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DE L’ART D’ENROBER L’INFORMATION ET DE LA MANIÈRE D’EMBOBINER LES GENS

6 juillet 2022

On se souvient qu’à la fin du mois de juin, on a appris qu’un missile russe serait tombé (à 16 heures ou à 15 heures 50) sur un centre commercial à Krementchouk, dans la partie Ouest de l’oblast de Poltava, oblast situé lui-même à l’Ouest de celui de Kharkov.

Voici ce qu’en dit succinctement — en tout et pour tout — l’encyclopédie libre du mondialisme occidental et de la bien-pensance dominante :

« Le 27 juin 2022, dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un missile russe frappe un centre commercial à Krementchouk, faisant au moins 20 morts.

« Le bombardement du centre commercial de Krementchouk est une attaque de missiles russes survenue le 27 juin 2022 contre le centre commercial de Kremenrchouk, en Ukraine.

« Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, il y avait plus de 1.000 personnes à l’intérieur du centre commercial au moment de la frappe. L’incendie s’étend sur plus de dix mille mètres carrés, 20 véhicules sont impliqués dans l’extinction de l’incendie. Zelensky a blâmé |sic] les Russes pour l’attaque.

« Le 28 juin 2022 à 6 h 0 [du soir], il y avait 20 morts et 59 blessés.

« Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 2022 Kremenchuk missile strike ». » 

*

Et voici maintenant divers extraits d’une dépêche de l’AFP, publiée le mardi 28 juin 2022 à 19h20 :

(je mets en gras ce que je commente après)

« Absurde » : les habitants de la ville ukrainienne de Krementchouk voisins du centre commercial « Amstor », où une frappe russe lundi a fait une vingtaine de morts et des dizaines de blessés et de disparus, rejettent la version de l’armée russe qui affirme avoir frappé un entrepôt militaire voisin.

« Nous avons entendu ça, c’est absurde. Quand on vit ici, je me demande comment on peut croire des choses pareilles qui relèvent de la pure invention », réagit Polina Pouchintseva qui habite au quatrième étage d’un immeuble situé en face du centre « Amstor », lorsqu’on l’interroge sur la version de Moscou.

« A côté d' »Amstor » dans ce quartier il n’y a absolument aucune infrastructure militaire, rien du tout. Et derrière le centre commercial il y a un terrain de foot », dit une autre habitante du quartier, Antonina Choumilova.

« L’armée russe a affirmé avoir frappé un entrepôt d’armes occidentales situé dans une usine d’engins de chantier voisine, dont l’incendie se serait propagé au centre commercial, lequel selon elle était désaffecté.

« – Pas trace de stock militaire –

« A une dizaine de minutes à pied d’Amstor se trouve bien une usine qui fabrique des engins de chantier. Elle a été visitée mardi par des journalistes de l’AFP, qui ont constaté qu’un de ses bâtiments est détruit, tandis que les autres restent intacts. On n’y voyait pas de matériel militaire. »

***

« Antonina Choumilova observe ce qui se passe depuis son salon de beauté dont la porte vitrée a volé en éclats, dans une rue située juste en face du centre commercial.

« Peu avant la frappe russe, raconte-t-elle, « il y a eu la sirène d’alerte aérienne, et dix minutes plus tard, deux explosions espacées d’une seconde ».

« Au moment des déflagrations, elle avait un client. Ils se sont précipités vers l’intérieur du salon et ont attendu un peu avant de sortir dans la rue, dit-elle.

«  »Au bout d’un quart d’heure, tout avait déjà brûlé et il y avait beaucoup de monde, c’est horrible », lâche-t-elle en évoquant les victimes.

« Dans un incendie à de très hautes températures comme celui-ci, déclare à l’AFP le commandant des pompiers, Ivan Melekhovets, « vous n’avez aucune chance de survivre ». »

*

« Selon les Russes, l’objectif de ces frappes était l’usine située juste au nord du centre commercial, une usine fabriquant des véhicules, appelée Kredmash, Kremenchutsʹkyy Zavod Shlyakhovykh Mashyn (nom complet en ukrainien).  L’observateur averti notera qu’aucune des sources citées plus haut ne mentionne l’existence même de l’usine. Cette usine servait, toujours selon eux, de centre de stockage pour des armes et des munitions fournies par l’Occident. »« 

*

Reprenons point par point les témoignages en les rapportant au plan des lieux :

1 – Il n’y a aucune infrastructure militaire : effectivement, du moins en apparence.

2 – Derrière il y a un terrain de foot : faux. Il y a une usine.

3 – Il n’y a pas trace de stock militaire dans une usine située à 10 minutes à pied de là, qui fabrique des engins de chantier : non puisqu’ils ne cherchent pas au bon endroit.

