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“Kharkov est un théâtre secondaire. L’important est ce qui s’est passé à Odessa” – entretien avec Alexandre N.

30 septembre 2022

Le Courrier des Stratèges — 30 septembre 2022

Alexandre N. a répondu à nos questions sur les derniers développements de la bataille d’Ukraine au terme de deux semaines riches en rebondissements. Il les passe en revue et ils attire notre attention sur le front d’Odessa, où la Russie affronte l’OTAN, loin de l’intérêt des médias.

CdS: Bonjour Alexandre, merci de prendre le temps de répondre aux questions du Courrier des Stratèges.  Où en est le conflit, de votre point de vue? 

A.N.: Il est en effet très important de comprendre ce qui se passe vraiment. Et ne pas être dupe des tropismes des médias.  Il faut oublier Kharkov dont on parle trop en même temps ( diversion médiatique ), mais qui n’est encore qu’une manœuvre de diversion russe destinée a empêcher les forces ukrainiennes de gêner les référendums. La région de Kharkov est en effet réputée pour son inutilité stratégique. L’important est ce qui se passe à Odessa – et la violence des propos de Zélenski contre l’Iran (du fait de l’utilisation par les Russes de drones iraniens). 

L’épisode décisif d’Odessa

CdS: Que s’est-il passé, en fait? 

A.N.: Il apparaît que les Russes ont frappé encore une fois préventivement contre une tentative d’attaque massive de la Crimée, pilotée depuis le QG Sud d’Odessa avec des drones sous-marins britanniques, des bateaux de guerre et … des drones chinois achetés chez Ali-Baba. L’idée était donc d’étendre la guerre à la mer Noire en y en détruisant la flotte russe.

La réaction russe sur Odessa a duré semble-t-il du 23 au 26 septembre avec des dizaines de vagues successives de Shaed 136 ( drone version destruction ), concentrées, très précises et tactiquement inarrêtables ( un tiers de perte est plus qu’acceptable et on en est loin ). Le port, la base, les destroyers qui s’y trouvaient, les drones sous-marins, les entrepôts de missiles Harm, le QG marine  … bref, tout semble y être passé ou en voie de l’être.

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https://avia-pro.fr/news/v-odesse-nochyu-dronami-unichtozheny-krupneyshie-sklady-s-zapadnymi-snaryadami-i-raketami

le 26 09

À Odessa, des drones ont détruit les plus grands entrepôts avec des obus et des missiles occidentaux la nuit

Deux attaques de drones Shahed-136 ont suffi à détruire les plus grands entrepôts de missiles et d’obus occidentaux à Odessa.

Les explosions se sont avérées si puissantes qu’une lueur a pu être observée au-dessus de la région d’Odessa pendant au moins deux heures supplémentaires, illuminant littéralement tout le ciel à l’horizon. On sait que l’un des entrepôts contenait plusieurs centaines de missiles, tandis que le deuxième entrepôt détruit pouvait contenir des munitions livrées par les États-Unis depuis la Roumanie voisine.

Les riverains rapportent que l’explosion initiale était si forte qu’elle pouvait être entendue à une distance de plusieurs dizaines de kilomètres. Par la suite, on a pu entendre et observer la détonation des munitions stockées dans les entrepôts.

Selon l’armée ukrainienne, un total de trois drones d’attaque kamikaze ont participé à l’attaque, dont l’un a été abattu à l’approche, et les deux autres ont réussi à atteindre leurs cibles. On sait que dans l’un des entrepôts détruits, la détonation des munitions s’est avérée si forte qu’il a fallu évacuer les habitants de plusieurs agglomérations.

À ce jour, les systèmes de défense aérienne en service avec l’Ukraine, y compris les systèmes de défense aérienne NASAMS récemment arrivés des États-Unis, sont extrêmement inefficaces contre les drones à faible coût et, par conséquent, les forces armées ukrainiennes ne sont tout simplement pas en mesure de repousser les attaques.
Подробнее на: https://avia-pro.fr/news/v-odesse-nochyu-dronami-unichtozheny-krupneyshie-sklady-s-zapadnymi-snaryadami-i-raketami

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https://avia-pro.fr/news/inter-izrailskie-specialisty-po-dronam-pribyli-na-ukrainu

le 26 09

Des experts israéliens en drones sont arrivés en Ukraine.

Après l’utilisation active de drones kamikazes iraniens Shahed-136 en Ukraine et le transfert de débris de drones abattus et explosés vers l’armée israélienne, des experts en drones israéliens sont arrivés en Ukraine pour étudier la possibilité de combattre ces avions. Cela, entre autres, peut également concerner la fourniture rapide d’armes UAV à l’armement de l’Ukraine.

selon информации, diffusé sur la chaîne Inter TV, l’armée israélienne est actuellement extrêmement intéressée par la collecte des données nécessaires sur les véhicules aériens sans pilote iraniens utilisés. Selon un expert qui s’est exprimé sur les ondes d’une chaîne de télévision ukrainienne, avec l’utilisation de ces drones en Ukraine, Israël avait un intérêt extrêmement élevé à obtenir de tels drones, car les tentatives précédentes pour les étudier avaient échoué.

