BOSSA NOVA
Voici sans doute la bossa nova la plus connue : Garota de Ipanema, Fille d’Ipanema.
Ipanema, toponyme d’origine guarani qui veut dire « mauvaises eaux », est un quartier aisé et une plage de Rio de Janeiro qui a vu la naissance vers la fin des années cinquante de la bossa nova, la nouvelle bosse, la nouvelle vague, la nouvelle tendance, une création à partir de la samba et d’une forme de jazz feutré, due, en particulier, à João Gilberto, Antônio Carlos Jobim et Vinícius de Moraes.
Garota de Ipanema a été écrite en 1962 par Jobim (1927-1994) pour la musique et De Moraes (1913-1980) pour les paroles qui sont les suivantes :
Olha que coisa mais linda
Mais cheia de graça
É ela, menina
Que vem e que passa
Num doce balanço
Caminho do mar.
*
Moça do corpo dourado
Do Sol de Ipanema
O seu balançado
É mais que um poema
É a coisa mais linda
Que eu já vi passar
*
Ah, por que estou tão sozinho?
Ah, por que tudo é tão triste?
Ah, a beleza que existe
A beleza que não é só minha
Que também passa sozinha.
*
Ah, se ela soubesse
Que quando ela passa
O mundo, sorrindo
Se enche de graça
E fica mais lindo
Por causa do amor …
*
Regarde quelle chose plus belle
Plus chargée de grâce.
C’est elle, la jeune fille
Qui vient et qui passe
En un doux balancier
Chemin de la mer.
*
Jeune fille au corps doré
Du soleil d’Ipanema
Le tien balancement
Est plus qu’un poème
Est la chose la plus belle
Que je n’ai jamais vu passer.
*
Ah, pourquoi suis-je tant seul ?
Ah, pourquoi tout est tant triste ?
Ah, la beauté qui existe
La beauté qui n’est pas qu’à moi
Qui aussi passe toute seule.
*
Ah, si elle savait
Qu’elle quand elle passe
Le monde, souriant
S’emplit de grâce
Et demeure plus beau
Pour cause d’amour…
… Mais ici il s’agit d’une des innombrables versions de cette chanson, par João Gilberto (1931-2019), Astrud Gilberto (1940-2023) qui semble donner d’autres strophes, le tout accompagné par le saxophone de Stan Getz (1927-1991)…
Toute la beauté triste et tranquille, tendre et légère mais de passage ; toute la mélancolie désespérée mais contenue, énonçant le caractère éphémère et transitoire de la vie, des êtres humains et de leurs émotions, qui se heurte au mur des jours perdus et morts et de l’impossible ; des contingences naturelles et sociales.
Ajoutons-y, avec le temps, une nostalgie indicible. Il y a ici aussi quelque peu du manque fataliste et de la tristesse lucide de la saudade portugaise…
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