Aller au contenu principal

LA SÉPARATION

24 mars 2023

D’Erwan Castel ce jour

BONJOUR À TOUTES ET À TOUS !

À Donetsk, 6°.


La ville est calme sous un ciel ensoleillé. Quelques heures de repos.

Recueillement dans un cimetière qui se répand à l’entour comme un brouillard de larmes.

Visites aux hôpitaux où se tordent dans leur dignité des camarades sur leurs lits de souffrance ; et démarches administratives dans des bureaux froids où, dans cette période de guerre, le crétinisme et l’inaptitude des fonctionnaires devient une obscénité immorale.

Dans la ville semi déserte, si on retire les fonctionnaires, dont seule une petite minorité est nécessaire, et les essaims de courtisans et planqués qui font semblant d’être indispensables loin du front, beaucoup des visages que l’on croise ont le sourire triste et le regard lointain.

Et dans les églises, des femmes se croisent sans cesse, épouses, mères, filles, sœurs… les unes portant des cierges à déposer devant les icônes de leur foi, d’autres portant les mantilles du deuil inconsolable…

La guerre c’est aussi cela, l’omniprésence d’une séparation temporaire ou définitive, silencieuse et digne, mais dont la présence flotte dans les âmes et dans le ciel d’un printemps chargé des odeurs de la guerre…


Séparation

Et la brume fixera – de tous les marais, de toutes les gorges… Et un fouet joyeux sifflera – au-dessus du couple de tartes…

Tu chanteras ton désir – quand tu te précipiteras seul dans l’obscurité. Et je pleurerai de larmes la vieille chanson tout seul.

La séparation est l’éternel ennemi des rêves russes. La séparation est un voleur de minuit – du minuit heureux.

Et il n’y a que de la saleté sous les roues. Et à cause des orages, on ne peut entendre
ni tes épées, ni nos larmes, pas même des mots d’aide.

À quel malheur sommes-nous condamnés au fil des siècles ? Quel besoin avons-nous de rendre hommage, à dire au revoir à nos amoureux ?

Et pourquoi cette réalité nous donne-t-elle ces rêves la nuit, qui sont comme une lumière merveilleuse au-dessus des chansons tristes?

Et si nous ne devions pas lâcher nos mains heureuses ? Et si nous devions détacher nos chevaux pour l’éternité ?

Mais le nord gémit, le sud appelle, et encore une fois, il y a un robinet d’adieu aux roues. Et ici le destin est brisé soudainement contre les verstes venant en sens inverse.


Merci à Mariya pour cette belle chanson

Erwan

Verste : versta, ancienne unité de mesure russe dont la valeur a varié au cours du temps ; avant qu’elle ne soit abolie par le système métrique en 1918, on estime qu’elle était d’environ 1067 mètres. Certains rapprochent ce mot du latin « versus » ou « vorsus », sillon, ligne, rangée, vers, mais aussi longueur de cent pieds.

Ici dans cette chanson, on pourrait remplacer, traduire « verstes » par « chemins », par exemple.

From → divers

Commentaires fermés