Les Russes parlent d’un entrepôt d’armes occidentales situé dans une usine d’engins de chantier dont ils donnent le nom : Kredmash, Kremenchutsʹkyy Zavod Shlyakhovykh Mashyn (Кредмаш, Kremenchutsʹkyy Завод Шляхових Машин). Soit quelque chose comme : Kredmash, usine kremenchoukienne de « machines pour les routes », i. e. d’engins de travaux routiers.

*

Que nous montre le plan :

— là où pointe la flèche rouge se trouve le centre commercial avec son parking. Son nom Amstor (Амстор) est bien indiqué sur le plan. Amstor est une chaîne de plusieurs super-marchés ukrainiens.

— jouxtant ce centre commercial, au Nord, on voit un complexe de plusieurs bâtiments qui est dénommé : Kremenchutsʹkyy Zavod Shlyakhovykh Mashyn (Kremenchutsʹkyy Завод Шляхових Машин), et dont l’entrée semble se situer plutôt à l’opposé du centre commercial.

Ce qui confirme ce qui est affirmé par les Russes.

L’agence AFP note péremptoirement : «  L’observateur averti notera qu’aucune des sources citées plus haut ne mentionne l’existence même de l’usine. » Et pourtant, pour tout lecteur de ce plan, elle est bien présente et occupe une vaste surface ; le centre commercial paraît tout petit à côté.

Elle est même présentée de la manière suivante sur Wikipédia : « Kredmach ou Krementchoutskyï zavod dorojnikh machyn (en ukrainien : Кременчуцький завод дорожніх машин (uk)) : fabrique des engins et des équipements pour les travaux publics et emploie 2 800 salariés (2007). » Cette entreprise est semble-t-il encore active ; Wikipédia donne le lien de son site Internet :  https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.kredmash.com%2F#federation=archive.wikiwix.com

Selon eux (les Russes), cette usine servait de centre de stockage pour des armes et des munitions fournies par l’Occident.

*

Notons donc, ce qui a été précisé par des témoins, ou pour le moins rapporté par des journalistes :

— deux explosions espacées d’une seconde. Ce qui pourrait évoquer la chute de deux missiles, ou peut-être plus sûrement l’explosion d’un seul missile, suivie d’une déflagration consécutive à l’explosion de stocks de munitions, amorcée par l’explosion du missile. Une autre personne a dit : « J’étais à la cuisine et j’ai entendu un boucan, les vitres ont volé en éclats ».

— un incendie à de très hautes températures. Les très hautes températures pourraient être une confirmation que c’est tout un stock de munitions qui a explosé juste à côté du centre commercial.

*

Dernier point. Le plus controversé. Là où l’on peut rester dubitatif.

Selon les Russes l’incendie de l’usine se serait propagé au centre commercial, lequel, selon eux toujours, était désaffecté. Mais, j’ajoute : peut-être pas inoccupé, ou entièrement inoccupé.

Le bilan, qui est apparemment le bilan donné officiellement, évoque une vingtaine de morts et des dizaines de blessés et de disparus. Zelensky a parlé d’un millier de personnes présentent dans le centre commercial. On ne nous dit pas de quoi sont morts les personnes : d’éclats de munitions ou de l’incendie. Et à ce jour on ne nous a pas reparlé du bilan final.

Parmi les témoignages (que je n’ai pas retranscrits en détail ici) une personne évoque la mort de personnes qui travaillaient dans le centre commercial ; un pompier parle de morts adultes et enfants.

« « Le plus dur, c’est de voir les cadavres, adultes, enfants », ajoute ce pompier qui a participé aux opérations de secours lundi. « Maintenant on s’active pour retrouver des gens qui sont portés disparus, entre 50 et 60 », dit-il. »

Une autre qui travaillait dans un magasin du centre commercial prévenu par des sirènes aurait eu le temps avec un client de sortir, mais a été soufflée par l’explosion. Une autre parle de fortes explosions.

Maintenant, comme je l’ai déjà écrit, des photos et des vidéos du centre commercial en feu montrent une présence de militaires et une grande absence de voitures sur le parking juste devant. Ce qui ne colle pas vraiment, à moins qu’il ne s’agisse de vidéos ou de photos prises au bout d’un certain temps après la déclaration de l’incendie.

Par exemple cette photo :

De même, il existe au moins une vidéo montrant l’explosion du missile, mais il est impossible de dire s’il tombe sur le centre commercial ou derrière, un rideau d’arbres cache plus ou moins l’endroit exact de la chute.

Ce qui semble le plus plausible est qu’un missile est tombé sur l’usine à côté du centre commercial ; usine servant d’entrepôt militaire (avec des munitions) ; ce qui a entraîné une explosion, qui a provoqué un incendie puissant, incendie qui s’est propagé au centre commercial voisin.

Une personne a dit : « Tout a brûlé, vraiment tout, comme une étincelle. J’ai entendu des gens qui criaient, c’était horrible. Je connaissais des gens qui travaillent dans ce centre, mais ils ne sont plus là ».

