MUSETTE AMENUISÉE
C’est l’heure de la réclame… La caravane publicitaire.
Où était-ce ? Sur la route près de Pont-Château, il se pourrait, mais les souvenirs sont souvent trompeurs… Et j’étais si jeune.
De la musique au loin. Surprise.
— Regarde, c’est Yvette Horner. On dirait bien ! Qui prend toute la route, à l’écart de l’ornière.
Drôle d’équipée.
Puis…
De la musique en plein. Deux, trois, quelques secondes. Amplifiée par quelques micros et hauts-parleurs.
Elle est si haut perchée. Comment fait-elle pour ne pas tomber de son toit, vaguement protégée du vent par une vitre ? du moins je la vois ainsi en mon souvenir lui-même devenu si vague.
Des trilles et des trilles de musette.
Elle, tout sourire, là-haut, assise. Aussi haut que sa musique est aiguë.
Et la musique s’estompe déjà.
Aussi vite qu’elle est apparue, bienvenue et surprenante.
Là-bas, déjà au loin, elle, de dos, égrainant encore et toujours des notes maintenant inaudibles, aussi nombreuses qu’elle était tout cheveux.
Et c’est comme ça que je peux dire aujourd’hui : j’ai vu et entendu jouer Yvette Horner « pour de vrai » (ou était-ce son image, une apparition, un fantôme d’elle-même ?) un jour que j’étais au bord du fossé.
Et elle m’a souri ; du moins je le crois ; enfin telle qu’elle souriait à tout le monde…
Quant à la Suze, boisson alcoolisée à base de gentianes jaunes… je m’en moquais bien…
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