TRISTES REBELLES
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À LA SUITE DE L’ARTICLE DE ROBERT PIOCHE DE CE JOUR.
Ce que je trouve scandaleux dans cette misérable provoc. des punkettes russes au nom collectif amerloque (évidemment !) ridicule (Pussy Riot, quelque chose comme Émeute de Chatte) est qu’elles s’élèvent contre leur condamnation et qu’il y ait à travers le monde des crétins milliardaires, friqués et pseudo-artistes pour crier au scandale d’une condamnation.
Je suis pour la liberté intégrale d’opinion, d’expression, de diffusion. Que le sous-art décadent punk (tiens, ça existe encore ?) s’exprime s’il en a envie, qu’un dégoût de la religion s’exprime si elle a envie dans une « prière punk à la Sainte Vierge », qu’un dégoût vis-à-vis de Poutine s’exprime avec le désir de « chasser Poutine » (pour mettre qui ou quoi à la place, on l’ignore ?).
Je ne suis pas pour la répression, surtout pour un acte aussi puéril. Moi aussi, j’ai été jeune et j’ai été puéril et j’ai enfreint plusieurs fois les lois. Ou j’ai appelé à la Révolution ; d’ailleurs j’appelle encore à la Révolution, non pas pour renverser Poutine mais l’immonde Capitalisme international. Donc je comprends.
Je comprends d’autant mieux que personnellement, j’ai passé ma vie à subir l’ostracisme et l’échec social par mes attitudes et mes propos. Autrement dit je me considère au moins un peu en-dehors, c’est-à-dire rejetant et étant rejeté à la fois par les normes politiques et d’arrivisme dominants.
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Mais le problème est que cet acte a été fait au sein d’une église orthodoxe, rien de moins que la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, autrement dit l’équivalent de Notre-Dame de Paris, de la Kaaba de la Mecque ou de la Grande Synagogue de Jérusalem. Et dans un but évident de provocation.
Les punkettes ont choisi leur lieu, ont eu le temps d’installer tout leur « matos », tout loisir de rendre leur acte public, mais pas poussé la bravoure jusqu’à montrer leur visage (cachées par des cagoules). Pas folles les guêpes, mais ça n’a pas suffi.
Or, il se fait que la Russie, quoi qu’en disent les uns et les autres, est un État de droit avec des lois. Une église n’est pas la rue, ou une salle de concert, du moins de ce genre de concert « profane » et improvisé sans accord de qui que ce soit, ni un lieu de débat politique, ni un endroit où tout un chacun peut faire ce qu’il veut. Qui passe outre doit s’attendre à en subir les conséquences et à se voir inculpé de tel ou tel délit prévu par des articles de loi.
Que ces lois soient injustes, trop sévères, voilà le sujet à débattre.
Qu’il soit interdit d’interdire en est encore un autre.
Mais une église bien qu’accueillant des personnes est un lieu privé. Certes ouvert à tous, croyants de toutes obédiences comme non croyants d’ailleurs, une église est avant tout un lieu de recueillement religieux, ou d’admiration, d’émerveillement d’ordre esthétique, voire un refuge, enfin quelque chose qui relève du Beau et du Sacré. D’autres usages y sont possibles, mais illicites, transgressifs ou blasphématoires ; et au risque d’en subir les conséquences. Je pense ici à un texte coquin de Robert Pioche. Autre sujet également.
Les punkettes devraient comprendre que si elles sont venues massacrer l’Art et le Sacré dans une église, confondant art, agit-prol (enfin pas si prolo que ça), religion et politique, il est tout à fait logique et attendu qu’on ait jugé qu’elles avaient « vandalisé » cet édifice religieux. Je trouve même que le jugement est correct sur la définition du type de délit, car il ne semble pas (du moins de ce que j’en sais), aucunement, qu’il soit fait allusion au fond (propos tenus, style de musique…) mais à la forme (s’accaparer avec quelques dégâts un lieu privé et religieux). C’est un peu comme s’accaparer un drapeau national et marquer qu’on ne le respecte pas en le brûlant par exemple.
J’ai connu autrefois une bande de jeunes, dont un fils de gendarme, qui s’étaient retrouvés avec un procès sur le dos pour avoir volé le drapeau au haut de l’entrée d’une gendarmerie. Certes, ils n’avaient pas eu deux ans de camp, c’est de ça que l’on peut discuter, non de l’existence ou non du délit car dans les deux cas, il y a bien délit ; à défaut de quoi plus rien n’est respectable (et c’est de plus en plus le cas rien qu’avec tous ces graffiti et autres tags) et l’on finira par voir les gens faire du commerce ou du racolage dans les églises comme cela existait dans notre Moyen-âge où les églises servaient aussi de cimetière.
