable, à mon humble avis, que Trump veuille seulement jouer au poker avec Poutine, et gagner la partie.

Si le parti démocrate américain est resté, devenu ou redevenu va-t’en guerre depuis longtemps, si Trump se dit “pacifiste” tout en menaçant de déplacer des millions de civils palestiniens ou de “prendre le Groenland”, si les responsables de “l’Union européenne” ne parlent que d’armer et réarmer, si Macron ne cesse de proposer l’envoi de troupes en Ukraine, je me demande qui, en ce monde, veut la paix, et qui veut la guerre. Ou mieux, je ne me le demande plus. Je me méfie beaucoup et du “pacifisme” trumpien, et des vassaux qu’a Trump dans l’UE.

Je doute fort que les Etats-Unis deviennent “plus grands”, avec Trump. Comme je le disais il y a quelques jours, aucun décret de Trump n’aboutira. Par exemple, un juge fédéral vient d’ordonner à l’administration Trump de payer près de 2 milliards de dollars de fonds destinés à l’aide internationale, qui avaient été “gelés” par Trump.

Ce que je constate est par ailleurs que les accidents d’avions, aux Etats-Unis, sont actuellement fort nombreux. Pour quelle raison? S’agit-il de simples coïncidences? S’agit-il de sabotages? Ou s’agit-il, comme le dit le parti démocrate américain, du fait que l’administration Trump diminue le nombre des contrôleurs de vol? Je ne sais pas s’il y a beaucoup de personnes “transgenres”, comme le prétend l’administration Trump, parmi les contrôleurs de vol. Personnellement, cependant, si je devais prendre l’avion aux Etats-Unis (ou ailleurs), ma préoccupation ne serait pas qu’il s’agisse de personnes “transgenres” ou pas, mais qu’ils sachent faire leur métier. Je dois confesser que, après avoir vu des photographies des deux individus que je vais citer, si j’avais le choix entre MM. Musk ou Vance, d’une part, et d’autre part des contrôleurs de vol “transgenres”, je préférerais ces derniers tant qu’il s’agirait de faire décoller ou atterrir mon avion. Le fait est que l’on a eu aux Etats-Unis depuis quelques semaines plusieurs accidents d’avion, ou que l’on en a frôlé d’autres; que le navire-citerne du Pentagone est actuellement en feu au large de l’Angleterre, d’où un risque de marée noire; que les fusées de Musk explosent les unes après les autres. Ce n’est probablement pas fini, je le crains.

Il n’est pas plus pacifiste que moi. Mais qui donc s’attend à ce que MM. Trump, Vance, Musk, ou encore Messieurs-Dames Macron et Von der Leyen, imposent à la Russie, et à leurs conditions, une “paix”, sur cette planète démentiellement répucratodémoblicaine?

Olivier Mathieu.

From → divers

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