Ceci dans la crainte d’un autre bombardement : « Les opérations de déblaiement ont été interrompues pendant plus d’une heure mardi lorsque ont retenti les sirènes d’alerte aux bombardements. » (AFP)

*

Je ne vais faire ici que reprendre ce que l’on constate depuis le début de cette guerre : l’armée ukrainienne se mêle aux civils. Et se cache parmi eux. Que faisait un entrepôt de munitions en pleine ville ? Et dans une usine « anonyme » ? Ce qui est un danger, même en temps de paix. On ne compte plus le nombre de fois où les populations ont servi de bouclier humain. L’exemple de Marioupol a été criant. On ne compte plus, non plus, le nombre de fois où l’artillerie ukrainienne a visé sciemment les centres urbains non-militarisés de Donetsk, Lougansk et autres cités du Donbass.

Que des personnes s’indignent du fait que les Russes puissent affirmer qu’un entrepôt militaire se trouve à deux pas de chez eux, semble respirer la vérité. Ils s’indignent en toute bonne foi. Voir ce qui a été rapporté plus haut : « Quand on vit ici, je me demande comment on peut croire des choses pareilles qui relèvent de la pure invention ». « A côté d' »Amstor » dans ce quartier il n’y a absolument aucune infrastructure militaire, rien du tout. »

Mais voilà, ce qui est vrai en apparence est faux en réalité. Ces personnes ignoraient ce qu’il en était.

Il n’est d’ailleurs jamais facile de faire la part de la Vérité, surtout lorsque l’on ne possède que des témoignages de seconde-main.

*

Je ne fais pas des Russes des êtres parfaits, aussi j’ajoute pour finir que l’incendie du centre commercial (il faut apparemment en convenir, le centre commercial n’était sans doute pas désaffecté ou n’était pas occupé que par des militaires) a fait des morts et des disparus, que les Russes eux-mêmes n’avaient pas prévus. C’est ce que les étatsuniens appellent depuis des années (car ils en sont de gros producteurs) des « collateral damages », dégâts collatéraux .

Mais ici, « dégât collatéral » dont la cause première en revient à une armée et un gouvernement ukrainiens fait de pervers fanatiques totalement indifférents à la situation des civils. La folie destructrice et nihiliste. Un entrepôt militaire en pleine ville. Et il faut quand même ajouter que les Russes sont en guerre non pas pour conquérir l’Ukraine mais pour libérer une partie de sa population qui n’était pas loin de subir une extermination ukrotanesque.

Indifférence vis-à-vis des civils. Ce qui semble totalement évident pour le Donbass et le Sud de l’Ukraine. * Plus inattendu ailleurs. Mais nous reviennent quand même les exactions des bandéristes en tout territoire ukrainien, à l’encontre des étrangers, et aussi des « mous » et des « traîtres ». Rappelons-nous les humiliations subies par des civils. Dont des « Pas blancs » ou des Tziganes. Pas depuis cette année, mais depuis 2014-2015 !

Et même indifférence concernant les morts eux-mêmes. Je précise les « bons morts ». Tant et plus de cadavres de soldats et autres bandéristes sont abandonnés à la nature et aux animaux sauvages en Ukraine. C’est moins une question de négligence que l’expression d’une indifférence nihiliste à la vie. Et de religion.

D’une adéquation aux élucubrations brumeuses du théoricien des origines varègues de l’ultra-nationalisme ukrainien (dont j’ai oublié le nom actuellement) qui voyait dans la guerre et le fanatisme l’avenir du vrai peuple ukrainien. Et c’est ainsi qu’en mourant pour cette Ukraine mythique et utopique, et en demeurant sur le terrain, le combattant est nécessairement pris en main et régénéré par la troupe chevauchante des walkyries…

Le choc émotionnel amoindri, les gens, les habitants de Krementchouk ont compris ce qui s’est réellement passé. C’est du moins ce que dit Xavier Moreau dans son dernier bulletin (le n° 90), qui prétend par ailleurs que les habitants de cette ville seraient favorables « au retour de la Russie ». Les gens viennent de découvrir, d’apprendre pour un bon nombre qu’il y avait un dépôt de munitions explosives en pleine ville juste à côté d’un centre commercial.

L’historiographie officielle de la Seconde guerre mondiale en nos contrées nous montre assez, depuis près de quatre-vingts ans, qu’il faut toujours demeurer, malgré elle, extrêmement prudent et vigilant concernant tous les témoignages de gens qui ont vu, qui ont entendu, et plus encore à qui on a dit, ou qui répètent des rumeurs, y compris à chaud, ou qui s’amplifient avec le temps, en rapport avec toute violence, barbarie ou acte guerrier, para-guerrier, péri-guerrier.

L’homme est un animal d’émotions avant d’être de raison.

*Ainsi en est-il actuellement du côté de Donetsk, de Makeyevka, d’Alexandrovka, d’Elenovka, de Yassinovataya et de Gorlovka. Ou des villes russes de Belgorod et de Koursk. Ou des morts et des blessés tous civils sont à déplorer.

From → divers

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