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AUTOUR DE QUELQUES CARICATURES DE CHAM PAS TRÈS CHAMARRÉES

21 décembre 2014

Cham est, dans les écrits hébraïques, le fils irrévérencieux de Noé qui révéla à ses autres frères la nudité de leur père ivre. C’est aussi celui dont on a voulu faire l’ancêtre de la lignée cousine des sémites et dont les plus illustres représentants s’élevèrent des centaines de coudées pyramidales au-dessus des malheureux juifs, bédouins plus ou moins sédentarisés, je veux parler des égyptiens antiques.

« Cham » est un nom propre qui vient de l’hébreu « ham » qui a le sens de « chaud » et qui désigne donc les habitants des contrées méridionales et généralement « bronzés », mais aussi les populations qui occupèrent les contrées entre la Méditerranée et le Jourdain antérieurement à l’invasion hébraïque antique (aujourd’hui domaine des bantoustans palestiniens, du ghetto volontaire et colonial israélien et d’une partie de la Jordanie, du Liban et de la Syrie).

Aux dernières nouvelles des avancées révisionnistes, et réellement iconoclastes, en études hébraïques, il ressort que les hébreux (et/ou autres peuples connus sous des noms divers comme : israélites, judéens, galiléens, samaritains…) furent les descendants génétiques (corporels) ou religieux (idéels, de la tradition) de la prêtrise d’Aton et de sa servitude (cf. Messod et Roger Sabbath : Les Secrets de l’Exode qui donnent une relecture intéressante, entre autres, de Rachi, Champollion, Fabre d’Olivet) qui après s’être installées parmi les tribus sémites du sud-ouest de la péninsule arabique (l’Asir) créèrent une seconde Jérusalem du côté des cananéens et des philistins (cf. Kamal Salibi* : La Bible est née en Arabie). Seconde Jérusalem ou troisième Akhetaton plutôt, ajouterai-je, conservant et reproduisant dans une langue nouvelle, sémitique et non plus chamitique, le fond atonien qui, plus tard, fut mâtiné en particulier de traditions babyloniennes puisant au vieux fond suméro-akkado-assyrien. Akhet (avec un « kh » prononcé comme le « ch » allemand de « Bach » ou comme la jota espagnole ou le « c’h » breton) c’est l’horizon. Et Aton c’est le disque solaire. Akhetaton est donc L’Horizon d’Aton.

Je rappelle seulement que les archéologues d’Israël fort de leurs préjugés bibliques, talmudiques et sionistes courants, sont bien en peine de retrouver quoi que ce soit de réellement probant, manifeste et répété des antiques cités-royaumes bibliques sur la terre palestinienne. L’onomastique comparée des noms de lieux de la Bible hébraïque et de la toponymie palestinienne est pour l’essentiel inopérante. Rien ne concorde, ou si peu et en tirant fort sur l’interprétation des documents et autres restes matériels antiques. Matériels archéologiques pauvres en « hébraïté ». Or le moindre curieux en toponymie sait que s’il y a une chose qui bouge le moins dans l’histoire et la géographie, c’est bien le domaine des noms de lieux qui passent au travers (non sans modifications phonétiques et sémantiques) des peuples et des langues qui se succèdent sur un même territoire. Les noms de lieux palestiniens sont pour l’essentiel cananéens et araméens, ou encore philistins (d’un peuple probablement indo-européen) et accessoirement arabes. Comment expliquer qu’une religion aussi prégnante n’ait pas imposé sa patte et plus encore sa patine sur les lieux, et les lieux sacrés en particulier ?

Mais pour en revenir au mythe de Noé, il est dit que lorsqu’il eut fini de décuver il n’eut rien de mieux à faire que de maudire Canaan, l’un des petits-fils de Cham. Donc, bronzés du sud et cananéens, même mauvaise engeance. C’est ce qu’on appelle la malédiction de Cham.

Or, il est un autre Cham qui en fait de malédiction reçu l’approbation de ses concitoyens, du moins des moins coincés en humour. Le nôtre est né : Amédée, Charles, Henri de Noé ; il était le fils du comte Louis de Noé, pair de France et caricaturiste à ses heures. Le pseudonyme de Cham, caricaturiste également, est évidemment un clin d’œil à ses nom et prénoms (Noé, et Charles et Amédée dont Cham est l’acronyme). Et à l’irrévérence du vieux Cham.

