GRÉGARITÉ ET SIXIÈME SENS
« Les esprits dogmatiques, absolus et étroits, enclins à l’infaillibilité, affirment ou nient résolument, ils ne savent ni douter, ni ignorer, et leur ascendant s’exerce souverainement sur la majorité moutonnière, qui suit docilement, croit aveuglement, admire de confiance et d’autant plus qu’elle comprend moins.
L’art médical ne produit guère de ces esprits naturellement portés au doute et à l’examen ; ils ne forment en tout temps qu’une minorité. »
Ces constats, au combien juste, sur la grégarité débile des masses et sur la grégarité également imbécile des « savants » ou jugés tels, et en l’occurrence des médecins, on peut parfaitement l’appliquer au temps présent et à ce catastrophique épisode covidiste.
Ces quelques lignes sont extraites de l’un des livres que le Docteur Joseph-Michel Guardia, un médecin hispano-français né, aux Baléares, Josep Miquel Guàrdia Bagur (1830 – 1897), a consacré à son art. Il est cité dans la préface du premier volume que le Docteur Cabanès a consacré aux Indiscrétions de l’Histoire (Albin Michel, 1907).

Une moustache « à la Dali » avant l’heure. Une moustache « à la Cabanès », devrait-on dire.
Le Docteur Augustin Cabanès (1862 – 1928), l’un des premiers historiens de la médecine, est un auteur prolifique qui aimait agrémenter ses ouvrages de nombreuses anecdotes et de nombreux petits faits de société et de mœurs (bonnes ou mauvaises) passées, jusque là peu évoqués ou rejetés, négligés.
Énonçant, non sans justesse, que « les menus faits », « les bagatelles dédaignées par la grande Histoire » sont pourtant parfois fort éclairants pour bien comprendre telle ou telle époque et ses préoccupations finalement essentielles.
Pour donner un exemple contemporain : il n’est pas anecdotique de constater qu’un zèle-en-ski ou qu’un marcon soient accros à la cocaïne. Pantins englués dans le totalitarisme colonial mondialiste en phase terminale. Et d’autant moins anecdotique que la cocaïne est de toute évidence étranger à Poutine et à Lavrov, par exemple. Hommes mesurés, lucides et qui voient loin.
La cocaïne est un révélateur de la décadence, plus générale et en tous domaines, occidentale. Du haut en bas de la société, d’une civilisation occidentale vacillante
Augustin Cabanès, c’est également cet auteur qui rappelait l’existence, en plus des cinq sens classiques (le goût, l’odorat, l’ouï, le toucher, la vue) d’un « sixième sens (sens génésique) ». Génésique : qui ressortit à la reproduction sexuée, ou plus généralement à la sexualité.
Il m’est arrivé d’écrire que ce qui relevait du sexe, en tant qu’instinct animal ou dans sa forme sublimée d’amour dit platonique, était un sixième sens à lui tout seul, me croyant un peu original ; alors même, je l’ai découvert il y a peu, que ce Docteur Cabanès en avait fait sujet d’une partie de l’un de ses nombreux livres. Comme quoi !
Ce sixième sens a tout à voir avec les cinq autres, comme les cinq autres, mais dans un autre contexte, ont tout à voir avec l’amour des Arts. À sens naturels, amour naturel des Arts. À sens dévoyés, amour dévoyé des arts, eux-mêmes étant également dévoyés. Du non-art.
De nos jours qui décortique tout, certains évoquent l’existence de beaucoup plus de cinq sens, ou d’aspect singuliers ou particuliers de certains sens. Et il est convenu, dans certains milieux scientifiques, d’affubler l’Homme d’au moins deux autres sens : celui, inconscient, de ce qui relève de l’équilibre et qui se tient dans l’oreille interne ; et celui, très largement involontaire de la perception de notre corps et de ses activités, lié en particulier, pas seulement, au système nerveux.
Mais pour ces deux derniers sens on ne fait que subir, et non agir. D’une manière spontanée *, on ne choisit pas d’avoir mal, ou de perdre l’équilibre (sensations du corps), mais on peut fermer les yeux, s’approcher d’une bonne odeur ou s’écarter d’un bruit intempestif, du moins d’une manière générale, quand l’environnement ne l’empêche pas.
Et en attendant, on ne peut que s’incliner devant notre réalité charnelle, faite essentiellement de vide à l’échelle atomique, mais qui empêche pourtant toute fusion, toute symbiose, toute synthèse physico-chimique entre deux êtres humains complémentaires. Toute alchimie dont les réactifs ne nous sont pas donnés.
Notre sixième sens est très limité, au final.
*J’exclus ici ce qui relève de la volonté de souffrir qui prend de multiples formes, y compris jusque dans le sport. Qui est un autre sujet, psycho-social, et non pas physiologique.
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