À ce jour, les systèmes de défense aérienne en service avec l’Ukraine ont démontré une efficacité extrêmement faible dans la lutte contre ces drones – quelques drones ont en effet été abattus, cependant, le nombre d’interceptions réussies est extrêmement faible.

Au moins deux drones iraniens Shahed-136 ce soir frappé dans des dépôts de munitions dans la région d’Odessa.
Подробнее на: https://avia-pro.fr/news/inter-izrailskie-specialisty-po-dronam-pribyli-na-ukrainu

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CdS. La vraie “contre-attaque” ukrainienne est donc en fait une opération non médiatisée de l’OTAN, que cette dernière n’a pas eu le temps de mettre en œuvre? 

A.N. Cette tentative américaine d’attaque sur la Crimée ( il faut arrêter de se voiler la face : « ils » commandent directement à ce stade ) visait  à enrayer l’effondrement en cours des forces ukrainiennes sur le terrain, et en particulier l’échec des Himars, ainsi qu’à relancer l’action. L’introduction des Himars était censée – vu leur extrême réactivité qui est leur seule vraie qualité tactique – détruire les chaînes logistiques russes. Après un temps d’adaptation de celles-ci, les Russes ont réagi en attaquant les Himars un à un, précisément avec ces fameux drones Shaed 136 car ils sont bien plus réactifs encore, et qu’ils viennent du ciel où ils sont en permanence en maraude (loiter en anglais). Ceci devient d’ailleurs la hantise des opérateurs … qui, probablement occidentaux, n’ont pas vraiment envie d’y rester. C’est un combat d’artilleur en tant que prolongement de la contre-batterie de la guerre de 14.

CdS. Pouvez-vous en dire plus sur les drones iraniens? 

A.N. Shaed rappelle le Crécerelle français [drone de reconnaissance utilisé par l’armée entre 1994 et 2004] : un expérimentateur rustique, lent, sonore, volant bas et indétectable : un vrai kamikaze au sens du junraï-baka [?] si sa charge utile est de l’explosif . En allemand, « Drone » signifie faux-bourdon et c’est exactement le bruit qu’il fait. Le nom a été inspiré du bruit au décollage du … V1, qui est le premier drone rapide.

La stratégie  russe est toujours: “amorcer et ferrer”. 

CdS. Donc les Russes se sont concentrés sur ce qui se passait à Odessa parce que, selon vous, c’était la bataille cruciale? 

A.N.:C’est exactement cela. Et c’est en réaction à cette destruction du QG Sud qu’intervient le sabotage des North Stream I et II. Par dépit des Américains d’abord – puis pour tenter une autre diversion en portant le conflit sur la Baltique où pullulent des bateaux occidentaux qui se croient à l’abri des attaques de drones.

CdS . Alors que va-t-il se passer maintenant ?

A.N. Une à une les tentatives occidentales échouent, l’armée ukrainienne lentement plie. Le Chancelier Scholtz n’est rentré des Émirats qu’avec des contrats de détournement du gaz yéménite ce qui va faire des dégâts. Les élections de mi-mandat approchent aux Etats-Unis et il faut donc, pensent les Occidentaux, une victoire médiatique incontestable et surtout pas de surprise de la part des Russes. Or ce n’est pas gagné.

Donc l’hystérie va monter encore plus et les coups tordus derrière. Le point culminant de la bataille s’approche, s’il n’est pas déjà dépassé. Mais la seule constante est bien que les Russes ont la maîtrise du temps, donc de l’action : les Russes attendent simplement que les Américains se préparent à une opération ( « vous aller voir ce que vous allez voir » ) et alors ils les frappent juste avant que ceux-ci ne frappent.

Le renseignement est la première dimension de ce conflit (ce que les gouvernants français actuels par exemple ne comprendront jamais), la seconde étant la frappe de précision par surprise. La propagande n’a plus d’effet que sur des Occidentaux qui, déjà pavlovisés, sont enfermés dans leur asile intérieur. La bataille de l’opinion se joue en fait dans le reste du monde qui désormais compte les points.

CdS. Et côté russe? 

A.N. Coté russe, on ne peut pas ne pas imaginer que la prise d’Odessa comme un fruit mûr se prépare.

Si la stratégie russe reste décidément hermétique aux occidentaux du fait de leur indécrottable complexe de supériorité, elle est en fait toujours la même en s’adaptant aux circonstances. Pour ceux que ça intéresse, elle est parfaitement explicitée là : «  “Amorcer et ferrer” : comment la Russie a remis Moscou à Napoléon il y a 210 ans, puis a ensuite remporté la guerre » de Evgeny Norin paru dans Russia Today

From → divers

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