Lors de chaque exposition parisienne annuelle de peinture, il aimait bien se moquer de ses confrères de la peinture académique ou non. Mis en rapport avec les originaux, en voici quelques exemples tirés de « Le Salon pour Rire — 1872 — par Cham, en vente au bureau du Charivari » :

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Le titre exact du tableau d’origine est : Le Combat du Kearsarge et de l’Alabama. Il date de 1864 et évoque le combat naval qui opposa, au large de Cherbourg, l’USS Kearsage au CSS Alabama commandé par le corsaire confédéré Raphael Semmes. Ce dernier navire se trouvait au port de Cherbourg pour réparations. Le consul des États-Unis Édouard Liais prévint l’Union qui dépêcha sur place l’USS Kearsage qui coula le CSS Alabama devant de nombreux spectateurs informés par les gazettes. Combat naval qui se solda par la mort de vingt-neuf marins sur l’Alabama et d’un sur le Kearsarge.

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Pierre, Cécile Puvis de Chavannes, avec deux « v ». Et non pas « Pubis de Chavagnes » comme certains l’écrivent malencontreusement, ce peintre n’ayant rien à voir avec les nonnes ursulines dénommées « dames de Chavagnes » (il s’agit de Chavagnes-en-Paillers, commune vendéenne). Dans le langage nantais « aller à Chavagnes » veut dire : fréquenter l’institution catholique nantaise, autrefois féminine et huppée, « Françoise d’Amboise, » école secondaire qui fut fondée au milieu du XIXe siècle par ces mêmes bonnes sœurs vendéennes. Quant à Françoise d’Amboise, elle fut duchesse consort de Bretagne ; devenue veuve, elle fonda le premier couvent de carmélites en France, à Vannes en 1468 et y devint carmélite elle-même. Le nom de ce peintre n’a donc rien à voir, ni avec les Dames de Chavagnes, ni avec leur pubis, puisque Puvis était originaire de Lyon. Je ne sais ce qu’en penserait Pierre Desproges qui raconta un jour que sa femme était totalement différente de lui limousin, car elle s’habillait en tailleur, était vendéenne et fréquenta Chavagnes (l’école) en sa jeunesse.

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Curieuse disposition des uns et des autres sur ce tableau, où l’un semble ignorer l’autre, quand il ne lui tourne pas le dos. Chacun connaît les diverses anecdotes concernant la réalisation de ce tableau (refus d’Hugo et autres poètes patentés, et pas tentés, de poser) et concernant en particulier sa partie dextre. Nous sommes, dit-on à un dîner des Vilains Bonhommes. On y voit un aréopage de poètes de la marge mais néanmoins, plutôt bien costumés ; assis : Verlaine, Rimbaud, Paul Valade-Gabel dit Léon Valade, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan** ; debout : le chapeauté Elzéar Bonnier-Ortolan dit Pierre Elzéar, Léon Petitdidier dit Émile Blémont et Jean Aicard. Normalement à la place du bouquet de fleurs on devrait trouver Albert Méat, mais ce dernier refusa de se retrouver en compagnie du mauvais sujet Rimbaud qui, lors d’une soirée, s’en était pris à Jean Aicard son ami, et avait dû être mis dehors.

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Henri Fantin-Latour a également peint deux autres scènes de groupe d’artistes : « Un Atelier aux Batignolles » réunissant quelques peintres, et plus tard « Autour du Piano », rassemblant des musiciens.

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Sordide histoire de la décapitation de Jean le Baptiste dont la tête est offerte à Hérodiade (ou Hérodias) par sa fille Salomé. Petite-fille d’Hérode le Grand, Hérodiade épouse d’abord un oncle, dénommé Hérode ou Philippe, roi de Judée, dont elle a Salomé, puis elle épouse un autre oncle, Hérode Antipas. Pour ce second mariage, lui, répudie son épouse, une goya, la fille du roi nabatéen de Petra ; elle, fait de même avec Hérode-Philippe. Ceci indispose aussi bien les judéens que les nabatéens. Jean le Baptiste se mêle alors de faire la morale à Hérode Antipas et Hérodiade. La loi juive interdisait d’une part, à un homme de posséder (c’est le terme) la femme de son frère et d’autre part, à une femme de répudier son époux (mais ce que permettait la loi romaine). Jean emprisonné fut finalement décapité sur ordre d’Hérode Antipas et à la demande d’Hérodiade. Cet assassinat fut suivi de la déroute de l’armée d’Antipas face à l’armée nabatéenne. Ce que la population juive, qui suivait Jean, interpréta tel il se doit, comme une vengeance divine. Plus tard, déconsidéré auprès de Caligula par une machination d’Agrippa, juif bien en cour à Rome et bientôt dernier roi juif de Judée, Hérode Antipas est déchu et exilé dit-on à Lugdunum où Hérodiade le suit. Après l’assassinat de Caligula, Agrippa est de ceux qui magouillent à Rome pour mettre Claude à la tête de l’empire, il en sera récompensé puisqu’il récupérera un royaume presque aussi important que celui d’Hérode le Grand ; mais victoire éphémère, il mourra bientôt, sans doute victime d’un empoisonnement. Mort banale et courante à ces temps et ces milieux.

