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LA CAMÉRA CACHÉE

5 août 2014

On sait déjà que l’on est espionné un peu partout, filmé ou photographié à notre insu et sans demander notre avis * «mais pour le bien commun» (sic), dans les villes principalement, où lors de la moindre manifestation politique ou sociale, mais sur les routes aussi, ou encore du haut du ciel (nos contrées, cités, maisons) ; ce qui montre bien que le dit Progrès est avant tout un progrès dans la manière de fliquer et contrôler les individus du courant. Ou encore (pour élargir le sujet) de les éliminer comme dans cette prolifération délirante des armes de guerre à distance, tant « armes et engins de destruction massive » que “de frappes chirurgicales” comme l’on dit. Des idées également non innocentes de monnaie totalement dématérialisée ou de « puce pour humain » ressortent régulièrement.

C’est L’île du Docteur Moreau, 1984 et le Meilleur des Mondes réunis. Autrement plus efficients que « camp de reconcentration », comme l’on disait dès la fin du XIXe siècle, goulag et autre laogaï (Si j’avais une thèse à faire, une thèse à la fois sociologique, psychologique, linguistique etc., ce serait sur une typologie générale des media, de tous les media modernes et de leurs usages.) **

Le dit Progrès a des progrès à faire pour ne développer que des avancées techniques uniquement consacrées au Bien, au Bon, au Beau. Internet n’échappe pas, comme il se doit, à la règle générale qui veut que l’homme est le plus tordu des animaux et que tout savoir peut être utilisé à des fins malveillantes, malfaisantes, destructrices ; ou donne l’expression non seulement aux crétins en boîtes et autres ersatz d’humains, mais au moindre bricolo mal intentionné.

Voici une petite « anetdote » comme disait Coluche, ou si l’on préfère une historiette en vue d’édification. Appelons ça la Caméra Cachée, ou plus exactement La Caméra Éteinte

Récemment, j’avais remarqué que des ordinateurs portables de jeunes de mon entourage étaient munis d’une sorte de petit pansement de papier ou de carton scotché au-dessus de l’écran et en son centre. Je me disais : ils ne veulent, pour je ne sais quelle raison, faire toucher directement les deux côtés de leur ordinateur lorsqu’il est fermé. Souci de ne pas abîmer quelque chose. Mais cela m’intriguais quand même, je me suis renseigné. C’est là qu’ils m’ont rappelé ce qui était arrivé à l’un de leurs amis. Je l’avais rangé, puis oublié dans un coin de mon cerveau.

Voilà ce qu’il en est :

Un jeune donc avait, comme tout jeune qui se respecte de nos jours, un ordinateur portable (en plus de divers autres gadgets « de  communication », mais c’est une autre histoire). Un jour il reçut dans sa boîte aux lettres électronique un message qui disait en substance : «  Je t’ai repéré, je joins des photos de toi, si tu veux être tranquille, il va falloir que tu raques pour conserver ton anonymat visuel. »

L’internaute trouvait là des photos de lui devant son ordinateur, avec en toile de fond le mur qui est situé derrière sa chaise lorsqu’il est assis devant son ordinateur. Des photos visiblement prises par sa « webcam » ou « netcam » comme on dit. Or, cette caméra, il ne s’en ai jamais occupé, ne l’a jamais branchée. La conclusion était simple : un petit technico du Mal était entré tranquillement sur son ordinateur et avait fait fonctionner cette caméra à son insu.

Personnellement, si cette histoire ne m’avait pas fait remarquer que depuis plus de trois ans j’avais un ordinateur où un engin similaire était braqué constamment sur moi, je l’ignorerais encore.

Je vous laisse deviner la réaction de l’internaute naïf (comme moi) qui n’avait jamais branché, jamais utilisé (comme moi également) ce petit œil électronique unique comme celui du Cyclope, mais nettement plus discret et maintenant intégré à tout ordinateur. Accompagné d’un chapelet d’injures à l’encontre du petit maître-chanteur, il a remis le pirate du dimanche à sa place… et muni sa caméra d’un cache en papier épais. Ce que moi-même j’ai fait tout récemment.

« ­-­– Comme quoi ! Des fois, on peut se faire traiter de parano alors qu’il n’en est rien » fut la juste conclusion de l’un des jeunes.

* * *

* Y compris par des particuliers et pour leur propre compte ; par exemple aux alentours des distributeurs de billets.

** Notre monde crève d’une médiatisation généralisée. La société est non seulement « spectaculaire-marchande » comme disait Guy-Ernest, ou « publicitaire » comme ajoutait Jean-Pierre Voyer, mais médiatiste en tous domaines. Société des intermédiaires et des médiatiques (banquiers, revendeurs, politiciens, agents sociaux ou cultureux, médiateux proprement dit, ou autres « intellos » et «décideurs» du système…) qui gardent le contrôle général ou pour le moins essentiel des produits en général et des media en particulier. J’entends ce dernier mot dans son sens le plus large. Le medium est toute machine ou tout complexe d’importante qui met à distance et qui réclame que l’on passe par lui pour vivre ou simplement survivre (se nourrir, ou se soigner par exemple) et communiquer individuellement ou collectivement. J’entends « communiquer » dans le sens le plus large également : j’y mets en premier lieu la propagande ou communication unilatérale du haut vers le bas. À la différence du spectaculaire pharaonique ou louisquatorzien qui fut du spectaculaire sacré ou de cour, le spectaculaire contemporain est du spectaculaire généralisé “démocratique” et mondialiste qui met en images et en interactions sa propre décadence. C’est la critique des media qui est devenue la critique centrale du monde capitaliste et bourgeois. Avec au centre l’Argent illusoire, ce vent mauvais et destructeur, ce medium suprême, tout à la fois dieu des dieux et grand prêtre ou derviche-tourneur au saint culte du Veau d’Or. 

From → divers

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