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DECHAVANNE ET LA NOUVELLE « CONSPIRATION DES POUDRES », PAR OLIVIER MATHIEU.

27 février 2025

J’ai d’abord cru à une nouvelle conspiration des Poudres. Celle qui fut tramée en Angleterre, en 1603, par des catholiques contre le Roi et le Parlement. À part que cette fois, une nouvelle conspiration des Poudres aurait eu pour victime Dechavanne, cet homme qui a saupoudré de poudre d’or l’histoire de la télévision et dont on se souviendra, accessoirement, grâce à moi.

Selon ce que j’apprends aujourd’hui dans la presse, donc, le présentateur de télé Christophe Binot-Dechavanne, le 17 août 2024, a été contrôlé positif à la cocaïne alors que les forces de l’ordre lui reprochaient un excès de vitesse. Les faits ont eu lieu à Toulon-sur-Allier. Certes, on peut imaginer la surprise des gendarmes quand, sur la RN7, ils ont vu passer une voiture lancée à 120 km/h sur une route où la vitesse est limitée à 80 km/h. Une voiture que j’imagine volontiers suivie, comme dans les films policiers, par un nuage de poudre blanche.

Toutes les familles endeuillées par des accidents causés par des chauffards comprendront la chance de ceux qui, ce jour-là, ont eu la bonne idée de ne pas emprunter la RN7. Loin de prendre la poudre d’escampette et dès avant le premier test, Christophe Dechavanne (dont certaines mauvaises langues prétendent qu’il n’a pas inventé la poudre) avait avoué aux gendarmes avoir consommé du cannabis et de la cocaïne. Avant de se rétracter.

Il y avait de la poudre dans l’air: Dechavanne, récidiviste, encourait en effet quatre ans de prison et 9 000 euros d’amende. Mais en définitive, il a été condamné – en son absence – il y a quelques jours, par le tribunal correctionnel de Moulins, à une amende d’un montant qui ne risque pas de le ruiner (1 200 euros, soit 120 jours-amendes de 10 euros) et à l’annulation de son permis de conduire pendant six mois. En outre, son véhicule, une Porsche 911, lui a été confisqué, je suppose pour la même période. Il avait été condamné pour des faits similaires à Blois en 2021, avait rappelé la présidente du tribunal. En 2015, Dechavanne avait écopé de quatre mois de suspension de permis et de 1.000 euros d’amende après avoir été contrôlé à 218 km/h sur l’A71, dans le Loir-et-Cher.

Madame Lise Wambergue, pour le ministère public, avait requis une amende de 1 500 euros (toujours sous forme de jours-amendes), ainsi qu’un stage de “sensibilisation” et l’annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant huit mois.

L’avocat de Dechavanne, Me Dylan Slama, a plaidé quant à lui la relaxe, disant ne pas croire à la validité des tests salivaires réalisés. Il a donc plaidé la « bonne foi » de son client et défendu la thèse d’une « consommation passive ». Selon l’avocat, Dechavanne avait passé la nuit et avait eu des « échanges buccaux » avec une dame qui avait « très probablement » (sic) consommé de la cocaïne et l’aurait contaminé.

Qu’échange-t-on lors d’un « échange buccal »? J’avoue l’ignorer. Mais l’attitude suspecte de cette dame n’aurait pas échappé au sagace Dechavanne. « Elle lui semblait agitée et avait fait de nombreux allers-retours aux toilettes », a précisé la présidente du tribunal.

Certes, passer une nuit avec une dame qui, malgré ces échanges buccaux, fait de « nombreux » (combien, combien?) allers-retours aux toilettes, voilà une expérience certainement éprouvante. Cette dame n’aurait-elle pas été jusqu’à lui jeter de la poudre aux yeux?

Au dix-huitième siècle, les dames étaient souvent poudrerizées, couvertes de poudre, à savoir l’amidon pulvérisé et parfumé qu’elles utilisaient sur leurs cheveux. Le risque, malgré le Progrès, demeure donc en 2025. Je veux en tout cas apporter mon plus vif soutien à Dechavanne et, pour ma modeste expérience personnelle des échanges buccaux, je tiendrai ma poudre sèche. Car l’exemple édifiant de Christophe Dechavanne montre que de telles pratiques pourraient aussi exposer au risque d’une positivité au café, au chocolat, ou au lait en poudre.

Comme a ajouté son avocat, Dechavanne n’aurait plus consommé de cocaïne depuis sa dernière condamnation. Conclusion: « Monsieur Dechavanne n’est pas un consommateur de matières stupéfiantes, quelles qu’elles soient ». Et en effet, Dechavanne en personne a déclaré ne plus consommer de poudre « depuis six ans ». Qu’on se le dise. Bien que la Bible (Genèse, III, 19) affirme que « Vous êtes poudre, vous retournerez en poudre », je suis profondément heureux d’apprendre que Dechavanne ne retourne plus à la « coke ».

En outre, Christophe Dechavanne a déclaré faire appel de la décision du tribunal de Moulins. « Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, cette décision de justice est caduque, elle ne vaut rien », a tranché Me Dylan Slama. On tremble: des journalistes voulaient sans doute lui faire mordre la poudre. Espérons qu’en appel, Dechavanne soit complètement innocenté et que les accusations portées contre lui soient réduites en poudre.

Pourquoi cette absence au tribunal? La faute aux journalistes. « Votre présence aujourd’hui n’est pas de nature à donner envie à un individu de se présenter », a indiqué l’avocat de Dechavanne aux journalistes, parlant d’un contexte « assez anxiogène ».

Qui a vécu les événements de Ciel mon mardi du 6 février 1990 ne peut que lui donner raison: les situations anxiogènes de cette espèce sont fort pénibles.

Enfin, tout est bien qui finit bien. L’essentiel est, me dis-je à moi-même en guise de moralité, d’éviter la poudre de succession, nom donné à l’arsenic par la célèbre empoisonneuse du XVIIe siècle, La Voisin.

J’espère vivement que, toujours ce 6 février 1990 où les charmants invités du public étaient pour certains d’entre eux vifs comme la poudre, Dechavanne n’avait pas eu préalablement d’échanges buccaux car, me rappelant les postillons qui volaient ce soir-là, je n’aurais pas voulu risquer une contamination. Mais chercher à expliquer cela à quelqu’un, c’est comme jeter de la poudre aux (cerveaux de) moineaux…

Olivier Mathieu

From → divers

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