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M. Levy est Henri, Léopold Lévy, peintre d’origine lorraine qui réalisa principalement des tableaux d’inspiration biblique, des décorations d’églises et de monuments officiels (au Panthéon ou dans la salle des États de Bourgogne, par exemple).

À suivre, je n’ai pas trouvé la référence picturale exacte ; je ne sais pas même si elle existe ; je propose celle-ci du même peintre, intitulée « La Fiancée de Corinthe » :

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Cette peinture fait référence à La Fiancée de Corinthe (Die Braut von Korinth), poème de Goethe de 1797. Nous sommes ici — eh, oui ! qui l’eut cru — au second siècle sur un argument de Phlégon, affranchi de l’empereur Hadrien, auteur du recueil Les Merveilles (mais plus connu pour ses Olympiades). Goethe aurait repris la trame de « l’histoire de vampire » contée par Phlégon : au milieu des affrontements entre paganisme et christianisme, et sur un fond érotique, le poème raconte l’histoire d’une jeune morte qui revient voir son fiancé. On peut trouver dans Le Roman de la Momie, et surtout dans La Morte Amoureuse de Théophile Gautier, l’exploitation d’un même fond très romantique. La Fiancée de Corinthe c’est aussi une légende dramatique en trois actes publiée en 1888 par Éphraïm Michel, dit Éphraïm Mickaël, et Bernard Lazare, œuvre dédiée « À Catulle Mendès ». En voici un court extrait :

Stratyllis — Comme dans le troupeau on choisit la plus belle génisse pour les holocaustes, ainsi sur les buissons sanglantes nous avons cueilli pour les dieux les plus splendides roses.

Myrrhina — Nous avons dépouillé le jardin. La prêtresse est-elle contente ?

Apollonia — Obéissantes hiérodules, la prêtresse vous remercie.

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Félix, Armand Jobbé-Duval,

08 jobbé-duvalJobbé-Duval crayonné par Gill.

autre peintre académique oublié ; d’origine bretonne et républicain radical, il vanta principalement les vertus « nouvelles » dans ses tableaux, fresques ou plafonds de grande envergure… comme cette allégorie de La Vérité, image pieuse et pompière laïque :

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… mais réalisa aussi, dans le genre plus modeste, de la réclame de ce style :

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* Erratum à des textes antérieurs. Je ne sais pourquoi, négligence? ou plutôt si, je sais, attirance du « m » de « Kamal », dans certains articles j’ai fait de Kamal Salibi, un Kamal Salimi… Ou est-ce par collision avec « salami » ? alors même que j’en ferais plutôt un bon ami…

** Camille Pelletan, le futur ministre de la marine radical et bouffeur de curés dix-neuf-cent, avec lequel fut apparenté divers parlementaires dont Georges Bonnet le radical-socialiste ministre des affaires étrangères juste avant la Dernière Guerre qui fut partisan, en accord avec son homologue allemand, de déporter deux cent mille juifs étrangers (allemands en particulier) résidant en France vers une colonie française. Ce qui ne se fit pas, sans doute pour le malheur d’un certain nombre d’entre eux. Rappelons que ce serait un quart des juifs français ou de France qui auraient été déportés, plutôt les « petits juifs » et les non-sionistes (les sionistes, les gros ou les malins avaient fui, se cachaient ou collaboraient, ou encore faisaient du théâtre au grand jour comme Sartre), des juifs d’Europe centrale ou de l’Est, mais pas exclusivement puisqu’on a l’exemple du pauvre poète démuni Max Jacob, juif breton converti au catholicisme le plus mystique et rapidement mort à Drancy en 1944… Michel Debré, celui-là ne fut pas tout à fait un poète, était également apparenté à Pelletan. 

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