CETTE GRANDE MÉLANCOLIQUE
La pauvre Françoise n’est donc plus là. Elle était lasse de vivre dans la souffrance : récidive de cancer, cette fois-ci à la gorge, tout un symbole pour cette fille qui n’a jamais forcé sa voix qu’elle avait fluette. Mais trouva bon auparavant, je ne sais trop pourquoi, de s’indigner des « irresponsables » qui ne voulaient pas se faire piquouser lors de l’épisode totalitaire covidiste.
Quand bien même elle réclamait pourtant la légalisation de l’euthanasie tout en ayant un médecin qui lui avait déconseillé de se faire piquer elle-même, de peur d’y passer. Ce qui lui a occasionné des jours et des jours de misères qu’elle jugeait inutiles, tout en préférant donc ne pas se faire très possiblement euthanasier par pseudo-vaccin interposé.
Allez comprendre quelque chose !
C’est une fille qui aura passé sa vie dans un rêve triste. Toutes ses chansons sont marquées par une forme de désespoir sur l’amour impossible. Et ceci depuis le début. Pourtant elle avait tout pour plaire. Du charme doux, de la beauté tranquille, mais aussi une manière sérieuse et retenue d’aborder le monde, du moins le monde particulier de la chanson. Totalement en désaccord avec la mode yéyé, hors du temps présent par bien des aspects. Ou pour le dire autrement, atemporelle ou romantique.
Mais il faut dire que son mec, du moins le second, Dutronc, un autre l’a précédé quelque temps, a collectionné toutes les aventures galantes possibles, tandis qu’imperturbable elle voulut demeurer son épouse, lui laissant faire ses frasques et acceptant finalement qu’il ne vive (ou non vive) plus avec elle, se jugeant sans doute elle-même comme une sorte de poids mort et de fardeau pour lui.
Tandis qu’elle demeurait perdue dans ses analyses d’horoscopes et l’astrologie. C’est dire si elle n’avait pas les pieds sur terre et si ses propos étonnement agressifs sur les bienheureuses pseudo-vaccinations et surtout sur les mauvais « anti-vax » pouvaient totalement détonner, ce qui est dommageable pour une chanteuse. Chanteuse dont il est bon de rappeler qu’elle fut l’auteur de pratiquement tous ses textes et d’une partie de ses mélodies. Cela est aussi une marque d’un certain savoir-faire, ou d’un savoir-faire certain des années cinquante-soixante…
Moi, la fille que j’ai découverte (c’était au début des années soixante) comme tant de jeunes Français (qui n’était pas amoureux, du moins à distance, de celle-ci ?) est la seule qui demeure. Après, je l’ai plus ou moins rangée dans mon armoire à souvenirs, la retrouvant de ci de là, ou dans ses dernières années, inchangée sur le fond de ses chansons.
Ça, c’était avant que je la connaisse – ma famille n’avait pas encore la télévision à l’époque – au Petit Conservatoire de la Chanson de Mireille, elle avait dix-sept ans, où tant de chanteuses et chanteurs à venir (ou plus ou moins rapidement disparus) ont fait leurs premières passes d’armes avec un public pas plus âgé qu’eux :
Elle s’accompagnait alors à la guitare (une petite guitare, « sèche » bien évidemment), elle était totalement dans le ton de l’époque et de chanteurs dits « à textes » plus âgés qu’elle, comme Francis Lemarque, Georges Brassens, René-Louis Lafforgue, et du côté féminin comme Anne Sylvestre ou Marie-Josée Neuville par exemple, et bien d’autres … Du côté de Paname, puisque tout était, et est encore, centralisé là-bas. Malheureusement.
Enfin, c’est pourquoi, moi aussi, je me suis mis à la guitare.
Ça, c’est quand je l’ai découverte (du moins extérieurement et en audio), elle avait dix-neuf ans, du moins quand j’ai découvert comme des millions d’autres personnes, sa chanson, devenue rengaine (un hit comme on disait alors en franglais) pendant des mois voire plusieurs années sur les ondes de la TSF.
Ou comme je la retrouve maintenant ici, non sans émotions, sur une télévision étrangère du temps passé :
Je crois l’avoir déjà rappelé, mais je le redis : elle a déclaré un jour, il y a déjà bien longtemps, qu’elle n’aimait que les chansons tristes… Avec des violons ajouta-t-elle… Qui ici sont absents et dans un accompagnement très « air du temps » des débuts des années soixante.
Nostalgie, quand tu nous tiens ! Et nous aide à vivre finalement. Mais c’est pourtant un morceau de ma jeunesse qui fiche le camp, pourrais-je conclure un peu égoïstement.
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