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Le révolté sincère mais jeune et naïf s’imagine qu’il peut impunément jouer au rebelle. Mais, il a du mal à comprendre qu’il y a provocation et provocation : celle qui ne coûte rien et est encouragée par la société et celle qui se paye comptant (ou pas content d’ailleurs, comme ajouterait Coluche). Qu’il y a d’un côté des professionnels de la contestation qui ne contestent rien d’essentiel et renforcent le système ; et de l’autre la vraie contestation qui elle, n’est pas un jeu, ni une vue de l’esprit, ni un fonds de commerce. Où l’on paye de sa personne, cash.
Le vrai seul scandale est qu’on puisse condamner aussi lourdement pour si peu. Mais après tout, est-ce si peu ? Et peut-on, doit-on laisser faire ce genre de choses en un tel lieu ? Le seul vrai scandale est qu’il existe encore des camps en Russie.
Donc, je suis le premier à admettre que deux ans de camp soit excessif, je n’en disconviens pas. Mais finalement qu’est-ce à côté des vies ruinées des opposants russes des temps passés, sans même remonter jusqu’à Staline, qui eux luttaient tout seul et pratiquement sans soutien de qui que ce soit et surtout pas des masses de veaux amorphes « soviétisés » qui ont changé de maîtres mais non de mentalité?
Je parle des russes, je pourrais parler de n’importe quel autre peuple, dont le peuple de France (de ce qu’il en reste). C’est kif-kif, toujours la même lâcheté générale et esprit grégaire. J’ai encore le souvenir des opposants et autres contestataires d’Allemagne de l’Est qui rêvaient idéalistes, d’une véritable société non capitaliste et qui ont été balayé en quelques jours une fois que la masse amorphe a abandonné le capitalisme d’état pour se tourner vers le capitalisme privé. Qui évoque encore les dissidents, les gens des camps et des hôpitaux psychiatriques ? Tout le monde s’en fout…
J’aurais donc envie de dire à ces russettes : d’une part qu’elles ont une langue de grande culture, quoi que les crétins en disent, alors pourquoi s’affubler d’un nom non seulement débile mais ricain ; d’autre part que pendant les deux années elles pourront essayer de sortir de la sous-merde punk et tenter de progresser ; enfin qu’elles doivent assumer leurs actes. La rébellion véritable n’est pas un jeu anodin. Je dirai en particulier à la brunette (?) qui porte avec fierté un tricot ou trône un poing levé et un « No Pasarán » que le slogan de la Guerre Civile espagnole et le symbole prolétarien méritent mieux, et d’une que de la sous-musique punk, et de deux que de se plaindre d’une condamnation pour ses idées que l’on a largement provoquée.
Quand on a des idées qui ne sont pas celles de tout le monde ou qu’on enfreint sciemment les lois (qu’elles soient justes ou injustes, c’est un tout autre sujet) il faut s’attendre à en subir les conséquences et donc les assumer. Assumez votre statut de « chattes émeutières ». Ou alors vous n’êtes que du bluff, du mauvais bluff.
Et cracher à la tronche récupératrice des milliardaires du « chaud-bise », ses faux rebelles, faux artistes qui n’iraient certainement pas sortir des provocations qui ne coûtent rien. Ces encombrants soutiens.
Petites naïves, jamais Madonna (la Madone, soit dit en passant, tel est son faux-nom) n’ira dire au milieu de la synagogue de Jérusalem par exemple, que le gouvernement de la Palestine occupée est ignoble, d’autant plus qu’elle adore le colonialisme juif, la rebelle !!!
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À écoutez parmi d’autres :
http://www.youtube.com/watch?v=TwLLdqR5BFE
http://www.youtube.com/watch?v=ebdqgXyZ56w
http://www.youtube.com/watch?v=RX4VqvOPiNk
http://www.youtube.com/watch?feature=fvwp&v=GHUoC9o0ja0&NR=1
http://www.youtube.com/watch?v=w_Twgu63nAQ
Trabajador, no más sufrir,
el opresor ha de sucumbir.
Levántate, pueblo leal,
al grito de revolución social.
Fuerte unidad de fe y de acción
producirá la revolución.
Nuestro pendón uno ha de ser:
sólo en la unión está el vencer.
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