DEPARDIEU ET LA QUERELLE DES BOUFFONS ET DES BOUFFONNES.
La Querelle des Bouffons, entre 1752 et 1754, mit en présence en France les partisans des musiques française et italienne à la suite d’une représentation de La Serva padrona, « La Servante maîtresse », de Pergolèse, par la troupe des Bouffons.
Aujourd’hui, qui a signé la tribune en défense de Gérard Depardieu?
Benoît Poelvoorde (acteur), Nathalie Baye (actrice), Carole Bouquet (actrice), Jacques Dutronc (chanteur et acteur), Charlotte Rampling (actrice), Nadine Trintignant (réalisatrice et écrivain), Yvan Attal (acteur et réalisateur), Jacques Weber (acteur), Bertrand Blier (réalisateur), Emmanuelle Seigner (actrice), Roberto Alagna (chanteur), Michel Fau (acteur et metteur en scène), Victoria Abril (actrice), Dominique Besnehard (acteur et producteur) Carla Bruni (chanteuse), Pierre Richard (acteur), Clémentine Célarié (actrice), Gérard Darmon (acteur), Rudy Ricciotti (architecte), Christophe Barratier (réalisateur), Arielle Dombasle (chanteuse), Francis Veber (réalisateur), Patrice Leconte (réalisateur), Brigitte Fossey (actrice), Boualem Sansal (écrivain), Charles Berling (acteur), Yannis Ezziadi (acteur et auteur) Philippe Caubère (acteur), Vincent Perez (acteur), Myriam Boyer (actrice), Antoine Duléry (acteur), Afida Turner (chanteuse), Paulo Branco (producteur), Jean-Marie Rouart, de l’Académie française (écrivain), Josée Dayan (réalisatrice), Joël Séria (réalisateur), Bernard Murat (metteur en scène), Serge Toubiana (critique de cinéma et ancien directeur de la Cinémathèque française), Catherine Millet (écrivain), Jacques Henric (écrivain), Stéphanie Murat (réalisatrice), Marie-France Brière (productrice et réalisatrice), Daniel Humair (musicien et peintre), Judith Magre (actrice), David Belugou (décorateur de théâtre), Marie Beltrami (styliste), Tanya Lopert (actrice), Jean-Claude Dreyfus (acteur), Chiara Muti (actrice), Jean-Marie Besset (auteur dramatique), Stéphan Druet (metteur en scène), Christine Boisson (actrice), Karine Silla-Perez (actrice et réalisatrice), Myriam Boisaubert (poète), Lilian Euzéby (artiste peintre), Marion Lahmer (actrice).
Il s’est ainsi trouvé un peu moins de 60 personnes en France pour signer cette pétition en faveur de Depardieu, pétition dont l’initiative a semble-t-il été prise par Yannis Ezziadi, présenté par toute la presse comme un “proche de Julie Depardieu”, fille de l’acteur.
Bref, si vous enlevez des défenseurs de Depardieu
– les proches de la famille Depardieu;
– les membres de la famille Depardieu;
– les collègues de Depardieu;
– l’ex-épouse de Depardieu, Carole Bouquet (qui, il y a quelques années, affirmait pourtant que lors d’une dispute avec son époux, elle s’était coupé les cheveux au couteau, “pour ne pas se mutiler les pieds, les mains »),
– les amis des proches de Depardieu;
– les amis des membres de la famille Depardieu…
Qui reste-t-il? Euh… Chacun est évidemment libre de ses opinions (moi aussi, j’espère!) et de signer toutes les pétitions qu’il veut, c’est entendu. Pourtant il y a ici des noms présentés comme “écrivains”, “poètes”, ou “peintres”, ou “comédiens” dont je n’ai jamais entendu parler et dont je suis persuadé que 99% des Français ignorent l’existence.
En attendant, Audrey Pulvar qualifie les signataires de “grands malades” tandis que l’actrice Lucie Lucas accuse à son tour Victoria Abril – elle aussi signataire de la tribune – d’agressions sexuelles.
Par ailleurs, professeur émérite en études cinématographiques à l’Université Bordeaux Montaigne et animatrice du site Le Genre et l’écran, Geneviève Sellier estime quant à elle que la tribune pro-Depardieu n’aurait pu exister sans le “feu vert” de Macron.
Défendu par des personnalités telles que l’écrivain Boualem Sansal, la poétesse Myriam Boisaubert, l’artiste peintre Lilian Euzéby et pas mal d’autres de cet acabit, Depardieu a trouvé cette tribune – rédigée par ses poteaux – belle et courageuse.
Et puis il y a l’académicien Jean-Marie Rouart, l’un des signataires, qui a affirmé que « l’opinion (…) est en train de voir supprimer une liberté fondamentale et supprimer surtout ce qui fait le bonheur de la France, (…) cette indulgence que l’on avait avec la vie des grands artistes ».
D’où je dois en conclure que Depardieu, pour Rouart, est un “grand artiste” et que le “bonheur” de la France coïnciderait avec “l’indulgence” pour la vie des “grands artistes”.
Par “grands artistes”, comprenons les nullités qui, dans le cercle fermé des ghettos parisianistes, se donnent l’un à l’autre du “grand artiste” dans la série “passe-moi le séné, je te passerai la rhubarbe”, expression qui depuis Marmontel (Contes moraux, parus dans Le Mercure de France entre 1755 et 1759, puis première édition en 1761) signifie kif kif bourricot puisque le séné et la rhubarbe sont utilisés, ou l’étaient, pour leurs propriétés laxatives ou purgatives.
En France il n’y a plus d’artistes depuis longtemps, mais heureusement qu’il y a encore des laxatifs.
En d’autres termes, si on a eu dans la deuxième moitié du XVIIe siècle la Querelle des Anciens et des Modernes, c’est-à-dire entre les partisans des auteurs anciens et des auteurs modernes, voici la nouvelle querelle entre machos et féministes, dont le dénominateur commun des uns et des autres est la complète absence du moindre talent. Ou, si l’on préfère, la Querelle entre admirateurs et détracteurs du néant.
Dans ce panier de nullités, qu’y a-t-il là-dedans qui puisse “rendre fière la France”? Fière de qui? Fière de quoi?
Olivier Mathieu
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